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- Style : Candi Staton

Bettye LAVETTE - A Woman Like Me (2002)
Par LE KINGBEE le 23 Avril 2020          Consultée 1547 fois

C’est marrant comme certains disques peuvent marquer plus que d’autres sans raison particulière. Celui-ci provient de chez Boogie à Levallois, Jean Pierre Arniac et Jacques Périn l’avaient dégoté en import. Il me semble bien que cet après-midi là, j’étais reparti avec des CDs de Willie KING et Little HATCH. De mémoire, j’avais dû y retourner le lendemain pour en acheter un second exemplaire pour un pote de Toulouse qui ne trouvait pas le disque. Le disque sortira plus d’un an plus tard sur CNR Records et sera cette fois-ci distribué par une Major qu’on ne nommera pas ici, preuve de la qualité artistique du recueil.

Dans un entre-filet de "L’Odysée de la Soul et du R&B", Florent MAZZOLENI déclarait : "Après des années d’oubli, la grande chanteuse Soul de Detroit, Bettye LAVETTE effectue son retour au premier plan avec son deuxième véritable album, "A Woman Like Me", qui lui vaut de retrouver les scènes du monde entier". En quelques mots, notre confrère, auteur de quelques livres forts recommandables sur la Soul Music, venait parfaitement de résumer la situation. Certes, la venue de la Diva en Hollande en 1999 suivie de la sortie du Live "Let Me Down Easy" pouvait laisser présager que la chanteuse préparait son retour en grande pompe. La réédition par CNR International allait permettre à LAVETTE d’effectuer un retour en fanfare, confirmé deux ans plus tard par "I’ve Got My Own Hell To Raise", mais encore une fois la chanteuse avait failli passer à côté du couperet de l’injustice musicale.

Cette galette replace également au premier plan Rudi ROBINSON, organiste arrangeur et premier directeur artistique de la chanteuse. L’autre indice nous plaçant sur les traces d’un disque de référence résulte dans la présence du bassiste producteur-auteur-compositeur Dennis WALKER, un gars au curriculum aussi épais qu’un bottin (Phillip WALKER, Lonesome SUNDOWN, Robert CRAY, Lowell FULSON) présent ici à la compo, à la production et derrière les consoles. Dennis WALKER et Alan MIRIKITANI▪ ont regroupé une solide équipe, tous ces accompagnateurs se sont croisés au moins une fois dans leur carrière. A croire que l’industrie du disque fonctionne sous forme de réseau. Plus connu sous le nom de BB CHUNG KING, le guitariste américano-japonais Alan MIRIKITANI a regroupé le guitariste irlando-japonais Bill MURRAY (ex-accompagnateur d’Etta JAMES pendant 20 ans, Albert KING, Frankie LEE), Mike TURNER, le bassiste Richard COUSINS (ex-John Lee HOOKER, John CAMPBELL et membre du Robert CRAY Band depuis les débuts) le batteur Lee SPATH (ex-Pee Wee CRAYTON, John CAMPBELL, Robert CRAY). La petite section cuivre s’articule autour de Tom PETERSON (ex-Doc SEVERINSEN, Leon RUSSELL, B.B KING), du tromboniste de session Bruce PAULSON (ex-Buddy RICH, Donna SUMMER, Stevie WONDER, Steve MILLER) et du trompettiste John PAPINBROOK (futur Stanley CLARKE Band). Non content de surveiller tout ce petit monde de derrière sa console, Walker a signé ou coécrit pas moins de neuf titres, MIRIKITANI lui donnant un coup de main sur trois chansons. Si vous pensez que WALKER ne suffit pas pour gérer cette belle troupe, l’organiste arrangeur Rudy ROBINSON♠ (ex-Johnnie TAYLOR, DRAMATICS, George CLINTON) est là pour veiller au grain, comme tout bon chaperon qui se respecte.

