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ROCK PSYCHÉDÉLIQUE  |  STUDIO

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1964 Five Live Yardbirds
 

- Style : The Purple Helmets , Les Variations, Cream, The Crawdaddys , The Shadows Of Knight , The Pretty Things , The Animals , Them, Led Zeppelin
- Membre : Jeff Beck , Eric Clapton
- Style + Membre : Pretty Things/yardbird Blues Band

The YARDBIRDS - Little Games (1967)
Par LONG JOHN SILVER le 22 Octobre 2016          Consultée 2503 fois

La disco des YARDBIRDS, groupe qui n’exerce plus dès avant la fin des 60’s, ne contient que peu d’albums : trois*. Et même deux si on ne prend en considération que les disques enregistrés en studio. Little Games est le dernier d’une courte liste : le groupe, son management du moins, a privilégié les singles. Jeff Beck qui avait pris le poste encore fumant de Clapton opte pour une voie solo, Jimmy Page est promu capitaine, rôle dévolu au guitar hero au sein de cette formation pré-swinging London. Rappelons que Jeff BECK en a aussi eu marre de faire de la pop, marre du groupe, comme TOUT bon guitar hero caractériel (pléonasme ?) qui se respecte. CREAM et Jimi HENDRIX ont sorti les crocs du blues en sonnant psyché, FLEETWOOD MAC prend son envol, TASTE tente d’en faire autant. On se doute que Jimmy Page n’a pas l’intention de laisser ces aiglons plus ou moins fiers, taciturnes ou redoutables plomber tout ce qui bouge sans rien faire. Venu pour succéder à Paul Samwell-Smith à la basse, le voilà désormais seul maître (six-cordiste) à bord. Même si après Clapton et Beck. Surtout qu’il s’est fait un ami, le nouveau manager du groupe – renouvellement des cadres oblige - : le redoutable Peter Grant.

Cependant captain Jimmy doit - avant de pouvoir réaliser pleinement ce qu’il a en ébauche à l’esprit - se heurter à deux écueils : le producteur désigné, Mickie Most, ainsi que le peu de temps imparti pour boucler le LP réglementaire qu’on publiera dans la foulée, une fois les séances finalisées. Mickie Most est un producteur indépendant qui a connu une période de succès comme chanteur en Afrique du Sud avant de rouler sa bosse comme technicien en Angleterre. Il a oeuvré pour les NASHVILLE TEENS ou encore DONOVAN, se désintéresse du format long, ne jure que par le single. Format envers lequel Jimmy - pourtant présent sur pas mal de hits des 60’s – n’éprouve pas grande sympathie. On imagine que Page a dû mettre un mouchoir sur ses désirs, au sein d’une formation dont l’essence pop avait fini par faire fuir God himself**. Or Mickie Most, nonobstant IRON BUTTERFLY ou les DOORS qui sont déjà sur place aux USA, produit l’album comme au bon vieux temps de Revolver, les guitares carillonnent pareil qu’en 1966. Ce qui ne fait – vu d’ici - que dater de l’année de l'année précédente. Déjà, une éternité en pleine période d’accélération créative que furent ces années-là. Bientôt, le plomb fondra sur la tête des kids, mais ce ne sera pas vraiment en « référence à », sûrement moins « au nom de » l’objet ici analysé.

Jimmy Page a souvent comparé les titres de Little Games à des démos. Si on considère que l'enregistrement de son contenu a nécessité – seulement - trois jours, cela s’entend. Alors qu’on a fait appel à des sessionmen (dont John Paul Jones) pour boucler le boulot***. Soyons précis : les requins qu'on appelle sont davantage mis à contribution pour les titres hors album désignés comme singles, auxquels on alloue toute une journée de session en les complétant d’un titre emprunté au LP en face B. Lui-même (Page) se chargera d’affermir - après les YARDBIRDS - des postures – alors hésitantes –, entouré par des camarades adéquats. S’illustre déjà cette manie qu’il prend de repiquer des titres entiers, arrangés par ses soins, pour s’en attribuer les crédits. C’est le cas avec « White Summer ». Deux ans avant « Black Mountain Side », il adapte – et en profite pour signer - cette splendide pièce folk acoustique qui résonne au son des tablas. Notons que ce thème sera recyclé en 1971, via le titre « Over The Hills And Far Away ». Le rapt se fait en bande organisée pour « Drinking Muddy Waters », qui n’est autre qu’une redite de - en hommage à - « Rollin’ And Tumblin’ », que joue également CREAM. « Smile On Me », aussi signée par le groupe, provient en réalité du répertoire caverneux de HOWLIN WOLF. Ce morceau est l’ébauche de "Killing Floor" que Page transformera - sous peu - en « The Lemon Song ». On entend ici les solos les plus inflammables du disque. Le titre éponyme, « Little Games » – également son unique single –, a été pourvu par des song doctors d’époque, une première pour les YARDBIRDS depuis 1965. Il s'agit d’un titre instantanément accrocheur - on pressent que Most a voulu de l’impact en plus du mordant - qui fait penser aux WHO par sa tonicité. Le charme opère, même si on parle des WHO de 1965, du coup. Autre instant choisi sur catalogue, « No Access Bagage » revient au minimalisme pop presque plus ancien, ça reste frais. Cependant, la chanson ne casse pas des briques. « Stealing Stealing », autre emprunt reconnu, au folk/blues rural cette fois, est un envoi burlesque qui appelle les spiritueux plutôt que les opiacés.

