En 1980, les MISFITS continuent de gérer leur carrière tant bien que mal. La fin de l'année 1979 n'est ainsi pas très glorieuse : sur la base d'une brève discussion entre Jerry Only et Dave Vanian, les MISFITS s'envolent en novembre 1979 pour l'Angleterre en croyant naïvement avoir été programmés en première partie des DAMNED. Arrivés sur place, ils déchantent vite en constatant que le chanteur britannique n'avait pas pris réellement la discussion au sérieux, et qu'aucune tournée commune n'était organisée. Leur vol de retour n'étant pas prévu avant le mois de décembre, les MISFITS se retrouvent donc à tuer l'ennui dans les rues de Londres, en s'occupant comme ils peuvent. Jerry Only en profitera pour aller compter fleurette à la mère de Sid Vicious, pendant que Glenn Danzig et Bobby Steele finiront en prison suite à une bagarre avec des skinheads lors d'un concert de The JAM. De retour dans leur New Jersey natal à la fin de l'année 1979, les MISFITS doivent donc laver cet échec et relever la tête en sortant de nouvelles choses.

Beware, modeste EP 7 titres sorti en janvier 1980, est donc un disque de circonstance. Glenn Danzig n'y est pas allé par quatre chemins en éditant cette galette : il s'agit tout bonnement d'un "repackaging" du single Bullet (1978), auquel viennent s'ajouter les deux premiers titres de Horror Business (1979), ainsi qu'un inédit issu des sessions Static Age, "Last Caress", dans une version quelque peu remixée pour la circonstance. Pour plus de précisions sur tous ces précédents enregistrements des MISFITS, vous pouvez évidemment vous reporter aux chroniques concernées, pas besoin de s'étendre davantage dessus ici.
Alors bon, du coup, on pourrait évidemment être un peu méchant, et trouver la démarche facile. D'autant que les deux faces de l'EP Beware nous présentent chacune un line-up différent du groupe, ce qui n'est guère cohérent artistiquement. Ce n'est toutefois pas excessivement grave non plus, dans la mesure où à cette époque, c'est bel et bien Glenn Danzig qui est le véritable cerveau du groupe. Même si Jerry Only contestera cette réalité durant les décennies suivantes à coups de procès pathétiques, toute la musique des MISFITS originaux était entièrement composée et écrite par Glenn Danzig.

Mais trêve toutefois de faux semblants : pris dans son ensemble, Beware est un excellent disque des MISFITS, compilant le meilleur de ce dont la première version du groupe américain était capable. Et la présence de "Last Caress", titre qui demeurait jusqu'à présent inédit dans la discographie du groupe, nous indique enfin que c'est bel et bien l'EP Beware que les petits gars de METALLICA ont écouté durant leur prime jeunesse. Car si "Last Caress", chanson aux paroles résolument glauques et dégoûtantes, demeure encore aujourd'hui l'un des titres les plus connus du groupe des affreux du New Jersey, c'est quand même d'abord et avant tout grâce à l'excellente reprise qu'en ont fait les Four Hoursemen sur leur EP Garage Days Re-Revisited, en 1987. Rien que pour ça, Beware mérite bel et bien toute notre attention. Il est toujours bon de savoir citer ses sources, même quand on étudie l'histoire de METALLICA, et Beware des MISFITS est assurément l'une des plus intéressantes d'entre elles.

Un EP historique des MISFITS, au final, vivement conseillé aux amateurs du punk crasseux des origines.