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- Style + Membre : Graffard Et Maripol

MARIPOL - Femme De Sable Et D'eau (1978)
Par MARCO STIVELL le 9 Janvier 2016          Consultée 2346 fois

Femme de Sable et d'Eau, le quatrième album de MARIPOL, est totalement ancré dans le mouvement que prend la musique bretonne en ce milieu d'années 70, parmi les plus beaux et les plus intéressants de l'histoire de l'art. Les artistes donnent le meilleur d'eux-mêmes, ont pour eux la fièvre de la jeunesse et ne sont pas encore atteints par un quelconque retour de mode, misent sur l'originalité sans tourner le dos à la tradition. Les disques se vendent moins toutefois, et aujourd'hui ils sont devenus rares, donc chers, mais ce n'est pas qu'une question de prix !

Un disque comme celui-ci pose toujours un dilemme : comment est-il possible de vendre un objet que l'on est soi-même forcément heureux d'avoir déniché ?... L'univers de MARIPOL est ici transcendé, revêt ses meilleurs atours. Accompagnée par son mari Jean-Paul Graffard, la chanteuse propose son album le plus révélateur d'une maturité féminine fort bienvenue dans un pays qui ne manque guère de talents similaires. Quelques mois plus tôt et pour ne citer qu'elle, la harpeuse Kristen NOGUÈS publie son unique 33 tours, le sublime Marc'h Gouez (1977)...

Les deux disques se rapprochent d'ailleurs pour un point capital, c'est l'emploi du synthétiseur dans un genre résolument folk. En parallèle, les artistes masculins le font également, GLENMOR, MYRDHIN, Alan STIVELL... Néanmoins, Kristen NOGUÈS ne l'utilise qu'avec parcimonie tandis que le couple Graffard en fait un ingrédient essentiel de ses nouvelles compositions, parfois plus que la guitare et par opposition aux disques précédents.

Il suffit d'écouter le morceau-titre pour s'en convaincre, la gwerz magnifique "Femme de Sable et d'Eau", hommage poignant à une proche partie soudainement. L'émotion de la voix se mêle aux ondulations de l'Elka Rhapsody qui remplit mieux son rôle qu'un orgue d'église classique et qui aurait été bien plus solennel. La voix de MARIPOL possède désormais un timbre plus rauque que sur ses premiers albums et qui résonne de manière prophétique. On écoute les nappes du synthétiseur, on pense au sable marqué par le reflux des vagues...

Si l'on continue dans ce thème, on saute directement à la dernière plage, tellement différente. On n'y rencontre que douleur et nostalgie, fruits de ce poison noir affreux et laissé par le naufrage de l'Amoco Cadiz, brise-coeur pour la Bretagne et la nature en général... Point de claviers ici, Jean-Paul Graffard joue de la flûte irlandaise sur des arpèges à l'autoharpe, prolongeant la magie de l'album avec une note décalée et fort bienvenue. La récitation de MARIPOL à l'attention des oiseaux est pleine de douceur, de révolte contenue et d'élégance, cela va sans dire.

Les autres chansons sont elles aussi splendides, chacune à leur manière et saupoudrées d'effets musicaux divers. Comment ne pas succomber à la mélodie de "C'était étrange", portée par une MARIPOL sorcière et qui nous conduit à travers une nuit pleine de mystères et de légendes, quoique partie d'un fait divers (un homme mort retrouvé dans un cercueil dans une mairie-école). Difficile de résister également aux mots passionnés de "Prison Rouge", aux prières incantatoires en guise de refrains pour être "Avec l'Homme aux Cheveux Verts"...

"La Nuit de Samain" étonne par son groove swing et le chant virevoltant d'une MARIPOL presque bouffonne. La basse ainsi que les guitares acoustiques jazz et folk dansent ensemble et s'entremêlent sur fond de synthétiseurs, tour à tour en nappes et en cordes pincées de clavecin, à la manière des harpes gaéliques... Gaélique comme le très beau "Bantry Bay", fortement affecté par les conflits en Irlande. Prendrez-vous enfin le temps de vous perdre à travers Brocéliande et d'honorer une invitation au château de Comper, recouvert de neige ?

Onirique, enivrant, ce disque l'est assurément. C'est un indispensable pour tout(e) amateur(e) de poésie mise en musique, qui ne craint pas de s'extraire de son époque pour un pays imaginaire dont le point de départ est la Bretagne, guidé par la voix d'une bardesse, plongeant dans les ambiances d'un maître ménestrel à travers des constellations non-répertoriées... Un chef-d'oeuvre.

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   MARCO STIVELL

 
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- Maripol (chant, paroles)
- Jean-paul Graffard (claviers, guitares, flûte, mandoline, autoharpe, c)
- Thierry Decloux (basse)
- Hervé Le Grignou (guitare)
- Thierry Jeffroy (guitare, violon)


1. Prison Rouge
2. C'était étrange
3. Avec L'homme Aux Cheveux Verts
4. Femme De Sable Et D'eau
5. Le Chemin Des Montagnes Sacrées
6. Vers Bantry Bay
7. La Nuit De Samain
8. Le Château De Comper
9. Où Sont Nos Oiseaux



             



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