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BLUES  |  LIVE

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1964 Five Live Yardbirds
 

- Style : The Purple Helmets , Les Variations, Cream, The Crawdaddys , The Shadows Of Knight , The Pretty Things , The Animals , Them, Led Zeppelin
- Membre : Jeff Beck , Eric Clapton
- Style + Membre : Pretty Things/yardbird Blues Band

The YARDBIRDS - Five Live Yardbirds (1964)
Par LONG JOHN SILVER le 22 Février 2015          Consultée 3106 fois

Londres 1963, son smog légendaire avec le soleil qui se lève pour pisser sur Big Ben pendant que les badauds s’entassent dans les autobus à étage pour aller bosser tous les matins que Dieu fait.*
La jeunesse elle, née pendant la guerre ou bien juste après, élevée dans la tradition à coup de tickets de rationnement quand ce n’est pas de trique (les deux n’étant, hélas, pas incompatibles), rêve d’un ailleurs fantasmé au son de musiques américaines qui la font danser et oublier. Le soir on s’entasse dans les clubs de jazz, lesquels se verront rapidement supplantés par ceux qui diffusent la « mère des musiques » : le Blues.**
Au même moment, la révolution qui est en marche vient de la prolétaire Liverpool, la capitale se doit de réagir, des aventuriers qui ont flairé le bon filon se lancent dans la voie ouverte par Brian Epstein or le vivier de talents est en pleine bourre, on trouve un musicien presque derrière chaque porte.
Deux érudits et vénérables chefs d'orchèstres vont rapidement faire office de mentors auprès des jeunes générations : John Mayall et Alexis Korner. Loin de snober ces apprentis, ils vont les accueillir à bras ouvert, en les hébergeant parfois mais surtout en leur donnant une chance de se produire devant leur public, leur transmettant au passage quelques rudiments fort utiles pour la suite.
Un autre larron entre en scène, celui-ci n’est pas musicien, il est patron de club et choisit de se lancer dans le management au moment où le groupe qui foule les planches de son établissement commence à faire un sacré buzz, son nom : Georgio Gomelsky, propriétaire du Crawdaddy Club où les ROLLING STONES se produisent en résidence.
Sauf qu’il n’en profitera pas très longtemps, puisqu’un plus malin que lui vient lui chiper les pierres précieuses. Le club doit tourner, il faut trouver des remplaçants au pied levé, ça tombe bien les YARBIRDS, formation rythm and blues, sont prêts à assumer la relève d’autant plus qu’ils vont rapidement dégotter un atout maître : un guitariste soliste qui ne demande qu'à passer pro, Eric « Slowhand » Clapton.

Clapton est par ailleurs un jeune homme bourré de principes, c’est un puriste du Blues. Il ne s’en vante pas mais il n’imagine à aucun moment qu’il va rester très longtemps avec ce groupe qui sonne selon ses propres termes trop « jeune et blanc » voire même « faiblard » en studio. En revanche il adore donner des concerts.
Et comme pour lui donner raison, Georgio Gomelski, après avoir mis ses troupes à l’épreuve derrière Sonny Boy Williamson, choisit de leur faire enregistrer leur premier album sur les planches du Marquee Club de Londres. Le répertoire des YARDBIRDS est alors uniquement constitué de reprises, chose courante pour l’époque, l’évangélisation des masses à coup de standards « blacks » peut se poursuivre.
Nous sommes le 13 mars 1964, un speaker présente le groupe et chacun de ses membres. Début du concert.
Et ça commence très très fort avec « Too Much Monkey Business » joué pied au plancher, le son est brut de pomme à cidre anglais, carrément rude, avec une basse qui résonne un peu trop dans les baffles. Clapton nous gratifie d’une intro et de deux soli à couper le souffle, les gars sont à bloc, l’auditeur scotché par tant de bravoure et d’intensité.
S’ensuivent deux blues au tempo plus lent, « I Got Love If You Want It » et « Smokestack Lightning » où l’harmonica prend l’ascendant pendant que les musiciens s’emploient à faire un maximum de bruit en arrière plan, le son étant toujours aussi cracra. Le beat accélère de nouveau sur « Good Morning Little Schoolgirl » (chantée par Clapton et Samwell-Smith) et « Respectable », la guitare lead reste une fois de plus en retrait et tout cela vire au joyeux bordel, avec amplis et potentiomètres au bord de l’explosion.
Fin du premier acte, on respire un grand coup. Retour du speaker.
« Five Long Years » ouvre la face 2, ce blues a été depuis repris maintes fois par Mr Slowhand sur scène (et sur l’album « From The Craddle »), d’ailleurs il se fend ici d’un solo digne de ce nom, le premier depuis l’ouverture du disque.
« Pretty Girl » lui succède sur un mode enjoué, on s’amuse, l’énergie est palpable néanmoins on retiendra davantage « Louise » où harmonica et guitare dialoguent, s’entremêlent pour notre plus grande joie.
« I’m A Man » et « Here ‘Tis » deux extraits du répertoire de Bo Diddley sont alignés pour clore la soirée comme elle a commencé : en trombe. La basse mouline à plein régime, batterie et percussions entament une gigue épileptique sur un final dantesque, le public frappe dans ses mains à s’en faire péter les capillaires… déluge d’applaudissements et fin du show obligatoire sans quoi les plombs ne vont pas tarder à sauter et on risque fort de finir à la bougie ou autour d’un feu de camp à chanter du folk. Le speaker hurle une ultime fois dans le micro le nom des vandales qui ont failli priver le quartier d’électricité.

Et Clapton deviendra God.
Mais pas tout de suite, il faudra d’abord qu’il change de crémerie, chose qu’il avait quelque peu préméditée. Curieusement Gomelsky, ne le sachant pas vraiment heureux par la tournure qu’allait prendre la carrière des YARDBIRDS, lui donnera sa bénédiction.
En attendant ledit Gomelsky auto-bombardé producteur de cet album aurait peut-être été plus inspiré d’engager un professionnel pour occuper pareille fonction, le son étant franchement très limite. D’autant que les gars ne faisaient pas semblant une fois sur scène.
D’autres pourraient arguer que l’authenticité est à ce prix…Mouais.
Il n'en reste pas moins que ce disque sonne comme un pirate, ce qui n'est pas tout à fait pour me déplaire au bout du compte.
« Five Live Yardbirds » est désormais entré dans la légende du Rock, laquelle fut ici imprimée par cinq blanc becs qui voulaient jouer du Blues comme les noirs mais qui posent ça et là les fondations d’une musique, au son et au groove bien plus rude -Le hard rock- qui enverra son faire-part de naissance en fin de décennie sous la houlette du troisième soliste de l’embarcation. Lorsque celui-ci la quittera et optera pour la voie aérienne.

* Si la légende dépasse la réalité...
** Affirmation fort contestable mais toutefois bien utile dans le cas présent

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   LONG JOHN SILVER

 
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- Eric Clapton (guitare lead, chant)
- Chris Dreja (guitare)
- Jim Mccarthy (batterie)
- Keith Relf (chant, harmonica, maracas)
- Paul Samwell-smith (basse, chant)


1. Too Much Monkey Business
2. Got Love If You Want It
3. Smokestack Lightning
4. Good Morning Little Schoolgirl
5. Respectable
6. Five Long Years
7. Pretty Girl
8. Louise
9. I'm A Man
10. Here 'tis



             



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