Pas trop de bile à se faire pour notre Cyndi LAUPER à l'aube de la sortie de son deuxième opus, le premier ayant fait un flambard dément à la tête de tous les billboards du monde entier. La rouquine déjantée va donc reprendre son chemin. Impossible de se tromper : dès les premières notes, l'inconscient collectif lui-même reconnaît la voix de l'icône des eighties. La couverture donne l'occasion de découvrir Cyndi sous un nouvel aspect, plus calme – pas difficile tant notre donzelle semble surexcitée en permanence. On note la présence rare de 3 immenses guitaristes pour cet album, Rick Derringer, Nile Rodgers et Adrian Belew. Nous sommes en 86, et même si la new-wave commence à perdre du terrain face à la montée des phênomènes alternatifs, elle reste dominante dans le paysage musical d'alors. Attendez-vous donc à un mix des éléments pop et de new-wave dans cette nouvelle livraison.

"True Colours" sort deux semaines avant l'album. Et quel plus beau porte-étendard que cette composition douce et onirique ? Elle sera servie à toutes les sauces, servant d'emblème à moults organisations et événements visant à annihiler toute trace de racisme dans l'esprit humain. Slow intemporel au ton doucereux, classique parmi les classiques, cette chanson a définitivement gagné ses galons de super standard. Cette manière qu'a la chanteuse de sussurer "You know I'll be There", c'est juste magique ! Tout le monde la connaît, c'est l'évidence, elle atteint d'ailleurs le sommet du top US, une fin en soi !

"Change of Heart" lui succède. On y retrouve les BANGLES aux backing. Ceux qui, comme moi, ont connu cette époque des eighties s'en souviendront dès la première écoute. Même si le titre n'est pas resté de la même manière dans la mémoire collective, il reste un grand classique. De la new-wave avec des sons plastifiés et une batterie en carton, on est tout proche des grands thèmes chéris par les DURAN DURAN. Elle va d'ailleurs atteindre la place 3 du billboard, ce n'est pas rien. Le troisième single est la reprise du méga-tube de Marvin GAYE "What's Goin On", une version très modernisée où la voix de Cyndi parvient à tirer les marrons du feu.

Au tour de "Boy Blue" à la guitare très typée entre Stuart Adamson et The Edge et au rythme dansant, premier single de l'artiste à passer quasiment inaperçu, sympathique sans être transcendant. Rien d'incroyable, cela dit, personne n'y échappe. On passe directement au suivant, le sautillant "Maybe He'll Know", un doo wop en forme de boogie woogie, rapide et assez enlevé, qui se marie bien avec le chant de notre Cyndi dont les vocalises singent parfois Brenda LEE. Toutefois, lâcher ce style de titre dans un billboard dans les eighties ne promet rien de bon, et malgré l'aide aux backing de l'immense Billy JOEL, la chanson est un petit four.

Passons au reste de la galette : "Calm Inside the Storm" est terriblement daté, tout y sonne eighties, ce sera la même analyse un peu courte pour "911". "One Track Mind" poursuit la quête de cette époque avec grosse babasse ronflante et batterie en carton - comme dans les B.O des films de J-C VD ouais ! - "The Faraway Nearby" est rigolote, mais simpliste à mort avec de gros bontempis. Enfin, il est toujours drole d'écouter une nouvelle version de "Iko Iko, chanson symbole de la Nouvelle Orleans popularisée en 1955 par les DIXIE CUPS. Pas grand-chose à souligner sur celle-ci, Cyndi se contentant du minimum syndical.

Incontestablement, ce deuxième opus est moins bon que le premier, moins frais, moins direct, même s'il est tout aussi varié. On reste toutefois sur la force probante indéniable de "True Colours", de même que sur la qualité de "Change Your Heart". Les autres singles sont aussi de bonnes qualité mais au final, on est en deçà de She's So Unusual. Pas bien grave, cela dit. L'opus au miroir s'écoule en quelques 7 millions d'exemplaires et prend place au rang d'essentiel dans la carrière de Cyndi LAUPER.