Une année 1982 bénie des dieux pour ALAN PARSONS PROJECT, avec son opus le plus médiatisé, Eye In The Sky, représenté par cet illustre œil égyptien qui pourrait être un clin d’œil à l’album Pyramid. Il est de nouveau conçu dans les studios d’Abbey Road. Les indétrônables Ian Bairnson et David Paton, respectivement à la guitare et à la basse, sont de la partie, Stuart Elliott toujours planté derrière ses fûts. Les concepteurs, Parsons et Woolfson, officient aux claviers et aux compositions. On aperçoit également un invité d’une valeur inestimable : Mel Collins, ex-KING CRIMSON, qui exécute de main de maître quelques parties de saxo.
Parmi les interprètes, on retrouve également de vieilles connaissances : Elmer Gantry, Collin Blunstone, David Paton, Lenny Zakatek, sans oublier Eric Woolfson sur deux morceaux, dont le superbe single "Eye In The Sky" qui atteindra la 3ème place du top ten au U.S.A en 1982. On constate assez aisément une pérennité entre The Turn of A Friendly Card et Eye In The Sky, avec cependant un gabarit inférieur pour ce dernier. Bien évidemment, la production est nickel comme à l’accoutumée, l’apparence soignée, mais la majorité des titres s'avèrent pratiquement insignifiants, si ce n'est insipides.

L’ondoyant "Gemini", le leitmotiv rock "You're Gonna Get Your Fingers Burned" ou l’excessif "Step By Step", ainsi que "Children of The Moon" et "Psychobabble" se placent au-dessus de la mêlée, mais il leur manque ce petit je ne sais quoi pour être fondamentalement essentiels. A contrario, les 7 minutes de "Silence And I" frôlent la luxuriance, avec la débauche d'une centaine de musiciens et une partie orchestrale interminable, qui se situe au niveau de celle d' "I Robot", toujours orchestrée par Mr. Andrew Powell. On peut citer de la même manière l'instrumental "Mammagamma", ou comment combiner de façon intéressante un thème déjà réquisitionné dans le passé et qui a désormais fait ses preuves. Mais il y a en outre l’attendrissante ballade "Old And Wise", chantée par Colin Blunstone, qui prend son essor grâce au solo de Mel Collins qui réalise ici quelque chose de plus académique que son œuvre avec KING CRIMSON. Pour finir, il est impossible pour la paire "Sirius"/"Eye In The Sky" de passer inaperçue. Celle-ci évoque en partie l'enchaînement "A Dream Within A Dream"/"The Raven". "Sirius", c’est, dirons-nous, un "Voyager N° 2", mais bien plus agressif et nettement plus sombre que son petit frère; il nous offre, en un peu moins de 2 minutes, la quintessence du son ALAN PARSONS PROJECT. Il est, en outre, une délicieuse introduction au fameux "Eye In The Sky", interprétée avec aisance par Eric Woolfson. Ce titre bénéficie pareillement d’une présence discrète et primordiale de Ian Bairnson.

C'est en définitive un album sans grande surprise, avec quelques bons titres. Pas le meilleur opus d'ALAN PARSONS PROJECT, que nous avons connu mieux inspiré.