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BLUES ROCK PSYCHé  |  STUDIO

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1964 Five Live Yardbirds
 

- Style : The Purple Helmets , Les Variations, Cream, The Crawdaddys , The Shadows Of Knight , The Pretty Things , The Animals , Them, Led Zeppelin
- Membre : Jeff Beck , Eric Clapton
- Style + Membre : Pretty Things/yardbird Blues Band

The YARDBIRDS - On Air: Original Bbc Recordings (1991)
Par LE KINGBEE le 4 Novembre 2023          Consultée 845 fois

Edité tardivement en 1991 par le label Band Of Joy sous forme d’un double vinyle et sous le format CD, ce recueil retranscrit 27 titres (dont un doublon) enregistrés pour la BBC lors de sept sessions s’étalant entre le 25 mars 1965 et le 16 mars 1968, soit une période de trois ans durant laquelle le groupe connaît quelques changements de personnels et une période de turpitudes.
Si le compilateur dresse une intéressante illustration sur les fondations du groupe, sorte d’arbre généalogique, il nous semble approprié de résumer en quelques dates l’histoire des YARDBIRDS, nom tiré d’une expression argotique militaire américaine signifiant 'Tire-au-flanc', groupe précurseur du registre Blues Rock.

En 1963, les YARDBIRDS voient le jour sur les cendres du Metropolitan Blues Quartet, Eric Clapton remplaçant le guitariste Tony Topham. Le combo s’articule alors autour du guitariste Chris Dreja, Paul Samwell-Smith (basse), Jim McCarty (batterie) et Keith Relf (chant, harmonica). En décembre, le groupe sert de backing band à Sonny Boy Williamson et devient le groupe attitré du club Crawdaddy, prenant la place des ROLLING STONES. Si le groupe connaît une certaine réussite, le carton n’arrive vraiment qu’en 1965 avec le hit "For Your Love", compo de Graham Gould (futur Ten CC). Les HERMAN’S HERMITS s’empressent d’en faire une première version sous la houlette de Micky Most, mais la version des YARDBIRDS gagne le cocotier en montant sur la 3ème marche des charts anglais tout en obtenant un beau 6ème rang aux Etats-Unis. Le succès connaît parfois de curieuses vicissitudes, mécontent de l’orientation qu’il juge trop Pop, Clapton quitte le groupe pour rejoindre les Bluesbreakers de John MAYALL. Alors que l’arrivée de Jimmy Page est envisagée, c’est Jeff Beck qui complète le groupe, contribuant à apporter un soupçon de Rock Psyché. En 1966, Samwell-Smith quitte ses potes, Jimmy Page rappelé se charge de la basse alors que Beck en pleine déprime quitte le groupe dix mois plus tard. Page officie alors à la guitare tandis que Dreja passe à la basse. Le début de la bérézina, le groupe vivote pendant un an avant que Keith Relf et Jim McCarty ne rendent les armes pour fonder RENAISSANCE en compagnie de John Hawken (ex-Nashville Teens) et de Jane Relf, la sœur du chanteur. En octobre 1968, le groupe en proie à de multiples tensions allait exploser. The New Yardbirds monté en urgence par Page ne résisteront pas plus de trois mois à l’usure du temps avant que le guitariste ne fonde LED ZEPPELIN, autre acteur majeur du Rock British. Aujourd’hui, après maintes reformations, nouveaux disques regroupant d’étranges line-up, annonces de concerts aux quatre coins de Londres, les YARDBIRDS ne sont plus qu’une franchise qui fait bondir le cœur d’admirateurs nostalgiques.

Chers lecteurs, si vous parcourez les chroniques de mon éminent collègue Long John Silver, vous vous apercevrez qu’il n’hésite pas à affubler les YARDBIRDS de diverses étiquettes passant du Blues, au Blues-Rock pour finir par le Rock Psyché avec zestes de Pop. Cela retranscrit parfaitement le répertoire et l’évolution d’un combo initialement influencé par le Blues venu d’Amérique puis déviant vers un Blues Rock pâtiné de Psychédélisme précurseur d’un Heavy Blues, à l’instar de CREAM de leur ancien équipier Eric Clapton.

Edité en 1991 avec une pochette peu gratifiante dévoilant un certain parti-pris, seuls quatre membres sont présents sur un visuel d’orientation Psy, ce double-album connaît au fil des ans plusieurs rééditions avec des pochettes bien plus captivantes et plus proches du courant sixties. Néanmoins, ces 26 pistes permettent pleinement de retracer l’univers et le développement d’un groupe emblématique du British Blues. Chose rare chez les Anglais, le compilateur incorpore une chronologie aussi précise qu’une montre suisse, toutes les pistes suivent la chronologie des sessions enregistrées par la BBC.

