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Hannah ALDRIDGE - Razor Wire (2014)
Par GEGERS le 30 Mars 2023          Consultée 563 fois

Il y a les albums que l’on écoute, avec un plaisir évident parfois, et ceux avec lesquels on vit, qui partagent notre quotidien, notre existence, comme des compagnons bienveillants qui nous soutiennent, nous enhardissent, épongent notre peine, habillent nos joies. Ils sont peu nombreux, ces albums qui nous définissent, qui participent à notre équilibre et vont parfois jusqu’à se confondre avec l’essence-même de nos personnalité et caractère. On les découvre habituellement à l’adolescence ou au début de l’âge adulte, lorsque la perméabilité de notre âme nous permet d’expérimenter la transcendance que seule la musique semble capable de provoquer. Mais il arrive parfois qu’une découverte inattendue, un heureux hasard ou une rencontre opportune vienne enrichir notre besace d’albums vitaux.

Ainsi, c’est bien une heureuse rencontre qui nous voit aujourd’hui aborder la carrière de la chanteuse américaine Hannah ALDRIDGE. L’occulter constituerait un crime, la snober une grave erreur. Née à Muscle Shoals, en Alabama, la jeune artiste n’est à qu’une poignée de kilomètres de l’état du Tennessee, là où, à Nashville, la country fait loi. Si son père Walt Aldridge est une légende locale, producteur et compositeur-interprète de renom, Hannah démarre sa carrière comme pianiste classique. Ce n’est qu’à l’aube de ses 20 ans qu’elle décide de prendre une guitare et d’enfourcher ses démons, sa musique étant présentée sous le genre 'Dark Americana' qui transcrit finalement plutôt bien la teneur du répertoire de la chanteuse.

En 2014, un premier album intitulé Razor Wire cristallise cette entrée dans l’âge adulte. Cet album est un témoignage de bravoure, une manière d’affronter le regard des autres et de leur présenter qui je suis, avec mes imperfections, explique Hannah. Il y a en effet dans cet album une véritable volonté de s’affirmer, de présenter une identité musicale marquée par le sud des Etats-Unis, bien sûr, mais souvent inclassable et bariolé. Entre rébellion et découverte de soi-même, l’artiste propose des chansons qui se font douces comme une berceuse ou claquantes comme un coup de fouet.

L’album se présente comme rock, avec une touche sudiste, country. Un peu folk aussi. "You Ain’t Worth The Fight" voit Hannah jouer les figures de proue d’un ensemble fourni : guitares électriques et acoustiques, section rythmique dynamique, des claviers aux sonorités 70’s, l’ensemble est rudement bien construit et parfaitement interprété. C’est une chanson-purgatoire qui souffle le chaud et le froid, alterne le noir et le blanc. Le titre de l’opus, Sur le fil du rasoir, est parfaitement adapté pour décrire sa teneur musicale. La voix d’Hannah, abrasive et mélodique, déploie un charmant mélange de puissance et de vulnérabilité. Hannah, avec la conviction de sa jeunesse, raconte ses histoires avec la même force qu’une cloche d’église résonnant dans les rues d’une petite ville d’Alabama.

L’album déploie rapidement l’artillerie lourde, électrique et énergique dans son premier tiers. La richesse des mélodies et la pureté de l’interprétation nous cueillent dès les premières écoutes. "Old Ghost", dans la pure tradition country, cache derrière sa mélodie entraînante un texte qui tempère sa luminosité.
Ensuite, l’album devient plus intime, plus satiné, à mesure de sa progression. Il prend une tournure inattendue, un peu comme au cinéma une comédie d’apparence anodine se transforme parfois en un drame poignant. "Stand of Pearls", avec son solo de scie musicale, constitue une transition de choix vers des sonorités plus sombres, plus acoustiques également. "Razor Wire", portée par un piano magnifique, se fait ainsi une ballade désabusée du plus bel acabit. "Parchman" en est une autre. Le piano, à nouveau, et une lap steel servent parfaitement la voix délicate d’Hannah qui narre ici les derniers instants d’une détenue du Pénitencier d'État du Mississippi, condamnée pour avoir abattu un mari violent. La musique est une caresse, le texte une claque.

Réaliser ainsi la litanie des beautés de Razor Wire serait une entreprise vaine tant il est, de la première à la dernière note, un véritable enchantement. "Howlin’ Bones", blues ancestral, "Black and White", ballade folk mettant en avant les capacités vocales de l’artiste, la délicate "Lonesome" ou la reprise du morceau "Try" de Jason Isbell sont de véritables richesses. Les pépites sont à chercher dans les interstices, dans les silences et les souffles, dans les mélodies et leurs contrepoints, dans cette évocation des liens qui se créent et se distendent, dans ces histoires d’amour qui s’affadissent, dans ces manifestes d’accomplissement solitaire.

Hannah ALDRIDGE a beau être accompagnée, c’est elle seule qui fait de cet album un chef-d’œuvre. Lorsqu’elle déclame avec retenue et lenteur I miss you like morphine straight to my veins sur "Lie Like You Love Me", un des morceaux les plus forts de son répertoire naissant, la chanteuse nous tient dans sa main. Une guitare acoustique et son interprétation suffisent à nous faire rendre les armes et succomber. Un exploit que l’artiste réédite sur la version acoustique du morceau "Razor Wire", en fin d’album, ainsi que sur "Save Yourself", pièce d’orfèvre portée par le mariage entre un piano enivrant et les lignes vocales célestes de la chanteuse, avant que les guitares et la section rythmique n'entrent en piste, pour former rock sombre porteur d’une émotion débordante.

Premier essai, et premier coup de maître. Loin des ambiances country à la saveur surannée pratiquée par nombre de ses compatriotes, Hannah ALDRIDGE met sur le même plan l’importance des mélodies et des ambiances, claires et obscures, qui donnent sa consistance et sa beauté à ce premier album. Il y a ici un foisonnement d’idées et un talent dans l’interprétation qui ne souffrent aucune critique, tant tout ici sonne juste et à sa place. Entre rock, country et folk, Razor Wire est surtout un véritable chef-d’œuvre qui voit Hannah ALDRIDGE démarrer sa prometteuse carrière de manière fracassante. Un album vital.

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- Hannah Aldridge (chant, guitare)
- Andrew Sovine (guitare, lap steel)
- Brad Pemberton (batterie, percussions)
- Lane Baker (basse)
- Andrew Higley (clavier, scie musicale)
- James Leblanc (choeurs)


1. You Ain't Worth The Fight
2. Old Ghost
3. Stand Of Pearls
4. Razor Wire
5. Parchman
6. Howlin' Bones
7. Try
8. Black And White
9. Lie Like You Love Me
10. Lonesome
11. Save Yourself
12. Razor Wire (acoustic)



             



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