"Ça s'en va et ça revient, c'est fait de tout petits riens", voilà une phrase qui convient à merveille à Claude FRANÇOIS, son image auprès du public, la façon dont il sélectionne ses paroles, ses mélodies... Aussi, en automne 1973, quand il entonne "Chanson Populaire", écrite par un certain Nicolas Skorsky qui a déjà beaucoup de succès pour lui-même autant que pour les autres (RINGO, Daniel GUICHARD) et complétée par Jean-Pierre Boutayre, il n'y a pas de quoi être surpris. Pourtant on l'est, beaucoup surpris même !

Le nouveau tube ressemble aux précédents et s'en démarque, grâce à un début plutôt triste, dramatique, puis une progression qui amène le refrain tant attendu en variant les tons, selon l'humeur que veut y mettre le chanteur, suspension, conviction, entrain. Si l'on peut aller vite parfois dans une verve bien sentie concernant Cloclo et son personnage, il n'y a pas à dire, ce titre-là est une vraie petite merveille pop en écriture comme en interprétation, avec ce petit plus de 'chanson dans la chanson'. À la base, le public boude un peu ce single, mais tout rentre vite dans l'ordre grâce à un passage télé. "Chanson Populaire (Ça S'en Va et Ça Revient)" devient ainsi un truc énorme, dépassant le cadre des 70's et de France pour résonner des décennies plus tard et jusqu'au Japon.

Le plus beau, c'est que le reste de l'album suit en qualité, d'un bout à l'autre, même si tout n'est pas aussi (sur)prenant. Que Cloclo reprenne John DENVER ("Take Me Home, Country Roads" devient "J'ai Encore Ma Maison") ou bien HOT CHOCOLATE ("Brother Louie" changé en "Dis-Lui Pour Moi"), avec l'aide d'Eddy Marnay et Michèle Vendôme pour les adaptations, il fait de très bons choix. Jean-Claude Petit signe la plupart des arrangements, suivi de près par un 'petit' nouveau, Michel Bernholc. Sur ces titres de rupture ou de détachement, on constate au contraire la cohésion entre chanteur et Fléchettes choristes, la proximité des musiciens dans la justesse de leurs partitions. Surtout dans le cas de "Dis-Lui Pour Moi" avec ses remontées de guitares finales, très efficace et possédant une sacrée ambiance !

Pas de Motown cette fois, mais en termes de covers très chouettes, on rencontre aussi Neil SEDAKA (à qui l'on doit "Oh! Carol" et "Supid Cupid" entre autres) et son "Our Last Song Together" ayant pris forme ici en "Notre Dernière Chanson Ensemble", un slow épique comme il s'en trouve de fort beaux exemples sur ce disque. Même chose pour les trois ballades qui le ferment d'ailleurs, chacune à leur manière : la brumeuse "Jamais Non Rien Jamais", clavecin et montées orchestrales nécessaires pour le chant doublé de Blond numéro 2, la rêveuse et caractérielle "Fille Sauvage" ainsi que "Immortelles Sont les Filles", saupoudrée de trompette piccolo et de Fléchettes suaves au possible.

Ah, ces chères Fléchettes, comment ne pas craquer sur leurs 'sha la la la la' introduisant "Hier Est Près de Moi", nostalgique et reposant également sur de bons arrangements basse-batterie, empruntée aux CARPENTERS et leur "Yesterday Once More" ? Comment ne pas adorer leurs voix de tête sexy sur "Pour un Peu de Bonheur", pop léchée encore et superbement ficelée ? Avec un texte de Jean Schmitt (collaborateur et danseur de SHEILA) taillé avec soin sur l'envie de consommer tout de la vie en solitude et en frivolité, en manquant l'amour et ses opportunités. Sur "La Maison Va Revivre", les cuivres n'ont rien d'envahissant et Cloclo chante ses propres mots/notes co-écrit(e)s avec Boutayre et Michel Jourdan, plutôt inspiré par le désir de (re)nouer une fois de plus avec celle qu'il aime. Vraiment un disque d'un niveau éclatant, parmi ses meilleurs.