Et si ce qu'on appelait le revival synthpop n'en était pas un, au final ? Et si, en fin de compte, certains musiciens reprenaient là où la sélection naturelle avait arrêté les choses ? Il est en effet facile de déplorer le retour de vieilles recettes ou de s'extasier devant exactement la même chose ou presque, mais nombreux sont les groupes qui ont plus qu'un reboot du genre à proposer – et je ne parle pas des reformations, bien que certaines soient foireuses. Et LITTLE BOOTS dans l'équation ? La chanteuse anglaise se place dans la veine de la nouvelle synthpop (aux oubliettes le « revival »), et pas qu'un peu si l'on compare le décevant Nocturnes (2012) à son nouvel opus, Working Girl.

Annoncé par l'EP Business Pleasure, Working Girl se la joue retour en arrière réactualisé à fond. Comprenez par là que derrière une pochette remarquable se trouve une synthpop/dance qui, soyons franc, n'est pas ratée. Attractifs, bien rythmés, plus ou moins variés... les 14 morceaux (12 si l'on exclut l'intro et l'interlude), liés par le concept de la working girl du siècle nouveau, se veulent dynamiques et intéressants à la fois, tout en ne se contentant pas d'être des singles franchement oubliables.

Pari réussi ? Moui. LITTLE BOOTS n'est pas une ingénue sans talent, disons-le tout de go. Certes, elle n'arrive pas ici à apporter une grande touche d'originalité, mais peu importe si c'est vraiment bien fait. À cette question-là, la réponse est oui, mais pas pour tout le monde. Parmi les quelques élues, on connaissait déjà "Business Pleasure" et "Taste It", franchement pas mauvaises. En ce qui concernent les nouvelles pistes, la très new-wave "Get Things Done" (et sa basse slapée) se positionne bien haut, et il paraît difficile de rester insensible au morceau-titre, qui présente une electro dance qu'on peut clairement qualifier de réussie. Il y a du déjà vu par moments ("Better in the Morning", "No Pressure"), mais cela reste relativement plaisant à écouter.

Pas de quoi s'arracher les cheveux devant une quelconque nullité : Working Girl se débrouille plutôt bien, et il faudrait être vraiment blasé à fond ou être d'une intransigeance absolue pour rejeter en bloc l'album. LITTLE BOOTS rattrape le niveau après un Nocturnes plus que passable, et signe un troisième album studio qu'on aurait cependant espéré plus travaillé en termes de composition – rien à dire sur la production ni le chant, oh non. Bref, il y a encore de quoi espérer un mieux pour la suite.

Note réelle : 2,5/5