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- Style : Cabaret Voltaire, Brighter Death Now
- Style + Membre : Coil, Monte Cazazza

THROBBING GRISTLE - The Taste Of Tg (2004)
Par NOSFERATU le 27 Juin 2021          Consultée 708 fois

THROBBING GRISTLE ou les "destructeurs de la civilisation" pour un député conservateur anglais…
A la seule appellation du groupe, des images inquiétantes nous submergent : mutilations, camps de concentration nazis, "serial killers", extrémisme sonore… A l’origine, des cramés du bulbe du Londres arty du début des foisonnantes années 70 avec les expérimentations tarabiscotées de COUM TRANSMISSIONS , proches des happenings artistiques à la Jean jacques lebel, voire des actionnistes viennois ou de la zique contemporaine de l’anarchiste JOHN CALE mais aussi du psychédélisme américain dans son versant fracassé qui battait alors son plein . Ainsi, leur leader shamanique, le fameux Genesis P Orridge, à l’époque est aussi fasciné par les travaux déviants du VELVET UNDERGROUND, de Syd BARRET, des MOTHERS OF INVENTION, des DOORS, de TANGERINE DREAM… de Charles Manson.

En 75, ces activités artistiques s’arrêtent pour donner naissance au combo qui va, d’après BOWIE, féru de mouvements avant-coureurs, être aussi audacieux que le VELVET, les sordides THROBBING GRISTLE . Sur scène, c’est, en effet le cauchemar assuré… En cette ère pré-punk, à peine sortie de la fête glam rock la doxa baba cool domine encore les consciences médiatiques. Imaginez un peu la stupéfaction des téméraires spectateurs assistant aux shows démentiels de la secte proto industrielle. Un bruit électronique non identifié dérangeant fait d’infrasons sur scène avec l’imagerie confrontant pornos crades et holocauste nazi… Oups…

Pour le néophyte, cette compilation est quasi parfaite pour approcher l’œuvre dérangeante de la bande d’allumés emmenés par le shaman en chef qu'est Genesis P Orridge pratiquant progressivement la magie, l’occultisme à la Alister Crowley et au discours transhumaniste nietzchéen assumé. Au niveau musical, c’est la révolution suprême. En 77, les DAMNED, chantres du punk rock viscéral clamaient que le rock c’était deux, voire trois accords de guitare et pas plus… Les THROBBING GRISTLE vont aller plus loin  : plus d’accords du tout. Aux yeux de GENESIS P ORRIDGE, le rock est une musique descendant du blues, donc des chants des esclaves. Et le tout est de réaliser une musique anti-esclavagiste ,anti-marchande …

L’attitude se veut être foncièrement contre l’attitude académique du rock, fut il punk… Il n’y aura que les gens ultra libertaires de CRASS arrivant un peu après, qui concurrenceront l’évangile selon P. ORRIDGE, en dénonçant l’imposture spectaculaire (au sens situationniste du terme) du punk rock. L'expression musicale, c’est aussi la traduction d'une certaine insurrection radicale. Les sonorités industrielles illustrent l’idéologie mise en place démontrant l’aliénation de la "marchandise du rock", même, on ne le répétera jamais assez, si elle se pavane avec des épingles à nourrice…

Trois facettes pour bien définir la musique de THROBBING GRISTLE : une violente, une autre effrayante, et enfin une plus singulière presque mélodique (si si !). Ce qui m’ avait interpellé bien sur, la première fois que j’écoutais TG, c’est la première facette, le jeu bruitiste complètement jusqu'au boutiste qui influencera des fous furieux comme le bruit blanc fascistoid de NON, celui nihiliste d’un WHITEHOUSE ou la perversion sonore seppuku d’un MERZBOW.

Donc entrons dans la première facette, une véritable transe meurtrière, surtout avec les titres live, comme ce "Persuasion usa", au sourd sourd et répétitif avec les incantations du sorcier urbain. "His Arm Was Her Leg" a été enregistré à la factory de Manchester, le temple de la cod wave détraquée de l’époque avec les copains damnés de JOY DIVISION (Quand on pense que Ian Curtis et Genesis devaient collaborer ensemble, satanée pendaison !). On dirait carrément du doom industriel avant l’heure qui se transforme progressivement en un impressionnant tsunami noisy. Sur "Something came over me", il semblerait que des krautrockers germaniques se prennent de passion pour l’énergie du punk : ici pas de guitare frontale mais des effets annonçant la techno, des stridences industrielles, et pour couronner le tout, un son de synthé particulièrement sinistre.

