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ROCK PSYCHÉDÉLIQUE  |  STUDIO

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1969 2 The Soft Parade
1970 2 Morrison Hotel
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The DOORS - The Doors (1967)
Par BAKER le 11 Octobre 2019          Consultée 1096 fois

S'attaquer au premier album des DOORS, c'est comme s'attaquer à n'importe quel monstre sacré et non négociable de l'histoire du rock. Comme, par exemple, le sixième album des DOORS. Ou plein d'autres, hein, c'est pour donner un exemple ! Commençons par un peu d'histoire, cela ne fait pas de mal : THE DOORS en 1967 est un groupe qui se retrouve à la croisée des chemins. Qu'est-ce qui cartonne en 1967 ? Eh ben.... plein, plein de choses. Contrairement à aujourd'hui où si tu ne fais pas des chansons de repentance angéliste gitane autotunée tu n'existes pas, 1967 donne une large parole à la soul en pleine explosion, au rhythm'n'blues et au Chicago blues sauvages mais contrôlés, au rock psychédélique et conceptuel instauré par les BEATLES, au surf rock qui n'a pas duré longtemps mais a marqué son époque, ainsi qu'au progressif qui sournoisement titille l'hypophyse de quelques génies, il est vrai souvent cramés par la dope (ou pas : à l'époque Robert FRIPP n'a encore jamais consommé d'alcool, et n'en consommera jamais. Et inversement : l'abus de FRIPP serait fatal à l'alcool)...

Bref, quatre musiciens se retrouvent à faire de la musique ensemble, et c'est là que ça devient intéressant. Si ce premier album ne montre pas totalement l'étendue des possibilités, il faut avouer que les DOORS partaient sur une base aussi intéressante qu'hétéroclite : un batteur de jazz capable si besoin de verser dans le free-rock sauvage, un organiste R&B pur et dur qui, par la force des choses (et une technique de la main gauche extraordinaire) devient aussi bassiste (le premier bassiste synthétique de l'histoire ? de quoi refiler un AVC à certains journalistes), un guitariste qui aime l'acid-rock et le fuzz mais possède une technique purement flamenco, et un chanteur qui est plus poète et gourou qu'un "SINATRA meets Rob HALFORD". Ce mélange confère aux DOORS une identité extraordinaire qui brille sur les meilleurs titres de ce disque.

Et les meilleurs ne sont pas forcément ceux qu'on croit. Evidemment, chacun ses opinions (Nd Richard Ferrand : Non), mais je me permets de remettre en place quelques idées préconçues. Sur 11 titres, trois sont passés à la postérité. Le premier, "Break On Through", est surtout connu pour son côté "she gets high" provocateur, dont sincèrement je me fous avec la toute dernière des énergies : seule la musique compte, et... ben là, la musique, elle est bonne ! Le mélange R&B / acid-fuzz est déjà là, évident, efficace. Le groove est juste tuant. C'est sauvage mais le chant n'est jamais totalement lâché, ce qui fait de Jim Morrison un sauvage dandy. Et ça fait toute la différence. "Break On Through" mérite donc pleinement sa place au panthéon des sixties certifié par Philippe Manoeuvre, délectable même sans avoir un BTS +3 en Histoire du Rock.

Ce ne sera pas tout à fait la même histoire concernant les deux autres intouchables. "Light My Fire" est un cas d'école. L'intro est virtuose (beurk), sur orgue (beurk), et prog (beurk), mais n'a rien à voir avec la chanson qui elle est d'une platitude assez effarante. Les couplets ont un côté exotique intéressant, mais entre les solos à moitié ratés, le refrain cucul à mort, on se demande vraiment ce qui a intéressé les gens dans cette chanson. En plus, elle dure sept minutes. SEPT MINUTES ! Eh les gros bâtards de GENESIS, IQ, MARILLION, bref, les chiottes du rock, vous entendez ça ? Hein ? Moi vulgaire ? Ah non mais je peux, parce que là, c'est pas pareil, c'est les DOORS, c'est des poètes. Les autres, c'est pas des poètes, c'est des clefs Allen diamètre 0.8. Et puis IQ et Marillion y sont pas morts à 27 ans et donc y sont pas martyrs du système et donc y sont du chiotte du rock. Voilà. Et puis dans le film à Stone y-le-disent : "eh mec, y'a de super harmonies dans c'te chanson". Oui : deux. J'exagère, Georges-Jean ?

