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RADIOHEAD - The Bends (1995)
Par CHIPSTOUILLE le 8 Avril 2005          Consultée 14444 fois

Dans un premier temps, j’avais eu l’idée de ne pas parler du disque en lui-même, mais de vous proposer un seul texte traduisant ce que je ressens à l’écoute de ce somptueux album. Cela dit, c'était peut-être trop osé pour une chronique et je vous propose donc un contenu certes bref, mais plus traditionnel dans cet avant-propos :

Après avoir éveillé la curiosité des masses avec son premier album Pablo Honey, et notamment son single "Creep", RADIOHEAD sort un nouvel album, lui-même précédé du single "My Iron Lung" (duquel je suis totalement passé à côté), du nom de The Bends. Si Pablo Honey savait nous faire passer un bon moment en compagnie d’un groupe fortement influencé par de grands groupes de rock des années 80 comme U2 ou REM, The Bends s’en éloigne facilement et permet au groupe d’affirmer son propre style (source d’influence pour des groupes majeurs aujourd’hui tel que COLDPLAY ou MUSE) et par là même d’affirmer une identité ‘années 90’ au Rock.

Par ce mélange habile de pop, grunge, électro et bien sûr rock, RADIOHEAD s'impose comme une évidence, et restera à jamais gravé de lettres dorées dans l’histoire de la Musique. Alors inutile de vous décrire la façon dont le riff immédiatement accrocheur de "My Iron Lung" vous prend aux tripes, ni la montée en puissance d’un "Just", ni l’efficacité du refrain de "The bends", ni la mélancolie langoureuse de "Street Spirit (Fade Out)" et encore moins le sentiment d’apesanteur que l’on peut ressentir à l’écoute de "Nice Dream". Tout est là, sur ce disque, dont les écoutes successives se révèlent chaque fois plus intenses. On dit souvent que la perfection n’est pas de ce monde, pourtant…

Vous ouvrez les yeux, vous avez très mal dormi et ce satané réveil fait un bruit de plus en plus insupportable. Une fois péniblement arrivé devant le miroir de la salle de bain, vous contemplez votre mine déconfite, une bonne douche s’impose. Vous n’avez plus le temps d’avaler un petit dej. De toute façon, il ne vous reste plus de filtres à café et la dernière opération ‘récupération de filtre dans la poubelle’ s’est révélée plutôt désastreuse pour votre haleine. Vous sortez de chez vous en quatrième vitesse et vous engouffrez dans votre station de métro favorite (façon de parler).

Voilà la journée qui commence, cernes creusées, panneaux publicitaires placardés partout, odeur fétide, sentiment de cloisonnement, et foule insupportable. Une rame de métro arrive et vous vous retrouvez compressé comme dans une boîte de conserve. Vous êtes dans une position fort désagréable à cause d’une femme âgée qui s’est assise sur le strapontin le plus proche de vous. La bienséance vous empêche bien sûr de faire subir à cette pauvre dame le même calvaire que vous. Vous passez quelques stations, vous manquez de ne pas pouvoir remonter dans la rame lorsque quelques opportunistes des stations suivantes tentent de monter à votre place. Vous êtes au bord de la déprime. Les gens se ressemblent tous, tout est gris.

La fureur vous envahit, vous vous sentez mal, partagé entre mélancolie et rage de vivre, il vous faut de l’air, vite, vous sortez de votre rame, la station vous est inconnue, vous bousculez tout le monde en sortant. L’air se fait enfin plus respirable mais vous ne savez pas où vous vous trouvez.

Le coin est apaisant, mais les gens semblent toujours ternes. Cet univers est illogique, les couleurs farfelues se mélangent au gris. Vous ne voyez plus le haut des immeubles cachés dans une brume épaisse, une personne sort la tête d’une bouche d’égout puis s’enfuit, un chien vous regarde, l’air étonné, il vous dit qu’il est temps pour vous de ‘vivre’, vous constatez que les arbres sont en plastique vert artificiel. Une montgolfière est attelée devant vous, un homme d’un autre siècle vous invite à monter. L’illogisme se fait peu à peu cartésien. D’autres personnes sont à bord de la nacelle, vous découvrez que vous n’êtes pas seul à vous sentir ainsi. D’autres personnes partagent votre mal-être, vous n’êtes plus seul, mais vous ne faites pas partie d’une communauté pour autant.

Vous vous apprêtez à tous partir vers les cieux, le ballon commence son ascension verticale, lentement, la brume se fait moins épaisse, vous finissez par entrevoir la couleur du ciel, il est couleur mandarine. Puis, d’un coup, vous vous apercevez que le ballon est percé, vous perdez de l’altitude, vous n’arriverez jamais au ciel, vous poussez tous un cri de rage, tout explose autour de vous à l’intonation des cris. Vous tombez, vous fermez les yeux, la chute libre est sans fin... Sans fin. Vous avez la nausée. Finalement, cette sensation vous semble être devenue votre idéal, comme si vous aviez toujours cherché cela, comme un absolu. Dans cette apesanteur infinie, vous rouvrez les yeux, vous êtes seul, dans le noir, plus un bruit.

Vous pleurez.

Il pleut, vous êtes devant votre lieu de travail, vous retirez les écouteurs de vos oreilles, les rangez dans votre poche intérieure, et remettez The Bends de RADIOHEAD dans son boîtier. La journée va être longue, mais ce matin vous êtes comme soulagé.

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- Thom Yorke (voice, guitar, piano)
- Jon Greenwood (guitar, organ, recorder, synthetiser, piano)
- Ed O'brien (guitar, voice)
- Colin Greenwood (bass)
- Phil Selway (drums)


1. Planet Telex
2. The Bends
3. High And Dry
4. Fake Plastic Trees
5. Bones
6. (nice Dream)
7. Just
8. My Iron Lung
9. Bullet Proof.. I Wish I Was
10. Black Star
11. Sulk
12. Street Spirit (fade Out)



             



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