Effets technoides qui ressortent sur "Dead on arrival" et ses attaques agressives de synthétiseurs. Genre, tu ne sais pas jouer de ton clavier, donc martèle le et détruis aussi ce violon désaccordé dont tu ne sais que faire… Sur scène, les membres se précipitaient sur leurs instruments pour n’en faire plus qu’un. En gros, la fusion "man-machine" pronée par les chantres teutons de KRAFTWERK littéralement achevée. Et il y a surtout ce provocateur "Zyklon B Zombie", du punk garage indus dans la lignée de leurs concurrents CABARET VOLTAIRE et autres CHROME qui jouent au même moment ce type de recette explosive, sorte de VELVET seconde période en plus déstructuré. On parlera ici d’une lointaine préhistoire du métal industriel…

La seconde facette plus horrifique se dévoile avec déjà ce "Industrial introduction" sur l’hallucinant album "The second annual rapport" conté admirablement par Cornélius. Au moment où j’écris, ma fille me demande d’arrêter cette chose qui lui fout les jetons. En effet, c’est du "dark ambient" avant l’heure, le genre d’ambiance que tous les DEUSTH NEPAL intra-terrestres ont du apprendre par cœur… "Distant dreams" sonne comme une petite ritournelle maléfique mais l’effroi est encore plus présent sur "We Hate You (Little Girls)" avec ses hurlements, ce violon terriblement malmené, la voix fusionnant horriblement avec les instruments durant un passage. On se croirait dans une sorte d’abattoir nazi avec des cannibales aux tee shirts de GG ALLIN dévorant des petites filles vivantes…

Le titre live "Cabaret Voltaire" montre que c’est en concert que l’ambiance est effrayante avec cette intro démoniaque, pas loin des atmosphères morbides de Boyd RICE, et les déclamations vocales pleine de réverbération, et le hurlement de damné à deux minutes 20 qui vous paralyse complètement. Mais le must de l’horreur absolue est atteint par l’incroyablement malsain "Hamburger lady" marqué par un battement sourd, des nappes de synthé délicieusement moites (zouiiiiiiiin zouiiiiiiiiiiiiiiiin), des vocaux infects décrivant une femme brûlée au centième degré… J’avais arrêté net une soirée privée avec cet affolant hymne …

De l’ultra-violence, des sonorités qui font peur, mais aussi des compositions singulières qui étonnent. D'abord, à la réécoute, on sent l’énorme influence des mélodies SF faussement naïves de KRAFTWERK. C’est flagrant sur "United", quasiment de la synthpop déviante dont l’original est sur le premier album, sur "Hot On The Heels Of Love", techno avant l’heure, avec au chant le mannequin Cosey Fan Tutti, la fille la plus belle et la plus menaçante de l’univers, sur l’instrumental "Walkabout", que l’on jurerait sortir du trans europ express des allemands qui se prenaient pour des robots. D'autres constructions sonores étonnent comme cet "Exotic Funtions" au climat exotique pas loin de celui vaudou d’un DR JOHN qui aurait bouffé de l’avant-garde bruîtiste, perturbé quand même par des cris inhumains.

Une compilation montrant finalement une approche d’une discographie plutôt variée, détaillée avec faste par Cornélius, dont la dominante est évidemment même nettement rebutante pour le quidam moyen.

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1. Industrial Introduction
2. Distant Dreams - Part Two
3. Persuasion U.s.a.
4. Something Came Over Me
5. Dead On Arrival
6. Hot On The Heels Of Love
7. We Hate You (little Girls)
8. United
9. Cabaret Voltaire (live At Industrial Training Coll
10. Exotic Functions
11. Zyklon B Zombie
12. Walkabout
13. Hamburger Lady
14. His Arm Was Her Leg (live At The Factory, Manchest



             



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