D’entrée de jeu, c’est le vocal hyper-énergique et gorgé d’un fort fluide sexy qui frappe les esprits sur "Serves Him Right", une vraie pépite de Southern Soul avec une rythmique au groove imparable. Par rapport à son premier single Atlantic de 1962, la voix s’est bonifiée tel un bon vin. WALKER a construit un répertoire cousu-main sur lequel la chanteuse n’a plus qu’à poser son chant et sa personnalité. Avec son entrée cuivrée, "The Forecast" nous renverrait presque aux bords de la Crescent City. Elle nous distille une superbe ballade Deep Soul avec "Thru The Winter", un titre lent sur lequel de nombreuses chanteuses se seraient cassé les dents. On comprend mieux pourquoi Robert CRAY a gardé Richard COUSINS si longtemps dans son band. La basse bien ronde permet de faire ressortir le timbre de la chanteuse sur "Thinkin’ Bout Me". Si rythmique, guitare, claviers posent leurs jalons sur "A Woman Like Me"*, tandis que les cuivres tentent de sonner l’angélus, c’est encore une fois l’explosion vocale qui éclabousse le titre.

Changement de décor avec "It Ain’t Worth It After A While" qui s’oriente vers un superbe tableau constitué de touches de piano jazzy délicates. "Salt On My Wounds" s’ouvre sur une intro capiteuse de sax avant que la basse, la batterie et la guitare rythmique ne prennent le relais pour un titre superbement alanguissant porté par un timbre déchirant. "Close As I’ll Get To Heaven" se révèle une pièce dramatique, le vocal rehaussé par l’apport de Cynthia BASS aux chœurs. Bettye LAVETTE nous délivre une composition avec "Hey, Hey, Baby (Bettye’s Blues)", un titre rythmé s’inscrivant pleinement dans West Coast Blues. Terminons ce tour d’horizon avec "Right Next Door" où la voix rauque parvient à maintenir une tension dramatique constante sur ce hit de Robert CRAY, une chanson d’amour perdu dont elle change quelques paroles de façon à rendre un point de vue féminin.

Ce disque aurait pu récolter la note maximale si Alan MIRIKITANI ne venait pas gâcher la fête avec un solo de guitare intempestif et brouillon sur "When The Blues Catch Up To You". Le guitariste issu du Blues Rock californien avait déjà montré ses limites sur "When A Woman’s Had Enough" sauvé des eaux par les grâces du chant, de la section rythmique et d’une seconde guitare bien plus délicate que celle du lead guitar. Signalons que la pochette provient d’une peinture du suisse Jean-Yves Mougin.

En 2002, plusieurs anciens acteurs de la Soul attiraient les projecteurs par le biais de surprenants retours et de productions super bien ficelées. A l’instar de Solomon BURKE ou Howard TATE, Bettye LAVETTE revenait au premier plan, un juste retour des choses pour cette chanteuse sous enregistrée pendant des années qui décrochera bientôt ses galons de Star. Au même moment, Alicia KEYS remportait cinq Grammy Awards récompensant notamment le single "Fallin’". Dure époque !

▪Alan MIRIKITANI, fondateur des Buddaheads, groupe de Blues Rock californien, est décédé d’une crise cardiaque en juillet 2015 à tout juste 60 ans.
♠ Rudy ROBINSON n’a pas eu la joie de connaitre la sortie du disque, il est décédé d’une crise cardiaque le 18 février 2002 à Detroit.
⃰Il s’agit d’un titre homonyme à celui que chantera BEYONCE, chanson figurant au générique du film "The Pink Panther" avec Steve Martin et Kevin Kline. Ce titre est également celui de la biographie de la chanteuse par David Ritz.

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- Bettye Lavette (chant)
- Alan Mirikitani (guitare)
- Bobby Murray (guitare)
- Mike Turner (guitare)
- Richard Cousins (basse)
- Lee Spath (batterie)
- Rudy Robinson (claviers)
- Tom Peterson (saxophone)
- Bruce Paulson (trombone)
- John Papinbrook (trompette)
- Cynthia Bass (choeurs)


1. Serves Him Right
2. The Forecast
3. Thru The Winter
4. Right Next Door
5. When The Blues Catch Up To You
6. Thinkin'bout You
7. A Woman Like Me
8. It Ain't Worth It After A While
9. When A Woman's Had Enough
10. Salt On My Wounds
11. Close As I'll Get To Heaven
12. Hey, Hey Baby (bettye's Blues)



             



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