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- Style + Membre : Death In June, Myrninerest

CURRENT 93 - I Am The Last Of All The Field That Fell (2014)
Par SUNTORY TIME le 25 Septembre 2014          Consultée 2022 fois

La musique expérimentale, c'est bien connu, n'est pas des plus accessibles. Mais la réduire à une torture auditive pour les mélomanes les plus sadomasos seraient une erreur. Elle propose autant de facettes que les autres courants musicaux. De toute la vague avant-gardiste héritière du punk à la toute fin des années 70, CURRENT 93 est peut-être la formation qui a exploré le plus de chemins, le plus d'univers contrastés, parfois totalement opposés. En effet, rien ne permet de comparer les élucubrations industrielles et ténébreuses de Nature Unveiled et les chansons mélancoliques au piano d'un Soft Black Star.

Depuis le début des années 2000, le projet de David Tibet a évolué vers une musique plus rock, moins gothique, moins glauque, mais toujours aussi bizarroïde. Le néofolk originel n'est plus aussi évident, la guitare sèche cédant le pas au piano, claviers et autres instruments plus classiques, et même rock, en particulier sur Aleph at Hallucinatory Mountain de 2008 (le titre « The Heart Full of Eyes » n'aurait pas fait tache sur ce disque-là). Parfois plus sobres, les arrangements des derniers opus sonnaient presque live, comme enregistrés en direct. David Tibet continue ses longues élucubrations, poèmes à rallonges enveloppés d'une musique qui semble s'improviser, comme une sorte de jazz.

Le jazz... voilà un style que CURRENT 93 n'avait jamais réellement abordé. Et I Am the Last of All the Field that Fell débarque, surprenant l'auditeur par ce piano résolument jazzy. Le saxophone aussi, très présent, renforce cet aspect inédit, et de belle manière de surcroît, avec John ZORN à l'œuvre, l'un des musiciens les plus prolifiques de ces dernières années. Le saxophoniste déjanté n'est pas le seul invité de marque de cet album : Antony Hegarty (ANTHONY & THE JOHNNSONS) et Nick CAVE ne sont pas des nouveaux venus dans l'univers « tibétien ». Le premier avait participé à Black Ship Ate the Sky en 2005, le second clôturait religieusement le chef-d'œuvre All the Pretty Little Horses (1996), pièce centrale de la trilogie The Inmost Light. Hasard ou non, Nick CAVE apporte encore le point final à ce nouveau et long disque.

Long et homogène, I Am the Last of All The Field that Fell, l'est surtout par la construction de ses onze titres. Pour faire simple, c'est le piano qui mène la danse, véritable colonne vertébrale sur laquelle les incantations de Tibet s'accrochent, puis les guitares hallucinées, le saxo de mister ZORN, ou encore la batterie, très jazzy elle aussi. David Tibet récite plus qu'il ne chante, à part sur « I Remember the Berlin Boys », titre le plus accessible, jovial et entraînant.
En tout cas, le conteur/chanteur qu'est Tibet semble avoir repris du poil de la bête, loin du ton plus grave et fragile qu'on lui trouvait durant la parenthèse MYRNINEREST. Sur « And Onto PickNickMagik », il se permet des envolés vocales qu'on n’avait pas entendues depuis longtemps.

Drôle d'album que ce I Am the Last, etc... David Tibet s'accompagne d'une multitude de musiciens, plus ou moins connus, mais tous talentueux, pour un mélange des styles particulièrement surprenant, même si l'atmosphère générale reste proche des dernières grandes offrandes de CURRENT 93. Néanmoins je n'adhère personnellement que moyennement à la démarche. Peut-être par manque de connaissance du jazz et par préférence pour les disques plus industriels et néofolk du génial Courant 93... En dehors de cet avis un poil mitigé, il faut reconnaître l'audace de David Tibet d'explorer des horizons nouveaux, après plus de 30 ans de carrière, c'est quand même osé, gonflé même.

Allez, rentrons donc dans cette « église invisible », une messe païenne comme celle de maître Tibet ne peut pas faire du mal !

Un bon 3,5 partagé entre objectivité et subjectivité.


Coup de cœur : « Why Did the Fox Bark? » avec la mélancolie de sa ligne de piano (incluant quelques fausses notes volontaires). Et la pochette (différente en version vinyle), dessinée par l'ami Tibet himself !

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   SUNTORY TIME

 
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- David Tibet (chant, incantations)
- Antony Hegarty (chant sur 6)
- Nick Cave (chant sur 11)
- Bobbie Watson (chant, choeurs)
- John Zorn (saxophone)
- Reinier Van Houdt (piano)
- Tony Mcphee (guitare)
- James Blackshaw (basse)
- Jon Seagroatt (clarinette basse)
- Carl Stokes (batterie)
- Andrew Liles (arrangements éléctroniques)
- Jack Barnett (orgue)
- Norbert Kox (poème sur 2, 8 et 10)


1. The Invisible Church
2. Those Flowers Grew
3. Kings And Things
4. With The Dromaderies
5. The Heart Full Of Eyes
6. Mourned Winter Eyes
7. And Onto Picknickmagick
8. Why Did The Fox Barks?
9. I Remember The Berlin Boys
10. Spring Sand Dreamt Larks
11. I Could Not Shift The Shadow



             



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