Bon, c'était à prévoir : la tournée au Japon, les sollicitations diverses et variées, les excès ont miné les rapports entre les jeunes filles et il suffit de regarder la pochette pour constater les dégâts. Cherie Curry n'est plus là, la juvénile Cherry Bomb a disparu... le groupe a perdu sa frontwoman et sa chanteuse numéro 1. Pas simple. De même, la brunette Jackie Fox a aussi disparu, et on assiste à l'arrivée de Vicky Blue à la basse. Nous n'en sommes pourtant qu'au 3eme album studio, et déjà quelle histoire, que de changements ! Pas simple d'être une rock star en cette fin des seventies. Il nous reste encore le postérieur de Lita et l'air coquin de Joan... Et les deux blondinettes. Bien entendu, Joan JETT est désormais aux commandes du vaisseau des fugitives. Let's rock !

C'est "Little sister" qui introduit ce troisième opus de l'année 77 ! Oui, on ne chôme pas chez les nanas ! Le titre bourrine ainsi que le fait déjà en Angleterre un certain MOTORHEAD, et Joan assure comme une bête, ses limites vocales étant largement compensées par une énergie débordante de vitalité ! Le single est "School days", pur produit de rock'n'roll drivé par le producteur aux cheveux verts. D'ailleurs, "Don't go away" et "Wasted" sortent du même tonneau mêlé d'un esprit punk sans concessions et avec quelques intonations toujours très glam, soit le fond de commerce de nos rockeuses. Joan jette toutes ses forces dans la bataille, à ce titre elle mérite vraiment notre considération. Et plus de 37 ans plus tard, on peut dire que pas un des concurrents des RUNAWAYS ou autres BLACKHEARTS ne dénigre la reine du Rock. Joan est intacte malgré les années passées.

L'aspect plus pop de "Wait for me" n'est pas à condamner, la chanson reste sympa, et Joan met en place ce chant si reconnaissable qui la caractérise, tantôt crispant, tantôt super burné. On y notera la courte mais chouette intervention de Lita. D'ailleurs, notre soliste blonde au voluptueux postérieur est donc passée numéro 2 du groupe. Elle impose ici deux compositions : "Fantasies" à la structure assez alambiquée... Et pour cause, notre guitariste se prépare à devenir la grande prêtresse du Metal lourd... C'est donc plus épique et radicalement différent dans l'approche, on est très loin du glam rock voulu par Kim Fowley. Le second titre de Lita "Trash can murders" est incontestablement moins bon.

"Gotta get out tonight" doit autant au Hard rock d'un AC/DC qu'au proto punk des STOOGES. Belle fusion ici réalisée par les nanas, qui ne devaient pas en avoir conscience. Ach, il y a un slow ! L'éponyme "Waitin for the night'... Vous savez que je n'aime guère quand Joan s'arrache l'organe sur des chansons mièvres, c'est souvent foireux... Et ça ne rate pas, sa voix ne passe pas sur le sentimental, rien à faire, je bloque. Dieu merci, il y a le classique de cette livraison : "You're too possessive" , qui deviendra au fil du temps un des grands standards de la carrière solo de Joan. On trouve dans ce titre tous les ingrédients qui ont fait de miss JETT la leader féminine du rock. Agressivité, esprit punky, pas de prise de tête, et une capacité à se donner à fond.

Ce troisième album conforte définitivement la légende des RUNAWAYS. Le succès ne sera guère au rendez-vous excepté en Europe, mais il ne dépareille aucunement avec les précédents opus. Bien sûr, on imagine que le départ de la sex symbol Cherie Curry aura eu un effet négatif sur les hordes de fans du groupe. Mais "that's life", ce n'est pas cela qui empêchera Joan et Lita d'accéder au firmament du Rock !