Quand la productivité devient-elle un problème dans la carrière d'un musicien ? Lorsqu'elle prend le pas sur la qualité, c'est une évidence. Pour autant, Mikael Erlandsson n'a jamais véritablement souffert de sa trop grand productivité. L'artiste suédois, en plus d'être actifs au sein de divers projets Hard FM / AOR, a donné naissance à 11 albums de son groupe principal LAST AUTUMN'S DREAM en 12 années de carrière. Un beau tableau de chasse pour le stakhanoviste suédois qui, s'il s'est fait un peu ronronnant et légèrement moins audacieux sur ses dernières livraisons en date, n'a pas à rougir de la discographie de son bébé. Si les membres du groupe vont et viennent (le guitariste Andy Malecek, pourtant co-fondateur du groupe, a récemment tiré sa révérence), LAST AUTUMN'S DREAM tient bon, livrant avec une précision métronomique une nouvelle livraison qui témoigne de l'énergie retrouvée de son leader.

Car Level Eleven présente toutes les qualités qui avaient permises au groupe de marquer les esprits au début des années 2000. Le rock ici présenté est à déconseiller aux diabétiques. Beaucoup de sucre, un gros soupçon de miel, et des nappes de claviers très présentes qui s'efforcent d'étouffer le son des guitares. Ces dernières restent malgré tout très présentes, et il est évident que Peter Söderström, nouveau six-cordiste du combo, est ici en terrain conquis, lui qui intervenait déjà en tant que guitariste rythmique sur les précédents opus du combo. En fait, LAST AUTUMN'S DREAM présente un rock optimiste et doucereux, qui n'est pas pour autant dénué de mélodies marquantes et inspirées. Tout comme l'énergie est largement au rendez-vous, en atteste l'excellent titre d'ouverture "Kiss me", et son refrain incroyable de pureté et d'enthousiasme.

Se laisser porter, donc, voici la clé pour apprécier Level Eleven. Car il est évident que LAST AUTUMN'S DREAM a retrouvé ici le niveau de Saturn Skyline, sont excellent quatrième album de 2007. Certes un peu moins vindicatives, les guitares laissent souvent la place à des choeurs très présents, qui participent à renforcer l'aspect fédérateur des morceaux. "Follow your heart" et "Losing you", pour le côté délicat, "Go go go - Get ready for the show" et "Star" pour le côté hédoniste et immédiat, sont d'évidents tubes qui confirment que, malgré une relative discrétion médiatique, Mikael Erlandsson reste le maître actuel d'un genre musical injustement décrié et taxé d'ultra-commercial.

Il faut évidemment faire preuve d'une certaine appétence pour le sucré au moment de se pencher sur les ballades qui parsème l'opus. "Fight the world" et sa section à cordes frottées se voit doté d'une belle montée en intensité, et à nouveau d'un refrain impeccable, témoignage d'un savoir-faire respectable, qui lui permet de marquer les esprits. "Made of stone", dont la mélodie du refrain n'est pas sans rappeler le tube "Wherever you will go" de The Calling, peine à se hisser au même niveau, mais séduira à coup sûr ceux qui auraient la bonne idée de se pencher sur le cas LAST AUTUMN'S DREAM par le biais de cet album.

Tant et si bien que peu de morceaux finissent aux oubliettes. Bien plus homogène, en matière de mélodies marquantes, que ses deux prédécesseurs directs, Level Eleven est un instantané du talent inépuisable d'un Mikael Erlandsson qui n'a de cesse de prouver quel grand songwriter il reste malgré son activité frénétique. Amateurs de belles mélodies, cessez un instant vos activités pour donner une nouvelle chance à ce groupe suédois qui mérite notre admiration tout autant que notre attention. Une belle réussite parmi d'autres.

"Losing You" : http://www.youtube.com/watch?v=JGWGw2gDOXE