Les trois premiers titres captés le 20 mars 65 diffusent déjà un parfum aux multiples fragrances. "I Ain’t Got You", un intemporel de l’harmoniciste Billy Boy Arnold, diffuse un décor proche du Garage, le timbre énergique de Keith Relf, chanteur pourtant asthmatique, et son jeu d’harmonica nous entraînent vers une explosion de vitalité. Si le groupe avait utilisé un petit farfisa de type Vox, nul doute que ce titre figurerait en tête de gondole des meilleures faces Garage.
Virage à 180 degrés avec "For Your Love", titre véritablement orienté entre Pop américaine et Beat, jugé trop commercial par Clapton. Chez nous, Monty, imparable auteur du hit intellectuel "Allez les verts", adapta la chanson avec "Une fois".
Troisième et dernier morceau de cette séance avec "I’m Not Talking", un Boogie Blues du pianiste Mose Allison transformé ici dans une combinaison mêlant Blues et Garage.

Les trois pistes suivantes issues du 5 juin diffusent un patchwork quasi identique avec le stratosphérique "I Wish You Would", seconde compo de Billy Boy Arnold, dans une interprétation beaucoup plus pêchue que celles de CANNED HEAT et David BOWIE.
Second apport de Gouldman avec "Heart Full Of Soul", titre grimpant sur la seconde marche des charts anglais. La chanson résolument orientée vers une sonorité Pop demeure connue pour l’emploi d’une fuzz box, la gratte de Beck sonnant pour l’occasion comme un sitar. Si la version studio figure au générique du thriller London Boulevard, elle connaît une seconde jeunesse en 87 via une cover de Chris ISAAK.
Enfin, "I've Been Wrong" porte la signature de Keith Relf, un titre conjuguant Blues à la Chuck BERRY rythme Garage.

Les cinq titres suivants proviennent d’une session captée en août 65. Chuck BERRY est clairement à l’honneur avec "Too Much Monkey Business" dans une version bien plus virevoltante que celle des KINKS. Coécrit par le groupe, "Love Me Like I Love You" se rapproche du son des BEATLES. L’harmonica et la gratte de Beck passent la surmultipliée sur "I’m A Man", standard de Bo DIDDLEY, tandis que "Evil Hearted You", troisième création de Gouldman, lorgne sur les contours du Beat. Avec son intro de cloche et ses chœurs proches d’une oraison religieuse, "Still I’m Sad" propage un paysage hautement Psyché venant en contrepoint de l’ensemble. La voix d’un présentateur annonce avec ferveur "Hang On Sloopy" dans une orientation Pop, inférieure selon nous à celle des STRANGELOVES.

En décembre, Relf et ses potes reviennent à la BBC pour trois titres. L’harmonica tisse un rempart hypnotique sur "Smokestack Lightning", grand classique d’Howlin’ WOLF mais, encore une fois, le décor planté par le combo répand de douces émanations Psy. Une version plus entreprenante que celle de MANFRED MANN.
Retour vers un curieux mélange de Blues Psyché et de Pop avec "Mr. You’re A Better Man Than I", compo des Frères Hugg (de Manfred Mann), on a parfois l’impression que Jeff Beck tire un attelage que les autres ont du mal à suivre.
Certains resteront circonspects à l’écoute de "Train Kept A Rollin", une tuerie du Johnny BURNETTE TRIO, si la gratte entamait les hostilités sous de bons auspices, l’orchestration finit par se perdre dans des influences psy proches de la pagaille.

Si 1965 est une année charnière pour les YARDBIRDS, l’année suivante s’avère plus chaotique à tel point que la BBC n’invite le groupe que six mois plus tard. L’enregistrement de "Shapes Of Thing", inspiré au départ par une ligne mélodique d’un titre de Dave BRUBECK, allie un aspect commercial et des préoccupations à la fois anti-guerre et environnementales. Le texte, l’usage du feedback désormais bien maîtrisé par Jeff Beck et l’appui des radios anglaises permettent au titre d’accéder à la 3ème marche des hit-parades britanniques. A l’heure où ça castagne à-tout-va aux quatre coins de la planète, certains dirigeants feraient bien de se remémorer quelques passages : Shapes of things before my eyes- Will time make men more wise? -Please don't destroy these lands - Don't make them desert sands - Will I be older?
Le titre sera repris par Jeff BECK dans l’album Truth. D’autres rangeront le morceau dans leur besace (BOWIE, RUSH, Jeff HEALEY) mais on reste généralement attaché à la version initiale. "Dust My Blues", une variante du "Dust My Broom" d’Elmore JAMES, laisse le premier rôle à la slide. Idem de "The Sun Is Shining" du même Elmore James, l’interprétation évoque ici celle du futur CHICKEN SHACK. Le groupe nous immerge dans un autre univers avec "Scratch My Back?", curieusement accrédité au groupe sous prétexte d’un changement de paroles, mais il s’agit bien du tube intemporel de Slim HARPO. "Over Under Sideways Down" contient tous les ingrédients d’une mixture entre Chuck BERRY, Bo DIDDLEY et les BEATLES.