Ce constat magnifiquement provocateur terminé, vous avez aussi le cas "The End", plus délicat. L'intro de cette chanson, c'est quelque chose de géant. Apocalypse Now ou pas, flower power ou pas, drogue (jamais touché un millimètre) ou pas, cette intro est immense. Il y a une force de persuasion, une ambiance louche, électrique mais sauvage, calme mais névrosée, c'est éblouissant. Rien que pour ça, Robbie Krieger mérite un autel. En revanche, le reste patauge un peu dans le tapioca : pour quelques fulgurances (Densmore qui se la joue bourrin expansif, Krieger encore qui fait monter la sauce savamment à base de semi-shreds menaçants), c'est un peu plan-plan et facile. Là aussi, deux poids deux mesures : si Steve HACKETT ou Mike OLDFIELD avaient fait de même, je ne vous explique pas les envolées de boutique. Là non, c'est un prétexte pour que Morrison lâche ses frustrations Oedipiennes sur un texte censuré (vous entendez "fuck", vous ? non ? normal), avec une violence factice, un titre qui à partir de 6 minutes commence à lasser, et surtout une suranalyse permanente des journalistes rock qui me gave un tantinet et me laisse à penser que lesdits journalistes ont peut-être pris plus de drogues que les musiciens.
Mais The Doors - l'album, ce n'est pas que ça. Il y a aussi des titres moins connus. Et là, c'est encore une fois révélateur : il y a du très mauvais et du très bon, à armes égales. Au rayon Mauvais (en promo depuis de nombreuses décennies), "20th Century Fox" essaie de déjà coller à une formule à peine établie, "Back Door Man" montre que les DOORS vont, hélas, essayer de devenir un groupe de blues rock (cette version est d'un pépère qui aurait déjà dû leur mettre l'anus à l'oreille), "I Looked At You" essaie de pomper la formule de... 20th Century Fox (vous imaginez le résultat), et seigneur, seigneur seigneur, mais que vais-je bien pouvoir dire sur "Alabama Song", sinon que dans le genre chanson surestimée, on est quand même vachement proche de la Bande à Basile ?

A me lire, ah là là, ce premier album des Portes mérite qu'on les ferme à clef. Mais il est rare que de telles légendes ne se construisent que sur du flan, et constamment, le groupe rappelle qu'il est également capable de choses belles et originales à la fois. Soul Kitchen transmute Ray Manzarek en Booker T. pour une leçon de soul music absolument ravissante et bondissante. "End of the Night" est trop répétitive et ne va pas au bout de ses rêves, où la raison s'achève, mais son ambiance entre psychédélisme, cauchemar éveillé et Twin Peaks en mode Virtual Reality ne peut laisser personne insensible, le groupe tâtant ce qui va devenir son fonds de commerce pendant trois albums : le studio comme cinquième membre. Très méconnue, "Take It As It Comes" est une révélation : c'est "Light My Fire", en bien. Expurgée, plus mystérieuse et plus directe à la fois, avec un groove excellent, c'est un petit joyau enterré. Enfin, impossible de ne pas citer "The Crystal Ship", meilleur titre de la galette au chant sensuel mais sobre, aux accords frémissants, avec Manzarek laissant libre cours à ses velléités (re-beurk) classissantes. Là aussi, le groupe fait preuve d'une jolie identité.

Je vais être euro (le franc n'a plus cours), ce disque, ce groupe, m'ont toujours paru surévalués, sur-analysés, sur-célébrés. Mais quand le quatuor donne dans des choses plus simples, mais pas trop, le juste milieu, alors son potentiel se révèle complètement. Le disque est sorti un bon paquet de fois et sa version définitive en CD + DVD fera sûrement plaisir aux fans, avec ses deux versions d'un anecdotique "Moonlight Drive" (la version 2 enterre la 1), et la démo d'un "Indian Summer" dont la douceur angélique est de loin un des meilleurs moments du disque. En revanche, malgré la production psychédélique de Paul Rothchild, n'achetez pas cette version pour son 5.1, ce serait acheter un Richard CLAYDERMAN pour les solos de guitare 7-cordes. De toutes façons, est-ce que mon avis compte vraiment ? Ce disque est indispensable dans toute discothèque, c'est marqué partout sur les murs. Un signe que Morrison n'aurait justement peut-être pas approuvé, mais ça, c'est à voir un peu plus tard.

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   (3 chroniques)



- Jim Morrison (chant)
- Ray Manzarek (claviers)
- John Densmore (batterie)
- Robby Krieger (guitare)


1. Break On Through (to The Other Side)
2. Soul Kitchen
3. The Crystal Ship
4. Twentieth Century Fox
5. Alabama Song (whiskey Bar)
6. Light My Fire
7. Back Door Man
8. I Looked At You
9. End Of The Night
10. Take It As It Comes
11. The End



             



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