La journée n'était pas encore achevée que des vapeurs d'uranium envahissaient déjà dangereusement les rues de Nocturne City. Nous sommes en 2084, soit quelques décennies après l'apocalypse nucléaire ayant ravagé une bonne partie de la Terre et contraint les humains à muter génétiquement pour s'adapter aux fortes radiations. Comme pour tout bon policier de la brigade anti-cyborgs, une petite virée dans les bars du quartier rouge s'imposait, car Dieu seul sait combien les androïdes aiment à se cacher dans les boîtes à partouze afin d'échapper à la répression féroce que nous leur imposons.

PERTURBATOR, le projet dark-synth du jeune surdoué anglais James Kent, continue sur sa frénétique lancée avec cet E.P intitulé Nocturne City, sorti en août 2012, soit très peu de temps après l'E.P Night Driving Avenger et son premier L.P Terror 404.
Nocturne City se veut plus conceptuel que les opus précédents, décrivant comme vous avez dû le deviner la ville fictive de Nocturne City, située dans un futur 'néo-noir', aux environs de l'année 2084, et dans lequel se déroule l'action d'un film virtuel que James Kent s'applique à mettre en musique.

Après une "Intro" qui pose déjà les bases d'un univers futuriste riche en synthés glauques et en ambiances malsaines, nous voici plongés sans ménagement dans le bain d'acide puissant de "Welcome To Nocturne City" où le son PERTURBATOR impose sa marque de façon ostentatoire à grands coups de beats mastocs, de synthés épiques et de basses massives.
"Fantasy", bien que plutôt cool et relax, nous dépeignant un univers urbain dépressif et mélancolique, n'est pas extrêmement convaincante, la voix de l'invité DREAM KOALA se révélant somme toute assez convenue et banale. Le morceau aurait mérité de demeurer instrumental.
Mais le voyage continue avec classe : "Night Business" nous offre les bas-fonds de la cité de la Nuit, à l'occasion d'une virée nocturne en Lamborghini Countach, propice à la douce rêverie et aux rencontres les plus dangereuses qui soient. Le pistolet laser à la ceinture, nous discutons autour d'un verre de pétrole avec les quelques prostituées plutoniennes qui daignent nous accorder leur regard torve.
Avec "There Is No Love Highway", les ténèbres ne sont pas loin, bientôt elles envahiront notre champ de vision. La mélancolie futuriste se fait insistante, et la voici violemment giflée par le retour en force des beats les plus hard qui soient ("Vengeance").
La quête nocturne vient de commencer, notre voyage n'est pas prêt de s'arrêter, il va durer toute la nuit. Déjà, le central vient de nous appeler car un gang de zombies mécaniques est en train de sortir des égouts. Au boulot !

Beats furieux, synthés old school assumés, mélodies entêtantes et enivrantes, douces et mélancoliques, cet E.P de PERTURBATOR est véritablement convaincant. Bien que le contenu ne soit pas encore aussi puissant que ce que notre ami anglais nous livrera quelques mois plus tard sur I Am The Night, il y a déjà ici matière à prendre son pied et à se rêver chevalier du futur, chevauchant furieusement la nuit au volant d'un bolide supersonique. On en redemande. Et la suite ne se fera heureusement pas attendre.