Je n’ai aucune vocation à descendre de manière perpétuelle les nouvelles stars de la musique d’aujourd’hui. MAROON 5 vient à nouveau de faire la preuve de toute son indigence et c’est maintenant au tour des mormons d'IMAGINE DRAGONS d’approcher le couperet des sentences. Oh ils s’en contrebalancent bien sur, mais quid de la vision historique, de la place laissée à terme dans la musique ? Le groupe me semblait au départ porteurs d’espoirs, et je ne désespère pas de retrouver une certaine verve de leur part. Ce Mercury Act 1 est leur cinquième opus, l’artwork est cette fois simplissime et ne dégage pas une impression positive.

Hélas, la première note de "Follow You", premier single sorti en mars, est chargé d’autotune… Passons. Vidéo rigolote, mélodie catchy, des réminiscences synth pop, tout ceci fleure bon la pop, et Dan Reynolds se la pète moins que son compère Adam Levine, l'homme au melon tchernobylé, c'est à mettre à son crédit. "Wrecked" s’ensuit… un petit mid slow très pop, avec un refrain plutôt bien gaulé. Il semble que l’album soit placé sous le sceau des rapports entre Dan et son épouse et leurs difficultés à vivre côte à côte. Le dernier single est carrément d’obédience synth pop, "Monday" dégage une ambiance très eighties, on est pas si loin que ça de DURAN DURAN ou d’OMD avec ce rythme lent et quasi martial. Pas désagréable.

Enfin, je retrouve un peu de la puissance passée de "Warriors" sur "My Life", pas trop tôt. Evidemment la recette est toute simple mais l’ensemble, avec une jolie orchestration sonne superbement. Le bridge avec des guitares qui fusent de partout évoque U2.. Oui on a vu pire comparaison. Un excellent morceau. "Lonely" achève de ma rabibocher avec nos quatre lascars de Salt Lake. Voilà qui fait plaisir ! De la pop de belle allure, avec de chouettes arrangements, et un chant très habité de Dan. Un titre qui donne aussitôt envie de le réécouter et qui se fredonne très rapidement signe d’une qualité évidente.

Par instant, "Cuthroat" m’évoque les délires de Maynard Keenan et les fantomes de TOOL ou de PUSCIFER apparaissent comme par enchantement. Il y a même du LIMP BIZKIT dans le flow de Dan sur ce titre, c’est cool, il est rafraîchissant de voir qu'IMAGINE DRAGONS n’a pas tout à fait oublié son statut premier de groupe alternatif. Un peu d’énergie se dégage de "Dull Knives", qui sonne bien noisy, Dan y hurle, certes de manière un peu confuse, mais au moins la démarche est cool. Enfin, la petite vibe exotique sur "No Time For Toxic people" la rend bien sympa toute positive et rayonnante ; à force de répéter "It's A Beautiful Day", ça fonctionne et la bonne humeur devient communicative, un titre très réussi.

Il y a tout de même un bon ventre mou sur cet album, on retombe dans les travers du groupe avec "#1", qui rassemble une bonne partie des poncifs qui ont caractérisés les derniers albums. On est dubitatif devant la contine, "Easy Come Easy Go" et "Giants" est un brin emphatique. Je suis plus sensible au chant autour du feu de camp qu’est "It’s Ok", même si on reste vraiment très basique. Et parfois trop de simplicité nuit à la compo, c'est la cas de « One Day » qui accumule à nouveau les défauts habituels du genre, une mélodie ponctué d'onomatopées ne suffit pas toujours à satisfaire le mélomane.

Je ne peux hélas pas mettre une super note à ce cinquième album, qui ne démérite cependant pas. Mais cette propension à vouloir charger jusqu'à la gueule les albums alors que nous nous serions contentés de 9 ou 10 titres, c'est dommage et nous oblige à faire preuve de sévérité. Je reste donc sur un trois, mais porteur d'espoir, les mormons d'IMAGINE DRAGONS n'ont pas fait les mêmes erreurs que les collègues de MAROON 5 ; peut-être sont-ils restés plus simples tout simplement ? C'est en tout cas une belle reprise en main avec plusieurs titres remarquables, à défaut d'être géniaux.