Depuis la parution du très bon The Geeks And The Jerkin' Socks (2011), la carrière de SHAKA PONK a pris un irrésistible envol.
Surfant sur ce succès amplement mérité, le groupe, en parallèle à des concerts impressionnants d'efficacité, a publié au cours de cette période des albums très bien produits et dotés de titres aussi accrocheurs qu’exigeants. Malgré ce planning scénique chargé, le groupe n'a mis que 10 mois pour nous revenir avec The Black Pixel Ape qui succède à son quasi frère jumeau, The White Pixel Ape, sorti la même année.
Nous sommes encore loin de la performance de GREEN DAY qui a commercialisé trois albums de qualité ("Un!", "Dos!" & "Tres!") en moins de 5 mois, mais l’effort est notable. Mais il pose la question de l’équilibre entre qualité et quantité. Imaginons que les Use Your Illusion de GUNS N' ROSES aient été un album simple de quatorze chansons, aurions-nous gagné un Chef-d’œuvre ultime ou aurions-nous perdu 16 titres très corrects ?

Dans le cas de SHAKA PONK, l’orientation musicale légèrement différente de ces deux disques jumeaux justifie en grande partie leur existence propre. Car lorsque The White Pixel Ape était volontiers électronique et festif, son pendant « noir » se veut plus Rock et moins exubérant. Le groupe nous présente ainsi sa facette Rock en sortant notamment les grosses guitares ("Yell"). "Come On Cama" et "Lucky Boy", deux très bons titres qui ont des allures de singles, sont représentatifs du don que possède le groupe pour proposer des morceaux très Rock et entrainants, et pour autant aptes à séduire un large public. Il en va de même de "Morir Cantando", une digression très libre du "Mourir Sur Scène" de DALIDA que le groupe avait déjà interprété dans l'émission Taratata en 2012.
Mais son titre ne doit pas nous effrayer, ce The Black Pixel Ape n’est pas un album morose ou sombre. "Mocks The Party" et "The Shell Maid Freak" (aux faux airs de SKIP THE USE), et leur petit côté enfantin, attestent que le groupe œuvre toujours dans la dérision et un certain humour. Tout au plus peut-on constater que le disque présente une orientation musicale plus directe et plus homogène que ses prédécesseurs. De ce fait, à l’exception des titres précités qui s'imposent par leur immédiateté, il nécessite peut-être une écoute plus soutenue pour livrer toutes ses saveurs. Moins évident, il n’en reste pas moins un excellent album servi par des arrangements et une production de premier ordre.
Le petit bémol à propos de ce disque pourrait concerner les vocaux qui manquent un peu de naturel et de simplicité. Souvent doublé, ou bien renforcé par des chœurs, le traitement du chant parait très travaillé, au point d’en sembler parfois trafiqué, ce qui est le paradoxe d'un disque qui par ailleurs est très organique.
Mais ce n’est qu'un détail qui n'est pas de nature à remettre en cause la qualité de cet excellent album qui prouve, une fois de plus, que le groupe possède une réel talent qu'il parvient à mettre au service d’une vision artistique forte et exigeante.