Recherche avancée       Liste groupes



      
FOLK BRETON  |  STUDIO

L' auteur
Acheter Cet Album
 


ALBUMS STUDIO

2003 Straed An Amann
2005 Lagan
2010 Roc'H
2013 Babel Pow Wow
2016 K'Kwll
2019 7vet Kelc'H

ALBUMS LIVE

2008 [e-Unan]
 

- Style : Gilles Servat , Storlok

DOM DUFF - Lagan (2005)
Par JOVIAL le 25 Novembre 2014          Consultée 1213 fois

De plus en plus, DOM DUFF me rappelle Youenn GWERNIG. Entre les deux musiciens, il n’y a bien qu’une seule grande différence : le premier chante l’Armor et son Bro Bagan (1), terre des Abers et des naufrageurs, lorsque le second rendait hommage aux Monts d’Arrée, cette enclave montagnarde et feuillue du centre Finistère. En dehors de ce détail géographique, DOM DUFF comme le grand Youenn ont remarquablement su exprimer toute l’âme de leur Bretagne respective, comme personne, toujours avec ce même message d’universalité que professait GLENMOR à son époque. Ni chauvinisme ni folklore touristique à la con, mais au contraire célébration humble d’une terre ancestrale ouverte sur le monde et l’étranger, racines rassurantes jamais gâchées par un repli de terroir ridicule et dangereux. Ainsi, Youenn GWERNIG fredonnait ses vers en trois langues sur les routes de Morlaix, breton, anglais et français, puisque son village s’appelait le Monde. Son héritier lui, lorsqu’il raconte aujourd’hui l’histoire du « Pagan Camp », de ces anciens celtes et des combats contre les Vikings, c’est également dans la langue d’Albion qu’il déclame, la traditionnelle veillée se changeant en une adresse, les mains en porte-voix, vers les frères laissés il y a longtemps de l’autre côté de la Manche.

2005, nous voici donc sur Lagan, second album de DOM DUFF après un Straed An Amann légitimement acclamé deux ans plus tôt. Sans changer la formule de son folk puissant et sensoriel, le guitariste en revoie toutefois l’humeur. Pas d’errance joyeuse sur les chemins sauvages du Léon comme sur le précédent disque, mais au contraire virée plus « urbaine » dans les villages et les ports de la côte Nord. Le triste et froid « Miz Du » (2) rafraîchissant les oreilles en breton comme en gaélique, il est bien temps de se terrer dans les maisons, où la chaleur des veillées remplace désormais celle de l’été. Tour à tour devant la cheminée, on se raconte alors les histoires du pays, laissant derrière nous les ombres grandissantes illustrer les chants et appuyer les gestes. Lagan est ainsi un album plus intimiste que son prédécesseur, mais au demeurant plus chaleureux. Fais nous découvrir ta musique et « l’accent de ta mère », chante la fierté de ton peuple, voyage dans ses souvenirs ! DOM DUFF lance un appel à la simplicité, l’amitié et le partage. « Hei ! Soner », étonnant reggae/folk bretonnant, en est l’exemple parfait, une ronde de sourires autour du feu et de la guitare, magnifique et reposante.

Lorsque « Pagan Camp » et surtout l’immense « Kertrouz » repartent sur les sentiers du mystique, on prend sa claque sur ce rituel païen enivrant et plein d’images brouillées, sublimé par la voix d’une Nolwenn Korbell habitée sur la seconde. Fatigué et plutôt que d’aller au McDo, on poussera la porte du McDuff pour se requinquer d’un bon « Kig Ha Farz », morceau aussi énergique qu’est succulente la merveille culinaire éponyme. Lumineuses et allègres, « Job Al Lonker » et « An Nor C’hlaz » se dégustent plus loin avec autant d’appétit. Quelques ballades égrènent ça et là des notes plus mélancoliques, où DOM DUFF emploie remarquablement bien les instruments de ses guests : fiddle sur « ‘Tra Da Lavar », harmonium sur « Kenatchao » ou encore low wisthle sur la touchante « E Penn Ar Skaon ».De nouveau invité, le multi-instrumentiste Pascal Lamour fait ici nombre d’apparitions remarquées, apportant de sa gaïda quelques couleurs irlandaises sur « Marc’h Azur », aussi habile de ses doigts avec le biniou (« Son Faro ») que la bombarde (« Job Al Lonker ») ou encore le saxophone (« An Nor C’hlaz »).

Lagan n’est pas nommé ainsi par hasard. Pour la petite histoire, le terme est l’équivalent du droit de bris, possédé en Bretagne médiévale par les ducs successifs. Dans le pays pagan comme dans le pays bigouden, les habitants des côtes ont néanmoins usurpé ce droit, pillant les épaves à leur compte, forçant parfois les navires à se précipiter contre les récifs. Aujourd’hui, DOM DUFF se réapproprie à son tour ce droit du lagan : mémoires populaires d‘ici comme d‘ailleurs, airs et instruments de Bretagne ou du Monde, volontairement échoués ou non devant chez lui, pour enfin composer ce second album de haute volée. Car Lagan parvient presque à égaler Straed An Amann qui ne l’emporte ici que d’une courte tête, profitant de quelques regrettables longueurs sur « Son Faro » et « ‘Tra Da Lavar », ainsi que d’une ambiance un poil moins prenante.

Note indicative : 3/5. Note réelle : 3.5/5
À écouter absolument : « Kig Ha Farz » et « Kertrouz »

(1) Pays pagan : pays le plus septentrionale du Léon, suivant la côte de Plouescat à Plougerneau.
(3) Miz du : littéralement « mois noir », c’est-à-dire le mois de novembre.

A lire aussi en FOLK par JOVIAL :


GLENMOR
Princes, Entendez Bien (1973)
La grande révolte




MEIN SOHN WILLIAM
Mein Sohn William (2012)
Le taré est de retour !


Marquez et partagez





 
   JOVIAL

 
  N/A



- Dom Duff (chant/guitares/bodhran)
- Henri Loquet (batterie/udu/cajon)
- Pascal Lamour (claviers/gaïda/...)
- Nicola Hayes (fiddle)
- Dominique Braud (basse)


1. Son Faro
2. Miz Du
3. Kig Ha Farz
4. Hei ! Soner
5. Job Al Lonker
6. Kenatchao
7. Marc'h Azur
8. Pagan Camp
9. Kertrouz
10. En Penn Ar Skaon
11. An Nor C'hlaz
12. 'tra Da Lavar



             



1999 - 2024 © Nightfall.fr V5.0_Slider - Comment Soutenir Nightfall ? - Nous contacter - Webdesign : Inox Prod