Avec OK Computer, Radiohead obtenait la reconnaissance du public. Avec Kid A, en changeant radicalement son approche et en manquant de peu d'imploser, le groupe obtint la reconnaissance des critiques.

Musique introspective et minimaliste (hypnotique?), travail sur la texture du son, effets électroniques, Kid A signe l'abandon du rock au profit d'une approche qu'on pourrait qualifier de "trip-hop" (en étant réducteur), voire de "krautrock". Le groupe ne privilégie plus alors les sentiments mais plutôt les sensations.
Dès lors, on se retrouve dans un univers en suspension ; le souffle tiède, ourlé d'un certain velours, d'un certain velouté, crée une impression d'apesanteur onirique : en témoignent "Kid A", avec son chant trafiqué, ensommeillé, dont les harmonies nous transportent dans des îles indonésiennes fantasmées, "How to Disappear Completely", "Treefingers", "In Limbo", "Morning Bell", jusqu'au poignant final "Motion Picture Soundtrack".
D'autres ont plus de chair (électrique et rythmique), "The National Anthem" notamment, qui ressemble à du Massive Attack période Mezzanine, avec un sample de basse qui pourrait être tiré des Smashing Pumpkins et des interventions jazz évoquant Charles Mingus. Ou bien encore "Optimistic".

Le soucis de brièveté m'oblige à survoler les morceaux et à réduire une dernière critique : l'adjectif "froid" revient souvent pour caractériser l'album. Sous un apparent consensus se cachent des avis différents et subjectifs dus à la polysémie du terme (froid = (au choix) pas rythmé, pas sentimental, pas joyeux, pas acoustique, pas intéressant, pas habituel, etc.). Mais à bien y réfléchir, Kid A n'est pas si froid que ça (cf. le second paragraphe).

En conclusion, Kid A est très vraisemblablement l'un des tous meilleurs albums de Radiohead, il fait partie de mon podium personnel, en tout cas.