C’est l’histoire du disque le plus vendu de CHICAGO. Et oui mes chers, Chicago 17, ce monument de guimauve, a été leur plus gros succès commercial. Petit récap’ pour ceux qui n’auraient pas suivi : le son et l’énergie qui ont fait l’essence du groupe se sont éclipsées, emportées par le vent lors du décès de Terry KATH - puisqu’une tragédie n’arrive jamais seule. Depuis, la production s’est tellement lissée que désormais CHICAGO se regarde jouer. Le disque de l’année 1984 est le dernier auquel notre bien-aimé chanteur/bassiste Peter CETERA participe avant qu’il ne file vers l’horizon d’une carrière solo.

Le single "Stay The Night" ouvre le bal avec un rock très mainstream interprété par Peter, monotone lorsqu’il chante ces couplets plats mais tout bonnement génial sur le refrain. La batterie abat un travail chirurgical, assuré par Jeff PORCARO de TOTO et les guitares y sont ma foi assez sympas. Robert LAMM prend le micro pour scander "We Can Stop The Hurtin’" sur un lit de synthés et de jolies interventions de la section de cuivres. Ça se laisse écouter mais le groove et l’énergie sauvage de CHICAGO sont portées disparues.

Personne dans le groupe ne semble défier David FOSTER à la production, qui la tient fermement tel un PDG certains que les chiffres vont suivre et il faut croire que le canadien n’avait peut-être pas tort. Le poids des 80’s se fait sentir sur certains titres comme "Only You", "Prima Donna" et "Remember The Feeling" qui sont ensevelis sous une vague de synthés et de violons tellement tièdes qu’on repense à "Poem 58" en hurlant intérieurement.

Dans le single "Along Comes A Woman", CETERA chante avec toute la bonne volonté du monde sur les guitares saturées mais gentilles de Chris PINNICK, nouveau gratteux qui débarque telle une fleur avec ses riffs en plastique pendant que les cuivres se démènent pour sauver l’honneur. Terry KATH, si tu vois ça depuis le ciel du rock… ferme les yeux. Il y a aussi le tube sirupeux "You’re The Inspiration", fontaine de violons, claviers tristounets et voix essorée (désolée Peter !), voilà ce qui est au programme de ce désespoir synthétique.

CHICAGO nous avait déjà fait le coup quatre ans plus tôt avec Peter qui criait "Hold On" à son reflet dans le miroir, mais comme lui, on est tenté de lâcher l’affaire en écoutant Bill CHAMPLIN traîner des pieds en chantant "Please Hold On", un titre co-écrit par Lionel RICHIE. Bon, il faut aussi parler des choses qui fâchent vraiment, comme le single "Hard Habit To Break", une ballade niaise que KATH aurait certainement écouté avec un mélange de perplexité et d’exaspération polie. Ma patience s’épuise, arrivée au final "Once In A Lifetime" sur laquelle il n’y a pas grand chose à sauver, que faut-il en dire si ce n’est que c’est le genre de ballade que même votre voisine du troisième pourrait fredonner en préparant son gratin dauphinois.

Alors vous me direz, pourquoi Chicago 17 parvient à aligner un 3 ? Parce que les gars savent jouer, il faut le reconnaître, et que le talent vocal de CETERA mérite de ne pas être oublié, mais on ne se fait pas d’illusion, c’est un mini 3, tout riquiqui qui se raccroche à la vie. Chicago 17 a été un triomphe commercial vers une pop-rock aseptisée où les cuivres sont en option et dont je n’ai clairement pas la vision… allez on respire un coup en s’attendant au pire pour le prochain album.