Voilà qu'à l'insu de mon plein gré, je suis à nouveau transformé en Cornac pour les besoins de la cause. Si vous croyez que c'est facile de chroniquer un troupeau d'éléphanteaux boutonneux en pleine crise de rébellion, bin nan ! On est donc à nouveau sur le champ de patates du Kentucky, prêt à entendre à nouveau le chant plaintif de ce pauvre Matthew et les accords Pixiens de son débutant de frangin gratteux. Bon, nous débutons par quelques news, la pochette est... Bah plus figurative mais bon, ceux qui parmi vous n'ont pas passé de temps dans le middle west ne savent pas de quoi il retourne. Cette jeune rouquine élevée au maïs transgénique n'est pas super canon, mais a le mérite d'être là ! Sinon, Auerbach des BLACK KEYS est derrière la console, ATN, c'est donc pour toi !

Trois singles sont extraits de cette nouvelle galette. On débute par l'efficace "Mess Around" qui, comme à l'accoutumée, joue avec les influences des PIXIES pour établir son identité. Cela me semble toutefois plus abouti qu'auparavant. Les cinéphiles apprécieront la vidéo qui emprunte des passages à l'oeuvre du grand George Méliès. Le suivant "Trouble" n'est pas désagréable du tout, un croisement entre des petits scarabées et l'inévitable groupe de Franck Black. Mais ô bonheur, le troisième single "Too Late to Say Goodbye" est enfin une chanson qui se retient et dont les sonorités marquent le cortex, qui navigue toujours dans des eaux alternatives avec un son merdique, mais j'imagine que c'est l'idée, surtout avec Mr Auerbasch derrière la console. Une belle chanson, je n'étais pas sûr de dire ça d'une compo des éléphants un jour.

"Cry Baby" nous replonge dans un univers sixties très psychédélique, avec quelques réminiscences des PIXIES, c'est pas mal. D'ailleurs, "Portuguese Knife Fight" nous rapproche presque des éléments créés par le MC5 et les STOOGES à peine au Nord de leur Kentucky natal. La psychédélique "That's Right" nous replonge aux débuts du style, le son en plus. La gratte sonne comme si l'ampli était troué partout? le pauvre. Bon, je ne vais pas refaire un couplet sur le pauvre jeu de Matt Schultz, hein ! Cela dit, c'est gai et enjoué.

"Punchin Bag" est carrément drôle, on se croirait face à des bouffeurs de LSD, élèves de Timothy Leary en 66-67 dans le nord des Etats-Unis. C'est bluffant, et ce n'est même pas mauvais, plutôt cool même. Comme à son habitude, le bassiste tire bien son épingle du jeu, le cochon ! "Cold Cold Cold" traîne encore un esprit sixties, le Hammond ne fait rien pour que ça change. "How Are You True" sonne pas mal du tout, sans casser des briques. Un certain manque de fond global reste à déplorer, mais les mélodies sont mieux fichues qu'auparavant. En définitive, seule "Sweetie Little Jean" est un peu répétitive et simpliste.

Il est incontestable que nos jeunes éléphanteaux sont enfin sortis de leur magasin de porcelaine pour investir des grands espaces plus conformes à leur gabarit. C'est tout à leur honneur. Tout ceci est cependant très alternatif et plaira avant tout aux aficionados du son cradingue des sixties du type garage. Je marque cependant d'un 3 fort honorable cette livraison parfaitement recommandable.