Tout le reste du disque est a priori issu de la seule plume des membres du groupe. On le sait, les YARDBIRDS ne possèdent pas en leur sein de compositeurs de la trempe de ceux qui fournissent le matériau des KINKS, des WHO, des STONES, sans parler des BEATLES. Le collage psychédélique « Glimpses » impressionne néanmoins, ce titre qui finit crescendo est (pour partie) constitué de chutes de « Still I’m Sad »***, le recyclage ne manque pas de panache ni de superbe. « Only The Black Rose » est un instant clair, folk et planant. N’oublions pas que l’époque nage dans le Summer of Love, que JEFFERSON AIRPLANE laisse également diffuser un parfum de pop naïve. « Tinker, Tailor, Soldier, Sailor » trace à nouveau les pas des WHO, Jimmy y sort l’archet ! L’effet est superbe, la chanson moins remarquable. On comprend mieux Page quand il parle de démos : la plupart des titres auraient gagné à être remaniés, complétés, corrigés ou amendés. On conclut avec « Little Soldier Boy », où les produits illégaux supplantent probablement l’alcool pour l'effet burlesque, c’est à la fois kitsch et marrant, ça a aussi son charme.

Ajoutons, afin d’être un poil exhaustif, que le groupe retrouve Mickie Most » dans le courant 1967 ; afin de graver quelques singles. Où l’on note la participation de Rick Nielsen aux claviers lors des séances ! On tape pile poil dans la (Jasper Lee) pop : « Ha ! Ha ! Said The Clown » et « Ten Little Indians » sont à nouveau des adaptations. Des deux, la seconde (écrite par Harry NILSSON) se démarque par sa progression oppressante, la première est tout de même extrêmement kitsch. En 1967, les YARDBIRDS sont coupés en deux, avec d’un côté un chanteur – Keith Relf – qui possède le timbre de voix d’un pop-singer et de l’autre Jimmy Page qui se découvre des ambitions interplanétaires. Porté par la vague du British Blues dans sa mouvance la plus sombre, la plus lourde. On peut déjà l’entendre forger l’œuvre au noir, entouré par les YARDBIRDS, sur les enregistrements live de « I’m Confused », qui deviendra « Dazed And Confused »****. Soit un titre qu’il a chipé à Jack Holmes. Jimmy paraît peut-être jeunot si on écoute Little Games, c’est déjà un type roué, quasiment un vieux briscard. Il se prépare activement : son prochain essai en vol mettrait les 60’s psyché sur les genoux, le ferait amiral. Keith Relf et Jerry McCarty s’en vont de leur côté fonder le groupe prog/folk RENAISSANCE, pour mieux l’abandonner à d’autres assez vite. Chris Dreja, un temps pressenti pour faire partie des NEW YARDBIRDS, préfère changer de métier. Mickie Most, quant à lui, n’a pas commis les mêmes erreurs de discernement en produisant - peu après Little Games - Truth (1968) puis Beck-Ola (1969) : deux pierres angulaires du blues rock abrasif et plombé signés du Jeff BECK GROUP. On y trouve – entre autres – « Beck’s Bolero », face B (devenue culte) d’un single de 1967, une ode à la gloire du grand Jeff, écrite par Page, sur laquelle John Paul Jones est également bien présent. Le Dirigeable est en préparation.

* Un album revival sera publié en 2003, seul Jeff Beck s'y est prêté, parmi les anciennes gâchettes
** Eric Clapton quitte le groupe juste après avoir enregistré « For Your Love » (1965)
*** Face B de singles publiés en 1965
*** sur Led Zeppelin « I » (1969)

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   LONG JOHN SILVER

 
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- Jimmy Page (guitare)
- Keith Relf (chant, harmonica, percussions)
- Chris Dreja (basse, choeurs)
- Jim Mccarty (batterie, choeurs)
- +
- Bobby Grames (batterie sur 1)
- John Paul Jones (basse sur 1 et 7)
- Chris Karan (tabla sur 3)
- Ian Stewart (piano sur 6)
- Dougie Wright (batterie sur 1)


1. Little Games
2. Smile On Me
3. White Summer
4. Tinker, Tailor, Soldier, Sailor
5. Glimpses
6. Drinking Muddy Waters
7. No Excess Bagage
8. Stealing Stealing
9. Only The Black Rose
10. Little Boy Soldier



             



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