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- Style : The J. Geils Band , Blood, Sweat & Tears, Al Kooper

CHICAGO - Chicago Viii (1975)
Par ARCHANGEL le 25 Mai 2025          Consultée 504 fois

Déjà le huitième album de CHICAGO, ça file, les amis ! Nous sommes en 1975 et le groupe poursuit son parcours jusque-là synonyme d’exubérance instrumentale et d’un mariage exemplaire entre rock progressif et jazz fusion. Depuis les six dernières années, CHICAGO s’est taillé une réputation de titans des cuivres - et à juste titre - mais aussi l’image d’un collectif constant à la stabilité fertile. Bon, soyons sérieux quelques minutes, il ne faut pas avoir les yeux plus gros que le ventre, ils ne peuvent quand même pas être tout le temps bons, non ?

On débute direct par l’ambiance bluesy de "Anyway You Want", chantée avec assurance par la voix caractéristique de notre cher Peter CETERA, qui assure toujours autant. Son timbre clair et légèrement nasillard tranche bien avec l’orchestration plus rugueuse de la chanson. Sa ligne vocale très énergique donne le ton d’un album qui se veut apparemment plus rock. À la batterie, Danny Seraphine frappe sec et martèle un rythme carré et solide, parfaitement calé dans ce mix ultra-dense. Il y a bien sûr l’inévitable Terry Kath, toujours au sommet de son jeu et là pour nous servir un petit solo incisif de guitare crunchy à souhait. La section de cuivres n’est pas au centre du morceau mais elle explose par éclats dans cette entrée en matière digne du groupe, bien qu’on sente déjà poindre une sorte de volonté de simplification.

Moins de dérapages instrumentaux, moins de folie progressive, CHICAGO resserre son jeu et nous livre un single en deux parties, très sympa : "Brand New Love Affair, Part I & II". James Pankow à la composition, Terry et Peter au chant, ça sonne familier, je vous l’accorde, mais de quoi se plaint-on ? Robert Lamm ouvre les festivités avec son Fender Rhodes moelleux comme tout. Les cuivres jouent façon Motown, une ballade soulful chantée par Kath en première partie avant de changer de tempo sur la deuxième partie. La batterie monte en intensité, le groove devient plus funky, un virage rock au tempo relevé par les cuivres en fanfare. Encore une réussite qui rappelle les grandes heures de CHICAGO et un diptyque qui illustre bien la capacité du groupe à faire fusionner plusieurs climats dans un même morceau grâce à des contrastes assez saisissants.

Certains titres se tiennent mais ne cassent pas des briques. Je pense par exemple à "Bright Eyes (Rehearsal)" sur la version bonus, l’épique chialante romantique "Never Been In Love Before" où les arrangements sont jolis mais un peu mièvres, la très nostalgique "Till We Meet Again" interprétée avec douceur par Kath derrière sa guitare acoustique, ou encore le single "Harry Truman" chanté par Lamm avec cette ambiance clownesque piquée chez les BEATLES, entrecoupée d’un clin d’oeil cabotin aux années 40. C’est amusant et léger mais un peu hors-sujet si on est tout à fait honnête.

J’aime beaucoup ce que Lamm propose dans l’instrumentation de "Long Time No See", un rock bien produit sur lequel les cuivres jouent un rôle rythmique très affirmé. On sent que Lamm est un compositeur rigoureux et un peu cérébral qui cherche toujours à structurer son rock avec l’intelligence d’un arrangeur jazz. Les instrumentales bonus "Satin Doll (Live)" et "Sixth Sense (Rehearsal)" valent également une écoute mais moi j’ai envie de m’attarder un peu plus sur "Ain’t It Blue?", un blues-rock bien chouette mais où la flamboyance de CHICAGO reste tout de même un peu trop en retrait.

Le single "Old Days" fait indéniablement partie des meilleurs moments de l’album et, comme souvent lorsqu’il s’agit de livrer un tube solide et structuré, on retrouve à la plume le fidèle James Pankow. Avec son sens inné de la mélodie accrocheuse et des arrangements grandioses, il signe ici un morceau parfaitement calibré pour les radios. La montée instrumentale allie superbement les cordes majestueuses et les riffs cuivrés complètement triomphants. Le texte joue la carte de la nostalgie joyeuse en faisant un inventaire affectif des souvenirs d’enfance et des moments simples. Bref, c’est un morceau où tout le savoir-faire de CHICAGO s’exprime et rappelle pourquoi le groupe parle autant au grand public qu’aux musiciens les plus exigeants.

"Oh, Thank You Great Spirit" est un autre chef-d’oeuvre du disque, mais cette fois dans un registre plus discret. Il ne cherche pas l’accroche immédiate, c’est une offrande spirituelle signée Kath, et également le plus long titre de Chicago VIII, ce qui laisse le temps à Terry de développer une narration instrumentale magnifique. Une introduction lente, presque méditative, avant un crescendo progressif vers un rock planant, jusqu'à un final instrumental complètement psychédélique, comme un moment de lâcher-prise qui fait penser aux grands musiciens de l’époque, à la maîtrise de HENDRIX bien sûr mais aussi aux improvisations de TRAFFIC. Je retiens également le banger "Hideaway", un mid-tempo funk-rock porté par un groove plutôt musclé. Sérieusement, si vous doutiez encore de Cetera, oubliez ses ballades de crooner et écoutez un peu ce titre qui prouve qu’il en a clairement dans le ventre. La rythmique claque fort, l’énergie est sauvage et selon moi, Kath nous offre ici la meilleure version de son jeu dans un solo court mais expressif, avec cette guitare wah-wah terriblement charnelle.

J’aimerais faire mine d’être blasée, paraître critique, annoncer que la formule s’use et vous dire que les mecs fatiguent mais honnêtement, on s’éclate encore à l’écoute de Chicago VIII où l’excellence musicale du groupe reste intacte. Certes, les musiciens sont peut-être entrés dans une sorte de routine, ils ancrent davantage leurs structures dans un rock moins expérimental, là où les disques précédents osaient la rupture et l’excès. Mais ce repli vers des formats un peu plus accessibles n’est pas une trahison en terme de style. CHICAGO ne cherche pas à se réinventer coûte que coûte et c’est probablement ce qui rend l’album paradoxalement agréable : il reste fidèle à son ADN unique et si précis, propose des morceaux qui sortent vraiment du lot mais aussi quelques chansons que je trouve moins inspirées. Pas de virage brusque mais pas de concession non plus, CHICAGO reste CHICAGO, avec sa science musicale et son groove que bien des groupes rêveraient d’avoir. Alors les amis, oui c’est un excellent 3,5 et comme rien ne m’oblige à rester mesurée, je monte la note à 4 parce que même sur un album moins puissant, ces mecs-là continuent de voler au-dessus des nuages.

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   ARCHANGEL

 
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- Robert Lamm (chant, claviers)
- Peter Cetera (chant, basse)
- Terry Kath (chant, guitares)
- Danny Seraphine (batterie)
- Laudir De Oliveira (percussions)
- Lee Loughnane (trompette)
- James Pankow (trombone)
- Walter Parazaider (saxophone, clarinette, flûte)


1. Anyway You Want
2. Brand New Love Affaire, Part I & Ii
3. Never Been In Love Before
4. Hideaway
5. Till We Meet Again
6. Harry Truman
7. Oh, Thank You Great Spirit
8. Long Time No See
9. Ain’t It Blue?
10. Old Days
11. Sixth Sense (rehearsal)
12. Bright Eyes (rehearsal)
13. Satin Doll (live)



             



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