Le parti-pris de repousser les limites de la musique populaire contemporaine ("au point d'en devenir impopulaires") se faisait valoir avant Acquiring the Taste. GENTLE GIANT n'avait en effet déjà sur son premier album pas son pareil pour faire s'enchaîner de saisissants contrastes dans des formats plutôt courts (contrairement à d'autres ténors du prog, il ne s'aventurera que rarement dans le long).
Déjà sur ce premier album, on avait affaire à une fiesta de saxos et cuivres, de claviers (ce Kerry Minnear grandiose qui s'émancipait du conservatoire dont il sortait fraîchement), de guitare lyrique (encore une belle empreinte dans le genre, merci Gary Green), de batterie même ("Nothing at All")... Simplement il lui manquait un peu l'unité d'un Octopus, pour n'en citer qu'un. Ca part un peu dans tous les sens pour des passages certes très intéressants, mais qui ne peuvent empêcher un léger arrière-goût d'immaturité. On remarque aussi que le groupe tient déjà à ne pas pas mettre trop souvent d'instrument plus en avant que les autres, peu de solos à l'horizon donc.
Si des "Giant" ou "Alucard" surprennent agréablement par ces suites rock savantes, j'ai une certaine empathie pour "Why Not ?" ainsi que les morceaux chantés par Kerry Minnear, le jazzyfiant "Isn't It Quiet and Cold" ainsi que "Funny Ways" qui ressemble à un "I Talk to the Wind" façon GENTLE GIANT.