La chaleur d'une voix. Un bivouac au coin du feu. Le rythme d'une batterie. Le battement d'un coeur. La rondeur d'une basse. La lenteur enivrante d'un lever de soleil. Les envolées d'un violon. La frénésie d'une marmotte. Tout est lumière. Resplendissement. Marrant comme la musique créé des analogies avec notre environnement et nos activités, comme pour mieux les embrasser, se faire partie intégrante de notre existence. Marrant comme le deuxième album d'Alan DOYLE semble épouser la Vie majuscule, balayer le spectre complet des sentiments, comme un arc-en-ciel celui des couleurs. Enivrant.

So Let's Go est le témoignage d'un artiste apaisé. Nous sommes dans le même bateau, si on faisait connaissance ? Tenter de connaître Alan, qui semble avoir (définitivement ?) tourné la page GREAT BIG SEA, c'est aller à la rencontre d'un folk-rock celtisant, immédiat et facile d'accès. Pour autant, il n'en reste pas moins travaillé et profond. Nous sommes sûrs que nombre d'albums d'apparence accessibles trouvent encore grâce à vos oreilles, même des années après leur sortie. So Let's Go peut sembler simple et évident, sans profondeur. De sa voix qui concentre l'essentiel de l'attention de l'auditeur, Alan pose son empreinte si particulière, et chante l'amour : l'amour charnel, l'amour de son prochain, l'amour du voyage, l'amour des amitiés partagées. Ce thème qui fait tourner le monde et chanter les artistes se voit ici cristallisé sous formes de 10 titres folk et rock, agrémentés de violons, mandolines et autres accordéons, filiation évidente avec un univers musical celtique.

Le ton est moderne, les mélodies "catchy". Une écoute, deux, et elles ne vous lâchent plus. La beauté d'un coucher de soleil en Vanoise, la splendeur de "My Kingdom", dont l'émotion à fleur de peau se pose comme une chape de béton sur les épaules de l'auditeur. Des larmes ? Oui, sans doute, mais de joie. Chef-d'oeuvre d'une grande sensibilité, qui paraît ici très naturelle, là où elle pouvait sembler forcée sur les précédentes réalisations du Canadien.

Tout ici coule de source, et invite à suivre le courant. L'efficacité acoustique de l'introductif "So let's go", léger et espiègle, donne le ton. La pub-song "1.2.3.4", son violon dansant et ses choeurs contagieux, le confirme, "Take Us home" et ses faux airs de "It's a Heartache" (Bonnie TYLER), enfonce le clou. Cet album est grand, et foisonne d'idées et de mélodies enivrantes. La construction reste peu-ou-prou la même sur l'ensemble des titres, tous relativement courts. Autour d'une très bonne idée, Alan brode, tricote, compose, et construit des morceaux don't l'immédiateté n'a d'égale que la beauté, simple et pure. On chante, on danse, bref, on vit au son de cette musique pas pédante pour un sou, témoignage d'un savoir-faire acquis sur plus de 20 ans de carrière. Etat de grâce.

Là où Sean McCann, ancien camarade d'Alan au sein de GREAT BIG SEA, a choisi la mélancolie et l'expurgation de ses démons comme angles d'attaque de sa carrière solo, le Canadien chevelu a pour sa part opté pour le témoignage d'un bien-être communicatif. En faisant simple, Alan DOYLE fait beaucoup. Mais après-tout, qu'y a-t-il de plus simple qu'un rayon de soleil ?

"My Kingdom" : http://www.youtube.com/watch?v=Xmny9AKLhh4