« Il y a des trucs vulgaires que je ne ferai jamais, comme jouer de la guitare acoustique sur mes disques par exemple ». Seuls les imbéciles ne changent jamais d’avis. Brian.

Manson est vraiment un type fascinant, loin d’être un âne ou encore un boeuf. Descendant opportuniste du Coop, certes. Racoleur également. A la scène comme à la scène, car tout ce qu’il entreprend EST « mise en scène ».
Mais il est également…drôle.
Son sens de l’humour est d’un rouge plus sombre que brun, le personnage tient plus du vampire somme toute classique que du despote fasciste charismatique.
Aussi, il lui arrive de taper en plein mille…
« But I’m not a slave to a god that doesn’t exist » et la suite : « I’m not a slave to a world that doesn’t give a shit »… Ça devrait être inscrit aux frontons des écoles plutôt que de servir de prétexte à massacrer ceux qui sont dedans, nan ?
Mais Marilyn chie dans l’alcool quand il chante approximativement live ou qu’il envoie le public se coucher tôt, parce que, visiblement, lui est plus intéressé par le modèle en coulisse.
Sinon, la trilogie « Antichrist/Mechanical/Hollywood et gnagnagna » je veux bien, mais Lest We Forget suffit amplement. Que les hits. Le meilleur quoi.*
Jusqu’à celui-là avec les premières impressions qui émergent, en gros : du classic rock mâtiné Bowie en mode blues urbain désaffecté.
Ca interpelle au niveau du vécu. Forcément.
Je sais pas si Marilyn est enfin devenu Manson, mais il vient de pondre un disque entier qui se trouve être captivant de part en part ET addictif.
Effectivement, le vermillon des manoirs de la dépravation se dégrade en grisaille urbaine, ce qui le rend paradoxalement (un peu) moins dépressif. Mais, non…guère plus optimiste.
On est au click, faut quand même pas déconner néanmoins le choix du traitement organique guitare/basse/batterie/claps et snaps de préférence aux boucles samplées et aux beat-drums de mes c…* est sans doute pour beaucoup dans l’atmosphère presque chaleureuse qui émane de l’album.
Et on tient de vraies mélodies.
On a des tubes à se mettre sous les crocs, pas des moindres : la très rock « Deep Six » , LA réussite majeure « Third Day Of A Seven Day Bing » avec son riff hypnotique et lancinant, « The Mephistopheles Of Los Angeles » quand DEPECHE MODE s’encanaille chez MÖTLEY CRÜE avec Bowie.
« The Devil Beneath My Feet » qui me fait penser à « Family Man »** est immédiate.
On retrouve des moments indus bien fichus (« Slave Only Dreams To Be King »).
On pense à Nick Cave par certains côtés et à tout un tas de musiques citadines comme lorsque de la soul 60’s détournée accompagne « Odds Of Even ».
In fine, la perle cerise bien mûre qui vient se déposer sur la noirceur du couchant, c’est bel et bien au triptyque final qu’on la doit soit les relectures acoustiques (et renommées) de trois parmi les meilleures chansons du disque où le timbre de bluesman hanté du révérend fait merveille.
La surprise dépasse l’entendement. Marilyn unplugged. Vulgaire ?
Si la vie de Brian n’a peut-être pas changé, au moins lui aura changé d’avis.

* Le bureau des pleurs, troisième porte à droite, premier niveau
** And my bark is much worse than my bite…pas facile d’être un vampire finalement