5. Oui, 5. Ça aurait pu être n'importe quoi d'autre. Je ne sais pas moi, À cause de l'automne, Le Dernier Souffle, ou quelque chose d'autre. Mais non. Pour son 5e album studio, Alizée a choisi de prendre 5 comme titre. Une telle paresse devrait être criminelle. Tiens, comme punition, je vais foutre un 1/5 à l'album, ça va lui faire les pieds.

Oui, mais voilà : 5 est un bon album. Et ça m'arrache un peu de devoir dire ça d'un album auquel ont participé, entre autres, le leader de BB Brunes (ARGH !) et un gratteux de KYO (pitié tuez-moi), mais c'est un fait, Alizée a sorti coup sur coup deux albums qu'on ne peut qualifier de mauvais. Et dans des genres différents qui plus est. En effet, après Une enfant du siècle (2010), Alizée a décidé de changer une nouvelle fois son fusil d'épaule, et de manière bien radicale pour le coup. En effet, finie l'électro pop, et ce quelle que soit sa forme ! Les nombreux compositeurs mobilisés pour l'occasion participent à un album placé sous l'influence directe de la chanson française des années 60-70, avec moult arrangements de cordes et guitares acoustiques. Pas une note de synthé ou de boîte à rythme, ni plus ni moins. Une orientation aux allures de défi tant on imagine mal Alizée sortir de sa zone de confort.

5 doit notamment sa réussite artistique à l'éventail de compositeurs constitué. J'ai déjà parlé des deux zigotos plus haut, mais le nom qui revient le plus est celui de Thomas Boulard. Le leader de Luke profite du hiatus de son groupe pour fournir à Alizée 5 des 11 morceaux de l'album, et on est clairement dans le haut du panier. Alizée chante ainsi des relations tendues avec son homme ("10 Ans") ou la réinvention du prince charmant ("Mon Chevalier"), le tout de manière convaincante et convaincue. Mais le vrai clou de l'album, c'est "À cause de l'automne", logiquement choisi en single tant son refrain est captivant, grâce à une musique anglo-saxonne rappelant les grands moments de la pop britannique et des paroles signées Boulard.

D'ailleurs, si ce dernier s'était occupé de tout 5, il n'y aurait eu rien à dire tant il s'impose comme le meilleur compositeur. Est-ce à dire que le reste de l'album est foncièrement moins bon ? Oui, mais pas au point de créer une dissonance qualitative. On s'attendait bien sûr au pire avec "Boxing Club", écrite par Adrien Gallo, on se retrouve avec une chanson pas sensationnelle mais qui se tient bien. "Si tu es un homme" a de bonnes paroles, mais l'instrumentation pèche un peu par facilité, un vrai miracle quand même quand on sait que Nicolas Chassagne a participé à des horreurs de la trempe de "Une dernière danse". Et côté mélodies, autant dire qu'on se gave avec de sympathiques chansons comme "La guerre en dentelles" ou "Le dernier souffle".

Il est un peu difficile de vraiment dire du mal de telle ou telle chanson sur 5. Non pas qu'on a affaire à un album franchement bon, mais plutôt homogène. Chaque morceau possède son identité et des qualités l'empêchant d'être médiocre. Pour autant, à part À cause de l'automne, 5 manque de potentiels hits, il faut l'admettre. Mais cela ne justifie pas l'injuste échec commercial de l'album, qui n'est resté que trop peu de temps dans les charts (et pas haut en plus). Et c'est d'autant plus dramatique quand on voit comment Alizée a tenté de renverser la vapeur l'année suivante.

Note réelle : 3,5/5