De nos jours encore, tout le monde semble avoir le même avis au sujet de la carrière d'ALIZÉE, anciens fans comme éternels détracteurs : son troisième album a été celui de trop, le fameux faux pas dans une carrière prometteuse. Une sacrée gamelle, pourra-t-on carrément dire, puisque la chanteuse n'arrive plus à atteindre le top des charts en France, chose impensable avec Gourmandises (2000) et Mes Courants Électriques (2003). Diantre, mais que s'est-il passé ? Les gens se sont-ils lassés d'ALIZÉE ? Ou bien le public cible a-t-il grandi et donc acquis du bon goût ?

Peut-être, mais il n'y pas que ça. ALIZÉE, dans son âge d'or, c'est surtout Mylène Farmer et Laurent Boutonnat dans les coulisses. Le duo se pliait en quatre pour donner à Alizée de quoi chanter et bouleverser les ondes puis les fans. Mais ALIZÉE aussi grandit, change d'entourage, et même devient mère grâce à son mari de l'époque, un certain Jérémy Chatelain. Cela explique un long silence de 4 ans, avant qu'elle ne sorte son premier album post-Farmer/Boutonnat, j'ai nommé Psychédélices. L'album de la discorde, donc. Sur le papier, ça s'annonce très curieux au vu des noms participant à la composition de l'album. On retrouve ainsi Jérémy Chatelain, mais aussi deux poids lourds de la musique française, à savoir Daniel Darc et Oxmo Puccino, entre autres. Niveau pedigree, pour remplacer Farmer et Boutonnat, ça se pose là, et pas qu'un peu.

Et pourtant, Psychédélices est une sacrée déception, annoncée par un single éclaireur éloquent. Quiconque écoutait encore la radio en 2007 est forcément tombé sur "Mademoiselle Juliette". Avec cette chanson, on s'est retrouvé face à une ALIZÉE qui n'a pas semblé avoir grandi en fait, et qui rejoint le gigantesque cimetière des chanteuses pop sans personnalité qu'on ne retient que le temps d'un single et puis c'est tout. Pas étonnant que le public se soit senti échaudé et ait préféré passer son chemin, du moins en France. Pourtant, si l'on ose écouter le reste de l'album, on s'aperçoit que c'est loin d'être la pire piste, même si pour être franc, "Mademoiselle Juliette" ne cache pas une forêt luxuriante.

Globalement, l'un des points faibles de Psychédélices, ce sont ses paroles. Ok, c'est pas Chatelain qui va faire chanter à sa femme des textes terriblement ambigus, mais de là à être si premier degré, ça laisse songeur. Pour la musique, il faut admettre qu'un morceau comme "Mon Taxi Driver" se tient bien, et se dégage bien du reste. En parlant de taxi, les contributions de Daniel Darc ("Jamais plus", "Lonely List") se tiennent bien et se démarquent assez du reste, mais fatalement, il y a le fantôme de Taxi Girl qui a traîné en studio, et c'est flagrant. Mais de là à y voir une qualité ou un défaut, je suis encore dans le doute.

Le reste n'est donc pas folichon, mais il existe encore des nuances. "Décollages" par exemple, avec Oxmo Puccino qui chante un peu en plus d'en être l'auteur des paroles. Enfin, je ne pourrai en parler en détail, puisque cette chanson m'a paru si atroce que je ne l'ai écoutée qu'une seule fois dans ma vie, et je n'ai même pas voulu faire l'effort de la réécouter tant elle est horrible. C'est vous dire si elle est mauvaise. ALIZÉE tente également le coup de la chanson poignante avec "Idéaliser", mais entre les couplets qui rappellent douloureusement Alliage (un boys band oublié de tous aujourd'hui) et un autotune réglé comme de la merde, dire que c'est raté est un euphémisme. Et mettre à la suite un autre mid-tempo ("L'effet") en fin d'album, ça nuit à la dynamique de l'ensemble.

Premier vrai pas d'adulte raté pour ALIZÉE. Psychédélices conforte les détracteurs de la chanteuse dans l'idée qu'elle n'est qu'un phénomène marketing sans talent ni relief. Et a priori, il est difficile de leur donner totalement tort, tant l'album n'a même pas une seconde lecture redoutablement bien cachée ou bien l'exploitation pertinente d'une image. Et au passage, l'album sera un semi-échec commercial, sauf au Mexique et dans d'autres pays du monde.