Sitôt son dernier album atterri dans les bacs des disquaires, Denez PRIGENT s’est mis à sillonner les routes de France pour mettre ses nouveaux morceaux à l’épreuve de la scène. Une tournée sur deux ans qui a accouché d’un album live fin 2016, A-unvan gant ar stered (« à l’unisson avec les étoiles »). Les morceaux du CD sont issus de ses concerts à Saint-Brieuc, Guingamp, Plestin-les-Grèves, au Festival interceltique de Lorient et à la Nuit de la Bretagne à Caen. Le DVD quant à lui présente le concert complet en Normandie, avec en bonus un extrait du passage du chanteur aux Vieilles Charrues et un clip de « An old story ».

La première partie de sa carrière étant bien documentée par le live Holl A-Gevret, l’artiste a choisi de faire la part belle à ses compositions récentes, celles d’Ul Liorzh Vurzhudus. La sélection est complétée par certains morceaux déjà classiques de Sarac’h et l’inévitable « Gortoz a ran » de la période Irvi. Du neuf avant tout, donc !

Autre changement par rapport à Holl A-Gevret, les arrangements électro ont été définitivement escamotés. Il ne reste plus qu’une demi-douzaine de musiciens sur scène, avec l’apparition occasionnelle du bagad Melinerion à Caen. Les morceaux antérieurs à 2015 se parent donc de tout nouveaux arrangements, à l’image d’« An hini a garan », décoré d’une superbe mélodie traditionnelle irlandaise. Malgré l’absence de Lisa GERRARD, cette nouvelle version en concert est encore plus belle que celle en studio. « Gortoz a ran » a lui aussi été passé à la moulinette folk, avec un accordéon pour remplacer les nappes de synthé.

Les chansons d’Ul Liorzh Vurzhudus sont moins surprenantes, puisqu’elles conservent peu ou prou leurs arrangements de 2015. On remarque quand même un véritable effort d’adaptation à la scène, puisque des danses comme « An teodoù fall » et « Krediñ ‘raen » semblent plus nerveuses, en partie grâce au violon bondissant de Jonathan DOUR. Même la mélodieuse « Eostig Kerchagrin » s’enrichit de percussions solennelles en introduction.

Si les musiciens font très bien leur travail, que dire alors du chanteur ! Denez PRIGENT est aussi irréprochable sur scène que dans son studio, la marque des plus grands. Son timbre est un peu plus grave qu’autrefois, mais sa voix est toujours aussi saisissante. Sur ce disque en particulier, il livre le meilleur de lui-même sur la longue « An tri seblant », où il prend soin de traduire les paroles en français avant de se lancer dans une interprétation poignante.

Le DVD est l’occasion de prolonger un peu le plaisir pour ceux qui n’ont pas eu la chance d’assister à l’une des dates de la tournée. Le concert à Caen est réussi de bout en bout, avec une liste des titres un peu plus orientée vers la danse que le CD. On y trouve notamment la célèbre « E Garnison! » des sœurs GOADEC, et l’amusante « Son Alma Ata ». Le tout est filmé sobrement, juste comme il faut, avec des gros plans savamment distribués entre les musiciens et Denez PRIGENT.

Le chanteur breton ne s’est pas moqué de ses fans : A-unvan gant ar stered est d’une qualité au moins égale au déjà très bon Holl A-Gevret, sorti une quinzaine d’années auparavant. Le répertoire de Denez PRIGENT s’est suffisamment enrichi et modifié depuis pour justifier un nouveau live. Après une si longue absence discographique, on aurait tort de faire la fine bouche !