Pour son troisième album, Annie LENNOX revient à des standards plus classiques qu'un album de reprise, et il n'apparaît ici que des chansons écrites de la main de l'icône écossaise. Non pas que le procédé pose problème, pas le moins du monde, c'est juste afin de situer la démarche, notre artiste n'est guère prolifique. Voila son 3eme opus en 13 ans si l'on excepte la parenthèse de la reformation d'EURYTHMICS, prévue pour un album, Dave et Annie étant d'accord dès le départ pour privilégier leurs carrières solos. On se souvient donc de Medusa, des prouesses vocales de la chanteuse sur les classiques essentiels de la pop, mais on se souvient aussi de ses composition sur le bien nommé Diva... La suite promet donc d'être passionnante ! Petit détail cependant, on découvre une image de couverture qui vieillit Annie, elle y apparaît ainsi qu'un sorcier aborigène, recouverte d'une poussière blanche qui cette fois la vieillit considérablement. Une image prônant la sagesse peut-être ?

Quelques morceaux portent ici le sceau du single sans l'être vraiment : aucune vidéo, peu de promo, sortis uniquement aux USA... Pas vraiment une politique marketing dynamique. Mais on va faire avec ce qu'on a ! "Pavement cracks" démarre donc dans une ambiance très éthérée qui sied magnifiquement à la voix de la diva de la new wave, d'autant qu'il accélère ensuite à l'image des titres pondus par EURYTHMICS sur l'album de 99. Et ce refrain, si c'est pas du Stewart/Lennox dans le texte !! Sympa donc. C'est donc plus avec "Thousands beautiful things" qu'Annie renoue avec ses vélléités solos, dans le style qui lui est propre, un morceau de haut niveau même s'il semble "simple" au premier abord, je lui trouve une évidente ressemblance avec les grands titres de STING. Dernier pseudo single : "Wonderful" est une mignonne chanson qui bénéficie surtout de l'impact gigantesque de l'organe de Miss LENNOX, plus convaincante que jamais, avec un petit bridge qui ajoute une belle énergie.

Ensuite, nous naviguons dans des eaux calmes. La mélodie de "Twisted" pourra fort bien rappeler de chouettes souvenirs à nombre d'entre vous, car cette chanson s'incruste remarquablement dans le cortex et n'en ressort plus. On reconnaît de suite le talent hors normes d'Annie, plus vivace que jamais avec cette compo que les BEATLES n'auraient pas reniés, aussi simple qu'efficace, la classe et certainement le titre majeur de cette livraison ! Une belle orchestration et un chant très difficile sur "Erased"... Effacé, sur un tempo assez dynamique mais lancinant. Le résultat est surprenant, mais très réussi au final, malgré un pattern répétitif. Une petite chanson autobiographique sur la solitude avec "Loneliness". La voix façonnée dans l'albâtre d'Annie trouve ici un complément de choix avec une belle guitare tantôt rageuse, tantôt cajoleuse.

"Bitter pill" nous replonge quelque peu dans les ambiances composées par le duo britannique dans les eighties. C'est sympa, ça aurait d'ailleurs pu marcher en boite pour peu qu'il soit sorti en single, ce qui n'est pas le cas, tout le monde est donc passé au travers. Quelques titres sont moins mémorables, ainsi "The hurting time" clairement moins originale. Et je suis moins fan de ce "Dear god" qui ne convient guère à mon sens à l'ample voix de l'artiste qui a besoin d'un espace conséquent pour s'exprimer. Cette "retenue", même juste, me semble préjudiciable. "The saddest song I've got", toute de contemplation vêtue, est sans doute plus intéressante, mais encore un brin "modeste", j'aimerai qu'Annie se lâche plus, mais la compo ne le permet pas.

Globalement cependant, pas un des morceaux n'est indigne de l'énigmatique blondinette, et nous atteignons parfois des sommets comme sur "Twisted". C'est pourquoi cet opus, bien que légèrement inférieur à Diva, atteint la même note. L'harmonie est toujours une donnée objective de choix dans la discographie d'Annie LENNOX, dont acte !