En apparence, Recycler semble constituer le troisième volet de la "trilogie cyber boogie" entamée par ZZ TOP avec le génialissime album Eliminator en 1983 et poursuivie deux ans plus tôt avec Afterburner. La pochette, façon bande dessinée, est bien dans la continuité des deux précédents opus. Mais les différences sont déjà perceptibles : exit le hot rod rouge, désormais ZZ TOP roule dans une grosse berline chromée noire. Ce changement visuel de cylindrée est-il alors synonyme d'évolution musicale ?

Oui, clairement oui : Recycler, malgré la conservation évidente d'élements cyber boogie (notamment au niveau des claviers), marque un net retour de la musique de ZZ TOP à des sonorités clairement roots. Exit ainsi la batterie en plastoc d'Afterburner, Frank Beard ressort ses vrais fûts du placard, contribuant ainsi à redonner une certaine authenticité roots à la musique de ZZ TOP ... Malgré certains titres de remplissage, les compos sont clairement bonnes : "My Head's In Mississipi", "Lovething", "Concrete And Steel", "Give It Up" ... Autant de classiques, autant de claques blusy, autant de tubes ...

Ceux qui n'avaient pas apprécié le virage synthétique de ZZ TOP sur Afterburner apprécieront certainement Recycler, qui nous rassure sur le potentiel du groupe à pondre encore de vrais classiques de blues électrique. Mais Recycler marque aussi la fin d'une époque. Après avoir épuisé la veine cyber boogie qui avait fait son succès dans les années 1980, ZZ TOP va tendre à revenir progressivement à ses racines old school dans les années 1990, non sans continuer pour autant d'expérimenter, avec plus ou moins de succès ...

Recycler est clairement l'un des albums de ZZ TOP les plus réussis de sa période post-Eliminator ... Un classique qui fait du bien.