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ROCK PROGRESSIF  |  STUDIO

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David GILMOUR - On An Island (2006)
Par MARCO STIVELL le 17 Janvier 2011          Consultée 9012 fois

Alors que la performance courte mais enthousiasmante des quatre membres du Pink Floyd mythique réunis au Live 8 en 2005 (le temps de quatre chansons) amène tous les fans à rêver plus que jamais d'une vraie renaissance du groupe et de projets futurs, David GILMOUR annonce que rien n'est encore fait et qu'il préfère se consacrer à ses projets solos. Dommage pour les uns ou les autres, mais grand bien lui en a quand même pris puisqu'un an après le concert du Live 8, il nous offre On an Island, sans aucun doute sa plus belle réalisation en solo. Grand bien financièrement aussi puisque ce disque dépasse largement les deux précédents réunis en termes de succès, en devenant numéro un dans les charts de nombreux pays. L'effet Live 8 ? Peut-être. En tout cas, les acheteurs ne s'y sont pas trompés.

Pour cette oeuvre superbe, David joue d'une multitude d'instruments, parfois presque seul ou seul tout court selon les morceaux. Il a écrit toutes les musiques seul, aidé par sa compagne Polly Samson pour les textes mis à part pour "Where We Start". En dehors de cela, on trouve son vieux compagnon Richard Wright, seule autre marque 'floydienne' pour On an Island, et en 2010, on écoute ce dernier avec encore plus d'émotion puisqu'il est le dernier disque original à comporter la marque de Richard, décédé fin 2008 d'un cancer, ce qui raye ainsi tout espoir de voir le PINK FLOYD mythique renaître un jour. David parlera de lui comme du musicien le plus gentil et humble qu'il ait connu.

Richard n'est en réalité présent que sur deux titres, "On an Island" (orgue Hammond) et "The Blue" (chant). Pour le reste, on note d'autres invités de grande, très grande marque à commencer par Robert Wyatt de feu SOFT MACHINE (sur "Then I Close my Eyes"), David Crosby et Graham Nash (sur "On an Island") ainsi que des musiciens de studio très réputés comme Guy Pratt (également ex-musicien de scène de PINK FLOYD), Phil Manzanera, Caroline Dale, Andy Newmark, Ged Lynch, Chris Lawrence.

Ce disque est marqué par une atmosphère que l'on connaît déjà très bien, et qui reste toujours exquise, même près de trente-trois ans après. Le début instrumental "Castellorizon" est, en dehors des séquences annonçant les différentes chansons (le saxophone, l'harmonica basse), un solo de guitare gilmourien pur jus, fort, émouvant, tel qu'on ne l'avait plus entendu depuis "Marooned" et tout The Division Bell (si on ne compte pas P.U.L.S.E. qui est un live bien évidemment). L'autre détail 'déjà entendu' mais qui fonctionne toujours, c'est le tempo de batterie floydien : souvenez-vous de "Shine on you Crazy Diamond" et de "Eclipse". Ajoutez-y des ambiances à la "Breathe", et vous obtienez les superbes "The Blue" et "On an Island" (et aussi "Where We Start" mais ça c'est à la fin). Quel plaisir d'entendre ce son, son d'ensemble et pas que celui de la guitare, après tant d'années ! La pochette ne nous a pas menti, David GILMOUR nous fait entrer dans son univers personnel, distille chaque note avec pureté et élégance. Petit détail toutefois, la guitare qui s'énerve un petit peu à la fin de la chanson-titre.

... Et qui donne un indice pour le morceau suivant. "Take a Breath" et ses choeurs mécaniques tombent sur nous tels un cheveu sur la soupe ou bien une sorte de 'réveil' qui a, bien loin de chercher à nous enthousiasmer après la lenteur du début du disque, la simple fonction de nous mettre en haleine pour quelque chose de plus caractériel, nuancé. Je donne les deux cas, car chaque auditeur se trouve dans l'un ou l'autre, mais il est aussi possible de passer de l'un à l'autre. Pour ma part, je suis passé du cheveu sur la soupe à l'autre cas, trouvant au final ce passage plus rock fort sympathique et bien que dénotant avec le reste, appréciable surtout encore une fois pour les parties de guitare. Dans le genre surprenant, on rencontre aussi "This Heaven", moment purement bluesy qui a de quoi dérouter, mais que l'on aurait tort de bouder définitivement après la première écoute du disque. Les deux chansons sont séparées par le très bel instrumental "Red Sky at Night", sur lequel David nous fait part de l'un de ses talents jusque là insoupçonnés : son jeu plus que correct de saxophone alto.

Mais le plus beau de On an Island réside dans sa dernière partie. On retrouve sur chacun des morceaux la patte sensible gilmourienne, mais à son paroxysme par rapport à tous les autres titres de l'album, voire même ceux des albums solos précédents. GILMOUR est un sacré rockeur, mais sa guitare joue sur deux tons, et lorsque c'est le romantisme du coeur qui parle sur une ballade, cela vaut bien pour moi dix soli de "Time" (aussi génial soit ce dernier). Sur cette partie-là, la musique représente ce que le guitariste peut offrir de mieux, avec cela d'originalité qu'il a choisi de faire intervenir des instruments comme le cornet de Robert Wyatt, le cumbus (sorte de banjo turc) et la harpe. C'est ainsi que "Then I Close my Eyes", "Smile", "A Pocketful of Stones" et "Where we Start", indissociables les uns des autres, terminent ce disque de manière plutôt douce, pleine de rêverie et de romantisme. Sans doute cela vient-il du bonheur amoureux ? Car déjà présente au piano sur "The Blue", Polly Samson a été invitée par son mari à chanter à ses côtés sur "Smile", et l'image du livret où on les voit tous les deux de dos marcher main dans la main illustre parfaitement cette sublime chanson qu'est "Where we Start". Voilà de quoi nous donner l'envie de 'smiler', à nous aussi.

En tout cela, ce troisième disque solo de David GILMOUR, qui reste avec Richard WRIGHT le membre de PINK FLOYD pour lequel j'ai le plus d'estime, vous est vivement recommandé par mes soins, à vous qui cherchez une musique propice à vous évader d'un quotidien pas toujours facile. Imaginez-vous au contact de l'eau. Fermez les yeux et écoutez.

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   MARCO STIVELL

 
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   (2 chroniques)



- David Gilmour (chant, guitares, basse, ...)
- Richard Wright (orgue hammond, chant)
- Phil Manzanera (piano, claviers)
- Andy Newmark (batterie)
- Rado Klose (guitare)
- Guy Pratt (basse)
- Chris Thomas (claviers)
- Caroline Dale (violoncelle)
- Chris Laurence (contrebasse)
- Chris Stainton (orgue hammond)
- David Crosby (chant)
- Graham Nash (chant)
- Jools Holland (piano)
- Polly Samson (piano, chant)
- Ged Lynch (batterie)
- Leszek Mozdzer (piano)
- Georgie Fame (orgue hammond)
- Robert Wyatt (cornet, percussions, chant)
- Alasdair Malloy (harmonica)
- Willie Wilson (batterie)
- Lucy Wakeford (harpe)


1. Castellorizon
2. On An Island
3. The Blue
4. Take A Breath
5. Red Sky At Night
6. This Heaven
7. Then I Close My Eyes
8. Smile
9. A Pocketful Of Stones
10. Where We Start



             



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