Quand on sort d’une trilogie cyber Boogie après avoir été un des ténors du blues rock crasseux made in Texas, le renouvellement peut s’avérer être d’une redoutable difficulté. Du coup, nos dignes cow-boys tentent le coup de l’album de transition. La pochette en noir et blanc nous présentent le trio sous un format original, assez minimaliste quand on songe aux révolutionnaires images de la cyber conquête. Bien évidemment quand on s’appelle Billy Gibbons, les méandres de la composition ne sont pas aussi complexes que pour le pékin moyen, et Billy compte sur son jeu de guitare aérien, suave et il faut bien le dire assez unique pour porter le son du Zizi à nouveau au pinacle des charts.

Les premiers constats sont rassurants : « Pincushion », single de l’album porte le nom mythique au sommet du billboard, une fois encore. Un petit riff polisson enrobe une titounette composition pour se marrer. Le révérend -et ce n’est pas là la moindre de ses qualités- ne se prend pas au sérieux une seule minute. Son jeu reste limpide, ses rythmiques sont acérées, ses soli aérés, sa voix rocailleuse sonne comme les sabots d’un cheval sauvage sur les cailloux du Rio Grande.
Puis nous embrayons sur le titre le plus sympa de l’opus : « Breakaway », dont vous vous souviendrez comme moi de la chaude ambiance en concert avec des diablesses aux formes avantageuses en ombres chinoises, sur une rythmique smooth et des soli déchirants… Je me répète ? … Bah, Quand c’est bon, c’est bon, non !

Mais le titre quasi éponyme « Antenna head » est toutefois de qualité moyenne, même si la guitare y rugie de manière tout à fait satisfaisante. « Everything » me parait être un titre de raccord, un filler comme il y en avait peu jusqu’à présent dans la disco des barbus aux habits fleuris.
Le cyber blues « Cover your rig » pioche dans le répertoire des standards mid tempo tels “Jesus just left Chicago” sans déployer un instant la même efficacité, mais cela reste de bon aloi. La petite rythmique chaloupée de « Fuzzbow voodoo » serait-elle un hommage à Jimi HENDRIX, qui souvenez-vous en, fut le premier à annoncer la domination future de notre Billy sur la communauté des gratteux de ce monde, sympa mais pas transcendant. « World of swirl » reprend là ou « Legs » s’était arrêtée, avec le jovial bassiste Dusty HILL au chant.

Pour le reste nous restons systématiquement dans une veine du filon propre aux texans, c’est propre, carré mais aussi admettons le sans réel éclair de génie. Alors certes, les interventions de notre homme d’église guitariste sont toujours de grands moments d’intensité sensuels, mais l’ensemble si l’on excepte « Breakaway » n’est pas mémorable, même s’il est agréable. Je tiens donc à marquer le coup en réduisant mon 2.5/5 de base à 2, car le groupe vit en dessous de ses moyens en matière de composition. Soyons juste, malgré notre amour immodéré pour les barbus et le pétrole, ceci annonce clairement la médiocre suite de la carrière du « Little old band from Texas »…- Soupir ! -…