Sur Happy Trails, le somptueux deuxième album du groupe, figure un morceau qui se nomme "Calvary", il résume bien ma situation au moment de chroniquer cette galette. Enfin, John Cippolina et Nicky Hopkins ont pris une bonne décision. Ils ont quitté le groupe ! Cipo forme COPPERHEAD, Nicky illumine de son piano magique, "Imagine" de LENNON, "Sticky Fingers" des STONES et "Who’s Next" des WHO. David Freiberg lui, se prépare à monter dans le vaisseau du JEFFERSON STARSHIP pour mettre une distance stratosphérique entre lui et Valenti.

Le mauvais génie italien est toujours omniprésent, il embauche deux musiciens quasi inconnus (et qui le resteront), Mark Ryan à la guitare et à la basse, et Chuck Steaks aux claviers puis décide de ne plus employer des cuivres. La pochette, une nouvelle fois est superbe. Peu de groupes ont sorti autant de couvertures qui ressemblent à de véritables œuvres d’art. Ici c’est un oiseau de proie avec la lune en fond qui semble couver un couple de jeunes gens nus.

Et la musique ? Ah oui il faut évoquer la musique ! Soyons magnanimes, deux morceaux échappent au naufrage "Hope" en ouverture, et "Fire Brothers". Sinon c’est toujours de la daube, de la musac pour supermarché, un manque cruel d’idées, pas de mélodie, et des instrumentistes qui s’ennuient. Heureusement le supplice ne dure pas trop longtemps. Il va néanmoins perdurer encore quelques mois jusqu’à la sortie de Comin’Thru et la mort du groupe qui se vit comme un soulagement pour les fans éplorés.

Mais il reste de ce groupe phénoménal de nombreux témoignages live, quasiment tous sans Valenti (vous comprenez pourquoi) alors plutôt que d’écouter des daubes telles que celles-ci, il faut se tourner vers les concerts de la première période. Certes, certains sont souvent assez mal enregistrés, mais si vous souhaitez comprendre pourquoi Cippolina est un guitariste du niveau d’Hendrix écoutez "Maiden of the Cancer Moon" ou "Live at the Carroussel Balroom 1968" ou le "Stony Brook College 1970" avec Nicky Hopkins et je ne vous parle pas des nombreux bootlegs. C’est en live que le grand John enluminait la musique du groupe, le son de sa Gibson SG et ses vibratos magiques sont le seul, le véritable héritage de QMS.

Les simagrées de Valenti ne sont que des crottes de souris qui s’oublient, mais la guitare de Cippolina est inoubliable.