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ROCK PROGRESSIF  |  STUDIO

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- Style : Bernard Benoit
- Membre : Genesis, Squackett, Gtr, Quiet World

Steve HACKETT - The Circus And The Nightwhale (2024)
Par MARCO STIVELL le 24 Février 2024          Consultée 1755 fois

Recette du parfait musicien faiseur d'albums à la Steve HACKETT :

- Un guitariste sachant chanter mais pas trop, maîtrisant hammers-pulls offs-tapping-sustain à l'électrique, la musique baroque-andalouse et le rock progressif classique.
- Un Roger King, c'est-à-dire un claviériste-producteur tellement partout et en place depuis longtemps qu'il pourrait avoir lui aussi son nom sur la pochette.
- Un bassiste qui ne dit rien et joue tout ce qu'il faut. Il doit avoir les cheveux longs en queue de cheval ou catogan.
- Un batteur solide mais interchangeable. Au point que l'on convie un ancien, ou un copain.
- Un saxophoniste rock qui, euh... Ben en studio, pendant longtemps il n'a plus été aussi rock, donc maintenant, il ne fait pratiquement plus que ça à nouveau, voilà.
- De toute façon, pour la flûte, il y a le frère du guitariste, mais sur un morceau et pas plus, hein ?
- Un chanteur durant les concerts, invité ici sur un titre.
- La choriste participe un peu plus. Mais pas trop hein, et puis elle n'a pas à espérer un duo ni autre chose que des choeurs groupés, faut pas déconner non plus.
- Un claviériste ancien pour un titre ou deux, histoire de lui donner le change ; un joueur de tar parce que tout ce qui est à droite de « Vous êtes ici » sur la carte du monde, c'est cool et, comme chaque geste éco-responsable, cela est nécessaire. Gandhi et Greta vous donnent le bonjour !
- Un concept pour plaire aux geeks et une femme plus jeune que vous de 25 ans qui fréquente chaque jour le rayon 'épanouissement personnel' de la librairie du coin. Et vous y entraîne.
- Un morceau rock-blues, un morceau rock-prog et plutôt méchant, son pendant lumineux, un solo de sax pour dix de guitare, une touche d'Orient, un morceau à la guitare classique. Bis repetita s'il le faut...
- Des loups, messire, des... non, c'était une blague, vieille de neuf ans (déjà).

Allez, brisons-là car s'il est évident que ce manuel convient parfaitement ou presque, une fois encore, au nouveau Steve HACKETT, la surprise semble de taille face à une inspiration retrouvée, mieux servie que jamais, ou disons en tout cas depuis les douze-quinze dernières années. Le clip de "People of the Smoke" publié en fin d'année 2023 faisait un peu peur, avec sa banque d'images en noir et blanc, le playback de HACKETT pour un résultat douteux, mais, comme dit l'intéressé, tout 'pour plaire aux promoteurs, sinon c'est rien'. Sad but true. Il en va sans doute de même pour la pochette façon album jeunesse (cela rappelle une séquence centre du jeu vidéo Monkey Island 5, en moins bien alors que c'est en 2D), la photo du livret verso où Steve nous toise, nous montre du doigt façon Robert De Niro en beau-père et tient une lanterne allumée sans doute par Harry Potter !

Sans continuer plus longtemps les quolibets, une fois passés les détails gênants, il va de soi que The Circus and the Nightwale est un effort à saluer, sans doute le plus méritoire de Steve HACKETT depuis belle lurette. Peut-être est-ce parce que, atteint par la nostalgie de 74 printemps, l'album qu'il publie lors de sa semaine-anniversaire implante les racines pour son histoire dans son enfance, son chemin de vie. Les bruits de radio introductifs évoquent l'appartement des Hackett au tout début des années 1950, dans le Londres post-Seconde Guerre, rationné encore et soumis au 'smog', le nuage de pollution qui a marqué son histoire. "People of the Smoke" donc, même si il y a une filiation ferroviaire, révolution industrielle etc, impose ses cordes 'dance' à la RONDO VENEZIANO pour dériver sur une pop-song bluesy moins connotée. Et c'est du tout bon : Amanda Lehmann aux choeurs, Nick D'Virgilio (SPOCK'S BEARD et... GENESIS !) remarquable à la batterie, soli de guitare multiples.

