Souvenez-vous : Night visions avait entrebaillé une petite porte vers l'originalité en proposant en 2012 un rock alternatif matiné d'éléments épiques. On se souvient du single "Warriors" et de l'espoir alors généré pour reprendre le flambeau d'un rock en pleine décomposition. Bon, l'opus suivant Night and vision s'est chargé de nous faire redescendre sur terre. Les mormons ne prenaient plus la voix de la rébellion et abandonnaient déjà toutes velléités de brandir l'étendard d'une quelconque évolution de la musique. Mais allez, on va tacher d'y croire quelques instants encore ! Voyons donc cette troisième livraison !

Le premier single "Believer"est probablement leur meilleure contribution sur cet opus. Sorti en début d'année 2017, il s'agit d'un mid tempo sans beaucoup d'électronique, ce qui n'est pas plus mal dans leur cas. Un tant soit peu hymnique, avec un refrain qui se retient fort bien. Le chant de Dan y est sérieux, utilisant même par instant des tics de flow proche de ceux pratiqués par EMINEM. Un morceau réellement intéressant. En revanche, le choix de "Thunder" comme second single me semble peu judicieux, on reprend les éléments de variété électro habituels aux grosses productions d'aujourd'hui. On s'approche dangereusement de la musique de producteur, pour les oreilles des ados uniquement. N'y voyez aucune intention de ma part de condamner pour autant. Simplement, le groupe a désormais clairement fait son choix.

Hélas, mille fois hélas... La quasi totalité du reste est sans réel intérêt. On entend toutes les chansons, mais on n'a pas vraiment envie de revenir dessus, de l'ouverture électro de "I don't know why", dansante et bien gaulée certes, mais pas transcendante, puis nous avons les choeurs de "Whatever it takes"... Mouais, ça pourrait plaire aux jeunes qui chantent en levant le poing... Bon, on pourra de même apprécier la dynamique de "Rise", mais ça reste tellement entendu... On retiendra les quelques accents QUEENiens de "Yesterday". Pour le reste, on évolue entre l'indifférence et l'indigence avec "I'll make it up to you", "Start over" ou "Dancing in the dark" qui n'est hélas pas la reprise de SPRINGSTEEN, ce qu'on se prend à le regretter... Tout ceci est évidemment très calibré, très mélodique attention, tout se chante et se retient pas si mal, mais je ne peux m'empêcher de ressentir une certaine frustration, il me semble que le groupe de Salt Lake City pouvait proposer quelque chose d'autre.

Ils ont visiblement opté pour une vie de rock stars adulé des ados. Oui ça se défend, oui ça se comprend. Mais notre pauvre Rock se trouve de plus en plus démuni. Pour moi, depuis MUSE, pas un seul groupe n'a réellement proposé un son nouveau, une manière différente d'aborder la musique. Pas de nouvelle forme de musique qui rallie les suffrages. Nous entrons dans une ère où les niches foisonnent et sont d'une qualité indéniable. Mais nous n'avons pas de leader de la jeunesse... Vous savez, ELVIS, BEATLES, LED ZEPPELIN, PINK FLOYD, QUEEN, U2, OASIS, RADIOHEAD ou MUSE... Ouais peut-être était-ce délirant de ma part de penser que nos quatre mormons avaient les capacités de rallier les foules tout en proposant une musique novatrice et exemplaire de son temps.

Au final donc, un disque qui plaira quelques semaines aux ados d'aujourd'hui, mais qui ne saurait faire figure de force probante dans la musique des années 2010. C'est dommage, j'y ai cru après avoir découvert "Warriors". Mais j'attends les réactions de tout le monde, il se peut que je sois définitivement passé du côté des vieux cons et que mon oreille ne soit plus capable de reconnaître le talent. Du coup, à part le joli "Believer", toute cette livraison est fortement déconseillée, mais vous pouvez toujours essayer de le mettre en soirée, même si je ne peux rien vous promettre.