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BLUES ROCK PSYCHé POP  |  STUDIO

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1964 Five Live Yardbirds
 

- Style : The Purple Helmets , Les Variations, Cream, The Crawdaddys , The Shadows Of Knight , The Pretty Things , The Animals , Them, Led Zeppelin
- Membre : Jeff Beck , Eric Clapton
- Style + Membre : Pretty Things/yardbird Blues Band

The YARDBIRDS - Yardbirds (roger The Engineer) (1966)
Par LONG JOHN SILVER le 17 Mars 2016          Consultée 3878 fois

Choisis pour être les successeurs des Stones chez Georgio Gomelski, formés (comme les ANIMALS) à la rude école du Chicago Blues par Sonny Boy Williamson II avant d’enregistrer une poignée de singles et un disque Live, les YARDBIRDS perdent rapidement leur atout maître, Eric Clapton déjà demi-dieu. Le motif officiel de son départ étant l’enregistrement du premier hit de leur carrière, le single « For Your Love » publié en mars 1965. Pas du Blues, non, de la Pop et c’en est trop pour slowhand qui s’en va. Or Gomelski ne voit pas les YARDBIRDS rester sur la voie du Blues puriste, le son pop offrant des ouvertures qu’il devient salutaire d’explorer, notamment en Angleterre où le nombre et la qualité des collègues musiciens ne fait que croître. Le départ du soliste ne le contrarie en fait pas vraiment, il demande à Page de le remplacer, qui refuse mais le tuyaute sur un certain Jeff Beck, alors inconnu. Deux jours après le départ de Clapton, Beck est déjà présent sur scène. Les gars pensaient être débarrassés d’un caractériel, ils n’aillaient pas être déçus. Déjà, ils partent (enfin) jouer aux States. S’ensuit une pléiade de singles enregistrés sur plus d’une année mais pas vraiment d’album*, alors que les BEATLES, DYLAN et plus récemment, les BEACH BOYS, les STONES, les WHO, ont tous sérieusement commencé à s’approprier un format qui était à la base un standard demandé par le marché US.

Cependant, la signature des membres du groupe a commencé à poindre dans les crédits, celle du bassiste Paul Samwell-Smith notamment qui prend ses marques aux arrangements et vers la production. L’autre bouleversement tient en deux mots : Jeff Beck. Si ce n’est que Gomelski, aussi producteur, sera parvenu à limiter au maximum son influence. « Shapes Of Things », aura tout de même permis de dévoiler le pot aux roses. Ce single pop psyché, sorti début 1966, écrit par le trio Samwell-Smith/Relf/McCarthy, laissait Jeff explorer l’espace à coup d’effets fuzz dont la stridence restait contenue sur son final. Au moment de se lancer dans l’enregistrement de leur véritable premier LP en studio, Paul Samwell-Smith succède à Gomelsky sur le siège de producteur, accompagné par Simon Napier Bell, lequel prend également la place de manager de l’excentrique Georgio qui se fait donc piquer les YARDBIRDS, comme il s’était fait piquer les STONES !

Libéré de cette tutelle, le groupe va aussi s’affranchir du cadre strictement pop tout en conservant la dynamique psyché qui se profilait dans sa musique. Quand BECK prend possession des lieux, il dynamite le son par ses éruptions de soliste. Il joue très fort, devenant le moteur qui emballe le groupe sur des séquences où l’agressivité alourdie d’électricité orageuse fleurerait parfois presque le Heavy Metal à venir. Non pas que les YARDBIRDS ère Clapton fussent incapables de produire de l’intensité – c’est même tout l’inverse - mais là elle prend une ampleur inédite. BECK est d’abord moins fluide que CLAPTON mais ô combien plus incisif, plus rugueux, et surtout il est inventif, ne se limitant pas au seul registre du blues (qu’il vénère tout comme le rock’n’roll), explosant le plus possible les velléités pop de ses collègues et producteurs.

Dès l’entame « Lost Woman », un blues coléreux, on sent la volonté de faire mal, de lâcher ses coups, appuyé par un collectif sous-tension. La fameuse intensité dont sont capables les YARDBIRDS est exposée d’emblée. D’ailleurs, le blues reste prégnant sur ce disque entièrement signé par tous les membres du groupe. Difficile néanmoins d’affilier l’album à un genre en particulier, à la fois blues, rock et psyché, teinté folk et pop entre épure et instants de furie quand Jeff BECK balance la foudre.

