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TALKING HEADS - Naked (1988)
Par ARP2600 le 26 Septembre 2017          Consultée 2311 fois

Visez-moi cette pochette. On peut la trouver affreuse, mais elle est bien plus pertinente que la plupart des autres chez TALKING HEADS. Le portrait d'un chimpanzé et ce titre « Naked », autrement dit nu, dévêtu, à poil, etc. Même sans lire les paroles, on sent poindre l'idée du singe nu chère à Desmond Morris. Les humains sont des singes sans pelage, des animaux très intelligents mais des animaux quand même. Rien de surprenant de la part du groupe new-yorkais, qui n'a jamais manqué une occasion de critiquer la civilisation moderne, soit directement comme sur More songs et Fear of Music, soit indirectement avec leur tendance pour la world music et la fausse naïveté.

Tout ceci trouve son aboutissement sur ce dernier album, qui fait oublier le faux pas de True Stories, et aurait toujours dû être considéré comme la magnifique conclusion de cette carrière si atypique. Malheureusement, cette performance est passée inaperçue dès sa sortie en 1988, et rares sont les chroniqueurs qui lui rendent justice. Le problème, c'est que cette réussite n'est pas logique a priori. Quand un groupe est passé d'un art rock brillant à une musique plus simple et commerciale, avec des albums de plus en plus navrants, quelle est la probabilité qu'il se rétablisse in extremis ? Et pourtant...

Avant de parler précisément des styles abordés, le fait que le disque soit produit par Steve Lillywhite est déjà un bon signe. Secundo, le groupe est venu expressément à Paris pour travailler avec des musiciens d'origine africaine mais pas trop influencés par la culture américaine. L'idée était d'approfondir leur côté world, au moyen de percussions, de kora, d'instruments à vent et même d'accordéon. Ils se sont ainsi ouverts au raï, au zouk, à la samba, sans quitter le rock funky pour autant. C'est un ensemble éclectique et festif, positif et léger dans la première partie, puis partant vers des ambiances plus rêveuses voire tristes. Les sonorités sont très riches et colorées, c'est vraiment le jour et la nuit avec la platitude de True Stories.

On ne peut pas dire que ce soit un disque sans défauts, mais il est difficile d'en citer. En fait, le plus grand est peut-être qu'il est d'abord facile, mais nécessite dix écoutes pour ne plus paraître anodin. Sa trop grande subtilité le dessert certainement auprès du public pop-rock. En tout cas, c'est comme ça que les choses se sont passées pour moi... d'une écoute à l'autre, on remarque des petits détails intéressants dans la composition, on ressent la beauté du son et des ambiances, on se laisse entraîner par ces rythmes riches, et on comprend petit à petit les messages humanistes et écologistes.

Sinon, on peut dire que les chansons zouk sont les plus creuses, mais ce n'est pas une surprise. « Totally nude » est la seule qui reste anodine avec le temps, mais ils l'ont certainement voulue très naïve. Quant au single « (Nothing but) Flowers », son texte très drôle aide beaucoup (1). Enfin, « Bill » est un bouche-trou, qui n'était d'ailleurs pas présent sur la version vinyle. Les huit autres titres sont très solides. Il faut aimer les cuivres, mais « Blind », « Mr. Jones » et « Big Daddy » sont tellement entraînants... et que dire du rythme de « Ruby dear », un vrai petit bijou. Le sommet est cependant « The Democratic Circus » qui, loin d'être un brûlot, critique avec beauté et délicatesse ; une chanson à la lisière du rock progressif qui les ramène près de KING CRIMSON. Il y a aussi « The Facts of Life », où l'instrumentation indus obsédante se marie avec les éléments world pour parler de la question du singe et de l'humain. Enfin, le final art rock « Cool Water » (2), détonne un peu mais constitue une conclusion bien mélancolique, puissante et presque glaçante, à leur discographie.

Reste à savoir si Naked a été conçu pour être le dernier album. On dit que David Byrne avait pris trop d'importance et que le groupe était au bord de la rupture, mais qu'en est-il réellement ? Toujours est-il que l'album a été suivi d'une pause qui s'est transformée en séparation trois ans plus tard. Quoi qu'il en soit, Naked ressemble bien à un au revoir. C'est une œuvre intelligente, à la fois critique, ludique mais surtout apaisée, où on ressent de la maturité, de la maîtrise, mais aussi une pointe d'essoufflement, des signes qui ne trompent pas. En somme, ils se sont arrêtés juste à temps, et il ne reste plus maintenant qu'à espérer que l'histoire finira par rendre justice à leur chant du cygne.

(1) Il est situé dans un monde a contrario où la nature a remplacé la civilisation et le narrateur se rappelle le bon vieux temps des voitures et des fast-food avec nostalgie. D'une ironie exemplaire.

(2) Oserais-je dire hammillien ? Oui, j'ose !

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- David Byrne (chant, guitares, claviers)
- Chris Frantz (batterie, percussions)
- Jerry Harrison (piano, claviers, guitares, tambourin, chœurs)
- Tina Weymouth (basse, claviers, orgue, chœurs)
- Nombreux Musiciens Additionnels


1. Blind
2. Mr. Jones
3. Totally Nude
4. Ruby Dear
5. (nothing But) Flowers
6. The Democratic Circus
7. The Facts Of Life
8. Mommy Daddy You And I
9. Big Daddy
10. Bill
11. Cool Water



             



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