Le stupide accident qui coûta la vie à Randy Rhoads en mars 82 fut pour OZZY OSBOURNE un terrible coup d’arrêt, alors qu’il avait trouvé son âme sœur musicale et amicale. Son mérite ne fut pas moindre de se remettre rapidement en selle et de sortir un nouvel album studio, Bark at the Moon, un an et demi après le drame.

Pour cet enregistrement, Ozzy fait appel à ses complices habituels (Bob Daisley, Tommy Aldridge et Don Airey), mais dégotte surtout un nouveau super guitariste-compositeur, le flamboyant Jack E.Lee. Ce dernier, sans égaler l’inaccessible Randy, réalise sur l’album un travail remarquable qui contribue pleinement à sa réussite artistique.
En effet, dès la pochette (affreuse mais culte comme il se doit), s’installe une ambiance nocturne et intrigante qui va irriguer l’ensemble des morceaux et offrir à l’oeuvre une unité d’atmosphère et d’ambiance très séduisante, avec même une légère touche progressive sur certains titres, qui me plait beaucoup. Si l’album n’est pas intégralement parfait, il comporte son lot de titres marquants et de grands moments, suffisamment pour durer et résister fort bien aux outrages du temps.
Parmi les morceaux top, commençons comme il se doit par le formidable titre d’ouverture : "Bark at the Moon" est une belle tuerie grâce à son fantastique riff galopant, au chant habité d’Ozzy et aux solos incendiaires de Jack E.Lee. L’habillage musical, grâce notamment aux synthés de Don Airey, est également particulièrement soigné et réussi.
J’aime aussi beaucoup la semi-ballade atmosphérique "You’re Not Different" où le chant d’Ozzy est juste et touchant de même que le texte, et les montées de tension parfaitement orchestrées.
"Center of Eternity" dispose d’une intro grandiose et épique : cloches d’église, chœur monastique et grand orgue, excusez du peu. Le riff est assassin, le tempo effréné et les parties de guitare globalement assez fantastiques.
"Waiting For Darkness" est mon titre préféré du disque : le tempo se ralentit, une ambiance nocturne s’installe, la guitare et les claviers tissent une superbe toile harmonique, parfaitement secondés par la section rythmique et le chant habité d’Ozzy qui se fait envoûtant. Et que dire une nouvelle fois du solo toujours aussi inspiré ?
Parmi les autres pièces, seule "So Tired", l’habituel slow sirupeux, détonne ; ce n’est vraiment pas le point fort d’Ozzy mais il persiste.
"Now You See It (now you don’t)" et "Rock’n'Roll Rebel" sont des morceaux très corrects mais un peu bancals et manquant du petit quelque chose qui les ferait basculer dans la première catégorie.
A noter : selon les versions, le titre "Slow Down" est ajouté et, parfois, le très bon et atmosphérique "Spider In the Light" retiré.

OZZY OSBOURNE a finalement réussi son pari ; celui de remplacer l’irremplaçable et de sortir un superbe album de "Heavy-Metal' qui reste aujourd’hui encore un des meilleurs de sa carrière et se réécoute toujours avec grand plaisir. L’exploit n’est pas moindre et mérite notre plus grand respect.