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- Style + Membre : Graffard Et Maripol

MARIPOL - ...chante Sa Bretagne Et La Mer (1969)
Par MARCO STIVELL le 16 Décembre 2014          Consultée 3388 fois

Entre le premier album de Glenmor et celui de Stivell, vient se glisser en cette fin d'années 60 celui d'une jeune femme : MARIPOL. Chanteuse mais aussi poétesse et peintre, elle grandit à Pluriel dans les côtes d'Armor, aux environs du cap Fréhel, et doit beaucoup à sa grand-mère qui lui transmet sa passion de liberté et son amour pour le mysticisme. Après le lycée, elle donne des concerts et fait diverses rencontres, précisément Glenmor et Stivell pour les plus décisives, ensuite Bernard Benoit, Roger Mason et Steve Waring pour l'amitié et la musicalité.

À Paris -où elle a le sentiment de perdre sa liberté-, MARIPOL joue dans les hootenannies (festivals folk), rencontre Eddie Barclay et signe avec le label Le Chant du Monde, pour un premier album enregistré en 1967 mais paru en février 69 seulement. On y sent d'ailleurs quelques contraintes dues à une telle collaboration, et dont l'artiste tiendra à s'affranchir par la suite... Mais si de nombreuses personnes goûteront à son univers et la manière dont elle chante la Bretagne, il est toujours regrettable que son nom ne soit pas cité davantage aux côtés des plus grands.

Elle est donc entourée de ses amis musiciens, Bernard Benoit qui dirige l'ensemble éphémère « An Triskell euz-ti ar yaouankiz » (rien à voir avec les frères Quéfféléant qui n'avaient de toute manière pas encore débuté), et qui comprend Steve Waring au banjo, Roger Mason aux claviers, Hubert Varron au violoncelle, ainsi qu'Alan Stivell à la harpe, pour quelques morceaux. Les chansons sont écrites et composées par MARIPOL, mais on trouve aussi des textes du poète et journaliste Louis Le Cunff et un tiers d'airs traditionnels réarrangés.

Dans ce premier disque, MARIPOL favorise largement une poésie contemplative et n'emploie pas encore le ton ouvertement contestataire qui fleurira sur ses albums des années 70. Le seul texte notable ici et qui en contient une faible dose est « Exode ». La chanteuse y exprime le regret de voir les campagnes bretonnes désertées par les gens qui vont « à la ville, à l'usine », fabriquer « du sel marin et des boîtes de colin », sur fond de musique folk anglo-saxonne (dont l'artiste est également nourrie), relevée par la guitare 12 cordes cinglante de Bernard Benoit.

Ces expressions modernes sont quasiment absentes dans un disque qui, comme le suggèrent son titre et sa pochette, préfère mentionner la nature, Ouessant, les paysages marins et terrestres de Bretagne, avec une sincérité et une finesse d'écriture pour le moins envoûtantes. Les légendes sont présentes en filigrane, et l'on ne peut que s'émouvoir à l'écoute du traditionnel « L'héritière de Keroulaz », aussi marquant en breton qu'en français. La voix de MARIPOL, non dénuée de lyrisme, y est puissante de justesse, comme pour l'ensemble de l'album.

Lorsqu'elle chante « Les croix de Broëlla », sur un fond musical méditatif, ou qu'elle est accompagnée par Alan Stivell et ses envolées de harpe sur « Attente », « Hechenour Ieuank » et « Mère Noire », on peut parler d'un véritable enchantement. Sur ce dernier morceau, le vocabulaire et l'essence des légendes sont déployés, favorisent les images marines et embrumées, quelque chose de limpide et naturellement magique.

Avec des chansons comme « Attente », « La Moribonde » et « J'avais un Enfant », MARIPOL parle des femmes, attristées, attendant le retour de leur mari ou mourant à peine lorsque cela vient d'arriver, comme dans beaucoup de textes galants, exquis, et de manière générale, dans les chansons anciennes. Le ton est plus léger sur « Gaëlle Grenouille », cette « tendre niquedouille » qui refuse l'amour à tout prix, même celui de mourir. Le banjo de Steve Waring y est à l'honneur.

On en dira moins des arrangements variété, pourtant beaux et jamais « lourds » mais impersonnels, de « J'avais un Enfant » et « La Moribonde », concessions à Barclay qui n'aurait sans doute pas publié un album entièrement folk à cette époque, ni même totalement en breton (le constat est le même pour les premiers Glenmor et Stivell). Qu'importe, ce magnifique premier disque introduit une carrière menue en quantité de production, mais riche en beauté... Il sera réédité en 1973 sous le titre Mère Noire.

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   MARCO STIVELL

 
  N/A



- Maripol (chant)
- Bernard Benoit (guitares, arrangements)
- Steve Waring (banjo)
- Alan Stivell (harpe)


1. Mère Noire
2. Hechenour Ieuank
3. J'avais Un Enfant
4. Attente
5. Gaëlle Grenouille
6. Exode
7. Les Croix De Broëlla
8. L'héritière De Keroulaz
9. Salaun Ar Foll
10. La Moribonde



             



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