D’emblée, on a pris la foudre avec « Lost Woman », puis ce sera le tonnerre « Over Under The Sideways Down », un futur single, de la pop assez entêtante mais électrisée dès son entame par sieur BECK. « The Nazz Are Blue », chantée par le même, est un boogie rock lancé au moment où STATUS QUO n’est qu’une formation pop en devenir et ZZ Top même pas au stade de projet. On revient vers un blues plus roots, plus « Claptonien », avec le riff de « Racket My Mind » qui s’enflamme dès son refrain, toujours dans le sillage de l’inévitable guitar hero. Bien entendu, il se lâche sur « Jeff’s Boogie », un instrumental bourré de surprises où il livre la panoplie des saillies guitaristiques rockab’ les plus périlleuses. On comprend pourquoi Brian SETZER a apprécié. « He’s Always There » au riff pêchu repose sur une ambiance tendue par un güiro du meilleur effet. Là-dessus, le soliste joue plutôt collectif tout en ménageant ses attaques pour le court final. De même l’incisif « What Do You Want », porté par une basse bondissante, monte en intensité avant de laisser le champ libre à l’ombrageux Jeff.

Cependant, la facette pop des YARDBIRDS qui déplaisait tant à slowhand est également très présente sur cet opus. Elle se teinte ici de psychédélisme, entre pinte et patchouli, sur les chœurs de « I Can’t Make Your Way », une chansonnette pervertie (entre autres) par BECK qui tisse sa toile en fond de mix. On replonge dans l’ambiance ritournelle sur « Farewell », une mélodie simplette prétexte à laisser flâner les esprits. On retrouve l’ambiance éthérée de « Still I’m Sad » sur « Turn Into Earth », le goût pour les grands espaces presque nus, le timbre de voix de Relf y fait merveille, la mélodie est assez linéaire, c’est l’ambiance qui prime. L’album s’achève avec « Ever Since The World Began », ça se pose là comme titre. On dirait avoir affaire à un disque de Metal héroïque, mais si le début volontairement emphatique de la chanson possède une certaine lourdeur, cela a peu à voir avec ce qui adviendra longtemps après, d’autant qu’en son milieu le titre part dans une toute autre direction bien plus dansante et pop. Au milieu de toussa, on déniche également « Hot House Of Omargarashid », une dinguerie amusante qui sent très fort tout ce qui peut tomber sous la main dans une fête open bar. Je vous laisse imaginer.

Roger The Engineer** n’est pas à proprement parler un album abouti. Il témoigne des belles audaces de production prises par Samwell-Smith. Les titres ne sont pas tous mémorables – ces gars-là ne sont pas des songwriters expérimentés – et si Jeff est déjà grand, quelques scories sont restées gravées, notamment sur le court solo final de « The Nazz Are Blue ». Peu importe ce dernier point qui interpelle surtout les musiciens, le disque n’est pas si loin de renverser la table, tant il est pétri d’avancées. Certes, c’est avant tout Jeff BECK qui est la star dans l’affaire, ne serait-ce que parce qu’il parvient à imprimer un style complétement original à la musique. Et puis, quel guitariste ! Franchement, il surclasse tout le monde au moment précis où sort Roger The Engineer.
Immédiatement après avoir bossé sur cet opus, Paul Samwell-Smith choisit de raccrocher. Il a pris goût à la production. Lors des séances de studio suivantes, Jimmy PAGE vient tenir la basse sur le titre « Psycho Daisies » puis la guitare avec Beck et Dreja sur le futur single « Happenings Ten Years Time Ago »… avec John Paul Jones à la basse ! Dreja va vite prendre la quatre cordes et Jimmy les commandes des YARDBIRDS, BECK ayant – comme CLAPTON avant lui – d’autres envies. D’ailleurs, Eric ronge son frein. Il s’apprête à donner une réplique massive à l’insolent Jeff en convoquant les forces telluriques chez CREAM.


*Having A Rave Up With The Yardbirds est un mic-mac entre enregistrements studios avec Beck et le EP Live avec Clapton Five Live Yardbirds, lui-même extrait du LP du même nom.
** Roger The Engineer n’est pas le titre officiel de cet album qui est Yardbirds. Il fut appelé ainsi à cause de la mention du dessin de pochette de Chris Dreja représentant l’ingé son Roger Coleman de façon humoristique. Ajoutons à cela qu’aux USA ce même album est paru avec le titre de son single Over Under The Sideways Down.

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   LONG JOHN SILVER

 
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- Keith Relf (chant, harmonica)
- Jeff Beck (guitare,chant sur 3, basse sur 2)
- Paul Samwell-smith (basse, choeurs)
- Jim Mccarthy (batterie, percussions, choeurs)
- Chris Dreja (guitare, piano, choeurs)


1. Lost Woman
2. Over Under Sideways Down
3. The Nazz Are Blue
4. I Can't Make Your Way
5. Rock My Mind
6. Farewell
7. Hot House Of Omagarashid
8. Jeff's Boogie
9. He's Always There
10. Turn Into Earth
11. What Do You Want
12. Ever Since The World Began
13. Happenings Ten Years Time Ago (bonus)
14. Psycho Daisies (bonus)



             



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