C’est le 17 mars 67 que les YARDBIRDS honorent leur 6ème et avant-dernier passage à la BBC. Trois titres sont issus de cette session. Une seconde version de "Shapes Of Things" qui n’apporte pas grand-chose sinon une disposition encore plus Pop. Ce manque d’inspiration devient flagrant avec "Most Likely You’ll Go Your Way", titre figurant dans l’album Blonde On Blonde de Bob DYLAN. Jimmy Page propose un jeu de guitare sans grande originalité, pas de fuzz, l’harmonica porté de Dylan n’est même pas remplacé par celui de Keith Relf. Ce titre censé s’inspirer de la version Garage des SONIC tombe à plat tel un soufflé sans blanc d’œuf. Malgré un soupçon de Rock Psyché, "Little Games" ne sort pas du lot, d’autant plus que les effets de réverb sont malvenus. On se demande comment cette purge de la doublette Harold Spiro (songwriter attitré Olivia Newton-John) Phil Wainman (futur producteur des Sweet et des Bay City Rollers) a pu intéresser le groupe.

La dernière session radio aura lieu à un jour près un an après le dernier passage des YARDBIRDS à la BBC. Le combo revient au Blues avec "Drinking Muddy Water" dans un registre proche ses STONES.
"Think About It" nous renvoie vers un proto Hard Blues avec intonations Psyché, Page nous offrant un solo fait d’une cascade de notes qui ne parviennent pas à cacher la forêt. AEROSMITH reprendra le morceau dans une veine Hard-Rock.
"Goodnight Sweet Joesphine" s’annonce comme une synthèse de Beat fin sixties, un titre sans grand intérêt composé par Tony Hazzard, un auteur sous contrat avec la … … BBC.
Enfin, dernier morceau avec "My Baby", titre accrédité par erreur à Garnet MIMMS en lieu et place du tandem Jerry Ragavoy/Mort Shuman. Rendons à César ce qui lui appartient. A aucun moment, le combo ne parvient à restituer la fluidité et la douceur de cette tuerie popularisée par Garnet Mimms puis par Janis JOPLIN, célèbre membre du Club des 27. Seul l’animateur radio semble être tombé sous le charme.

Comme souvent dans ce genre de recueil, il y a à boire et à manger. Les auditeurs feront le tri, mais de nombreuses versions studio issues des albums ou des singles nous semblent un ton au-dessus des sessions BBC. En dehors des changements de guitaristes leaders, ce double-album nous permet de voyager chronologiquement dans l’univers des YARDBIRDS et d’entreprendre un constat sur l’évolution du groupe. Toujours est-il que ce combo a été constitué durant différentes périodes par trois génies de la guitare, chose rare pour un combo de l’époque.

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   LE KINGBEE

 
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- Keith Relf (chant, harmonica, tambourin)
- Chris Dreja (guitare 1--21, basse 22--27)
- Jeff Beck (guitare 1 --20)
- Jimmy Page (guitare 21 --27)
- Paul Samwell-smith (basse 1 --20)
- Jim Mccarty (batterie)


1. I Ain't Got You
2. For Your Love
3. I'm Not Talking
4. I Wish You Would
5. Heart Full Of Soul
6. I've Been Wrong (aka I Ain't Done Wrong)
7. Too Much Monkey Business
8. Love Me Like I Love You
9. I'm A Man
10. Evil Hearted You
11. Still I'm Sad
12. Hang On Sloopy
13. Smokestack Lightning
14. You're A Better Man Than I
15. The Train Kept A-rollin'
16. Shapes Of Things
17. Dust My Blues
18. Scratch My Back?
19. Over Under Sideways Down
20. The Sun Is Shining
21. Shapes Of Things
22. Most Likely You Go Your Way
23. Little Games
24. Drinking Muddy Water
25. Think About It
26. Goodnight Sweet Josephine
27. My Baby



             



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