5ème opus d’Alan Parsons, The Turn of a Friendly Card sort en 1980. Le thème de l’album tourne autour de l’univers du jeu, des paris, de la prise de risque et de l’ambiance des casinos. Pratiquement, chaque titre entretient un rapport avec ce thème.

"May Be A Price To Pay" avec son intro 'grand orchestre' est imposant dès les premières notes. Ce morceau possède une ligne de basse assez linéaire dans le couplet. Les accords de guitare se chargent d’accompagner la voix grave et profonde d’Elmer Gantry qui convient parfaitement à ce titre. A 2 min 52, nous avons un pont musical où les violons sont en majorité soutenus par la guitare acoustique rythmique et un piano boogie très discret. Les cuivres, et en particulier les trombones, sont omniprésents. Une bonne entrée en matière de 4 min 52.
"Games People Play" a la particularité de démarrer par un riff de synthé passé au 'delay' (effet analogique qui dédouble les sons) et joué jusqu’à la fin du morceau. Cette chanson est ancrée musicalement dans le style 'eighties'. Dans les années 80, les discothèques étaient friandes de ce genre de morceaux. "Games People Play" passera de nombreuses soirées sur les platines DJ de cette époque. C’est aussi une variante à 1 min 50, qui sonne très 'space' avec une ambiance proche du "Supernature" de CERONNE. Mais ressurgissent également des effluves de Pyramid. Cette variante précède un solo de guitare exécuté de main de maître. Le morceau se clôt comme il a commencé : avec le même riff de synthé initial.
"Time" est un slow romantique avec une intro au piano qui permet à l’auditeur de s’évader pendant 5 minutes, ballade dans le pur style d’Alan Parsons. Ici, tout est réglé comme une horloge. Les violons sont mis en avant, surtout dans les refrains. Un très bon titre.
"I Don't Wanna Go Home", et Lenny Zakatek reprend du service pour la seconde fois. Un titre classique au couplet assez syncopé et à la guitare rythmique bien pensée. En outre, comme "Games People Play", il finit sur l’intro, mais avec des accords dissonants.

Débutant par une intro typiquement russe, un sifflement humain et une balalaïka en fond, "The Gold Bug" est un instrumental de qualité que renforce son solo de saxophone travaillé à la perfection. Les chœurs qui en accentuent un peu plus la profondeur sont également très importants. Alan Parsons emploie avec bonheur ce qui a fait son succès toutes ces dernières années. Il s’agit bien entendu de ses sonorités de claviers si particulières. Ce titre fera également le bonheur des DJ dans les années 80.
"The Turn Of A Friendly Card" sonne 'Mike Oldfield' dans sa mélodie, mais le savoir-faire d’Alan Parsons lui permet de se démarquer de ce que fait le compositeur de Tubular Bells. Il s'en dégage aussi un je ne sais quoi qui m'évoque le 17ème siècle, avec le Roi et sa cour. Il n’y a qu’à regarder la pochette de l’album pour s’en convaincre. Alan Parsons va chercher son inspiration, loin très loin.
"Snake Eyes", très chaloupé dans son interprétation, brille par ses voix. Le 17ème siècle revient sur le devant de la scène avec "The Ace Of Swords". Son clavecin moyenâgeux, sa flûte, ses trombones et trompettes mènent la danse tambour battant, jusqu'à l’envolée moderne à 7 min 27, remarquablement carrée et bien en place. Nous avons affaire à un instrumental de très bonne facture.
"Nothing Left To Lose" est plus classique, avec une guitare acoustique arpégée et une mélodie douce comme du miel et de la guimauve. Il y a ensuite une amorce empruntée à la partie rythmique de "Snake Eyes" qui sert de base au solo de guitare. L’album s'achève sur la seconde partie de "The Turn Of A Friendly Card" et sur un solo de guitare basé uniquement sur la mélodie du titre.

Cette galette offre des moments d’anthologie. Alan Parsons signe là un de ses plus grands succès musicaux. Mais sa carrière ne fait que démarrer.