Mesdames et messieurs, voici l'album le plus expérimental de la carrière d'Alizée.

… MAIS ARRÊTEZ DE RIRE, BORDEL !!!

Enfin, quoique... Après tout, mettre « Alizée » et « expérimental » dans la même phrase, est-ce si naturel ? Jusqu'en 2010, la carrière de la jeune Corse se limitent à deux albums de pop adolescente et un album d'électro pop générique. Alors entendre qu'Alizée ferait de la musique expérimentale, il y a là de quoi rire, n'est-ce pas ? Et pourtant, et pourtant, Une enfant du siècle ne pourrait être qualifiée autrement, dans une certaine mesure.

Il s'agit surtout d'un nouveau départ pour Alizée. La chanteuse n'a en effet pas connu un franc succès avec Psychédélices (2007), du moins en France. Désireuse également de sortir de l'image de Lolita lui collant à la peau depuis une décennie, elle décide de continuer dans une veine plus mature et artistiquement exigeante. Son mariage avec Jérémy Chatelain battant sans doute de l'aile (le couple divorce en 2011), Alizée fait appel à une toute nouvelle équipe pour la composition, constituée principalement de groupes de musique branchouilles, pour ce faire. Et niveau critiques, ça a bien marché, les journaux spécialisés ont salué la maturité de la chanteuse, et tout le blabla, etc...

Concrètement, Une enfant du siècle mérite-t-il l'emballement médiatique auquel il a eu droit ? Basiquement, oui. S'inspirer de la vie d'une certaine Edie Sedgwick, muse d'Andy Warhol à la fin des années 60, a été un pari gagnant. Plus d'une fois, lors de l'écoute de l'album, on sursaute et on se dit « hé mais c'est pas mal du tout, ça ! ». Ce qui suffit pour dire que Une enfant du siècle est meilleur que Psychédélices. La raison ? Une musique électro dans l'air du temps, souvent dynamique et variée, et également bien mature. Et des paroles à l'avenant, qui sans égaler les grands noms de la chanson française, loin de là, restent assez agréables à écouter. Au passage, notons la présence de paroles en anglais mêlées sans complexe au français (oui, c'est sale), mais aussi "La Candida", entièrement interprétée en espagnol.

Du coup, ça donne des chansons comme "Les collines (never leave you)", clairement taillé pour être le single de l'album, mais qui reste très bon à écouter en boucle. Il y a aussi "Limelight", qui commence comme une chanson française à cordes lambda, avant de partir dans une direction qui n'est pas sans rappeler de la synthwave, toutes proportions gardées – n'oublions pas que Une enfant du siècle date de 2010. Le côté le plus pop de l'électro jaillit également avec "À cœur fendre" et "Factory Girl", sans être mièvre ou pénible.

Une enfant du siècle n'est donc pas raté, mais il n'est pas exempté de défauts. En premier lieu, la production, bien que très propre et pertinente, ne met pas tout à fait bien en valeur la voix d'Alizée. Parfois, il faut vraiment tendre l'oreille pour l'entendre, et encore plus pour la comprendre. De plus, l'album contient du remplissage de compétition, comme "14 décembre" ou "Mes Fantômes".

On aurait aimé une chose en ce qui concerne Une Enfant du siècle : que l'opus ne soit pas chouchouté que de la critique. Certes, l'album n'a, pour ainsi dire, aucune accroche franchement pop et aucune portée universelle, mais quand même, savoir qu'il a été un échec commercial laisse plus que pensif, alors même qu'Alizée montre enfin patte blanche quant à sa crédibilité artistique. Et la suite des événements, du moins sur ce point précis, ne sera pas meilleure.