La plupart des morceaux s'enchaîne ensuite (avec pour seule vraie césure 'vinylesque' le passage de "Get Me Out!" à "Ghost Moon"), de quoi renforcer l'idée de concept. Il y a de la transition courte comme de la chanson normale pour ne pas dire 'habituelle' dans le cas hackettien. "Taking You Down", unique effort de Nad Sylvan, se révèle toutefois convaincante jusque dans le solo de Rob Townsend au sax, même si on lui préfère celui de de "Circus Inferno", dans un style fait de différences, y compris son rock 'roulant' bien introduit par le fameux tar de Malik Mansurov. En tout cas, tout est bien mis en oeuvre pour dépeindre les expériences diverses du protagoniste 'Travla' (pour traveller, un 'nom' que HACKETT voulait 'universel', ouais) dans son apprentissage humain, jusqu'à l'âge adulte...

"All at Sea" (rah, cette guitare qui imite un chant d'orque ou de baleine !), "Into the Nightwhale" dont une partie, Mellotron à l'appui, se situe clairement entre "The Devil's Triangle" de KING CRIMSON et 666 d'APHRODITE'S CHILD forment les séquences ambiances plutôt réussies. HACKETT s'inspire de l'Odyssée, du Pinocchio de Carlo Collodi et propose de grands moments épiques avec des diables, des monstres marins, souvent figuratifs pour les péripéties de l'homme qu'il a été, à diverses périodes de sa vie, surtout les noires. Tout ça pour finir sur la découverte de l'amour le plus pur, beau message certes mais illustré par la photo adjointe dans le livret aux paroles de "Wherever You Are" (prise avec sa femme Jo, en Inde, 'là où tout est simple', ouais), un rien forcée, contrairement à cette conclusion positive en musique, pop lumineuse à la "A Place Called Freedom" (2011), "poursuivie par "White Dove", dernière envolée 'amoureuse' de guitares classiques.

Entre le ton jazzy de "Found and Lost", parcourue d'harmonica et un superbe piano électrique concocté par Roger King, et le slow blues "Get Me Out!" où les mêmes intéressés et le batteur Craig Bundell improvisent savamment, il n'y a pour une fois guère à choisir. De même pour "Breakout", instrumental rugueux et roulant à son tour, avec la batterie de l'invité Hugo Degenhardt, "Enter the Ring" et "Ghost Moon and Living Love" avec leurs sensibilités acoustiques évidentes dans les arpèges de 12 cordes, tout à tour pour de la folk baroque ou bien de la pop nostalgie des 60's, flûte de John 'petit frère' Hackett et voix suave d'Amanda Lehmann incluses. Malgré le fameux manuel-recette aussi réel et protocolaire qu'une sortie de la famille royale anglaise, on n'est vraiment pas loin du niveau de Wild Orchids (2006). Cela fait vraiment plaisir d'entendre HACKETT se diversifier sans se renier, faire évoluer ces piécettes avec des changements (musique foraine, valse liturgique...) dont il a le secret pour les rendre plus riches et sans rien rater... Tout comme de remettre un disque de Steve en Sélection, enfin, au bout de quatorze années.

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   MARCO STIVELL

 
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- Steve Hackett (chant, guitares, harmonica, mandoline, percuss)
- Roger King (claviers, programmations, arrangements)
- Jonas Reingold (basse)
- Craig Blundell (batterie)
- Rob Townsend (saxophone ténor, flûte irlandaise)
- Amanda Lehmann (choeurs)
- Nad Sylvan (chant, guitare additionnelle)
- Ben Fenner (claviers)
- Nick D'virgilio, Hugo Degenhardt (batterie)
- Malik Mansurov (tar)
- John Hackett (flûte)


1. People Of The Smoke
2. These Passing Clouds
3. Taking You Down
4. Found And Lost
5. Enter The Ring
6. Get Me Out
7. Ghost Moon And Living Love
8. Circo Inferno
9. Breakout
10. All At Sea
11. Into The Nightwhale
12. Wherever You Are
13. White Dove



             



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