Recherche avancée       Liste groupes



      
CHANT TRADITIONNEL BRETON  |  STUDIO

Commentaires (1)
L' auteur
Acheter Cet Album
 


 

- Style : Gilles Servat , Yann Fañch Kemener

Denez PRIGENT - Ar Gouriz Koar (1993)
Par MARCO STIVELL le 24 Novembre 2014          Consultée 2260 fois

Ar Gouriz Koar n'est pas le premier album de Denez PRIGENT. Même si c'est le cas dans les faits, il serait réducteur de le nommer comme tel. On parle plutôt d'une rencontre véritable avec un artiste à la voix exceptionnelle. Ce jeune Léonard âgé de vingt-sept ans, ancien enseignant et animateur radio, est un fervent défenseur de la langue bretonne et de l'art musical traditionnel de son pays, passion développée par sa grand-mère.

Ce disque, dont la vocation est exclusivement promotionnelle à l'origine, apportera le succès à l'une des plus grandes « voix » de la Bretagne des années 90, même si dans ce cas précis, il s'agit autant d'une image symbolique que de l'organe humain. Denez PRIGENT maîtrise le chant traditionnel, le kan ha diskan (réservé aux danses) et la gwerz (art des complaintes, affranchies du rythme). Il les défendra tout au long de sa carrière.

L'artiste est aussi un poète, compositeur et arrangeur, mais pour ce premier essai, on le perçoit avant tout comme interprète. Cette voix au timbre nasal et puissant, quel que soit le volume, roulant les « r » comme on le faisait couramment autrefois en Bretagne, résonne pendant l'heure complète que dure Ar Gouriz Koar, et de manière intime. En effet, ce disque « promotionnel » n'a pas été pensé non plus en termes d'arrangements autres que vocaux.

Le chant de PRIGENT baigne dans la réverbération, souvent capturée à l'église Saint-Etienne (Rennes). En studio le reste du temps, l'artiste nous propose quelques danses comme celle qu'il a écrit lui-même et placé au milieu de l'album, courte mais suffisante pour lui permettre davantage de liberté. Ces « kan ha diskan » sont l'occasion d'employer un registre cynique, contrairement aux « gwerzioù », toujours tristes.

Parmi les plus beaux morceaux choisis, il convient de citer « Deuit Ganin » et bien entendu la célèbre « Ti Eliz Iza », reprise diversement par les artistes bretons, anciens et récents. Cette version, plus complète, a été transmise à Denez PRIGENT par Eugénie Goadec en personne. L'histoire tragique de la petite Korantenig est chantée sur plus de huit minutes, avec beaucoup de respiration.

Dans un registre similaire, l'interprète nous propose une histoire de son cru avec « Gwerz an Aksidan » (« complainte de l'accident »). Pour l'écriture, il reprend en fait le style des anciens airs, tout en y incorporant des éléments modernes. On ne peut alors s'empêcher de faire un léger anachronisme avec l'album Irvi paru sept ans plus tard, où le camion deviendra un bateau, et les enfants, des oiseaux...

Du reste, déjà beaucoup de récits autour de femmes et d'hommes en deuil, non-moins splendides : « Iwan Gamus », que le chanteur tient de sa grand-mère. Parfois, quelques sourires, fripponeries comme sur « Marivonig » (une demande en mariage ratée !) et « Dañs » où un couple se venge d'un parent abusif. Les connaisseurs seront ravis à l'écoute de cette version de la « Complainte de Penmarc'h » pour laquelle -et comme « Iwan Gamus »- la grande Kristen Noguès vient orner la voix de PRIGENT de quelques (h)arpèges coulés, arrangement dont elle a le secret.

Ce n'est certes pas le disque le plus facile d'accès de l'artiste pour un amateur de musiques modernes, et qui peut être facilement rebuté par la durée d'ensemble. Ar Gouriz Koar (« la ceinture de cire », image empruntée aux légendes bretonnes) se situe loin de ce que PRIGENT réalisera ensuite, et il se voit naturellement considéré par les puristes comme son meilleur disque. Sans aller jusque là, on ne peut que s'incliner devant la portée de ce premier essai, grâce à une identité déjà évidente, entièrement due à son protagoniste et l'univers qui l'a conduit jusque là.

A lire aussi en MUSIQUES TRADITIONNELLES par MARCO STIVELL :


MYRDHIN
Naître D'amour (1989)
Musique avenante pour sacrements.




MYRDHIN
A Cordes Et à Cris (la Harpe De Merlin) (1995)
L'album pop de Myrdhin


Marquez et partagez





 
   MARCO STIVELL

 
  N/A



- Denez Prigent (chant)
- Kristen Noguès (harpe)
- Alain Couzigou (clavier)


1. Iwan Gamus
2. Plac'h Landelo
3. Diwar Va Skaoñv
4. Ar Verjelen
5. Gwerz An Aksidan
6. Dañs
7. Ti Eliz Iza
8. Eur Vag A Vountroules
9. Gwerz Penmarc'h
10. Gwerz Ar Vezhinerien
11. Deuit Ganin
12. Marivonig



             



1999 - 2024 © Nightfall.fr V5.0_Slider - Comment Soutenir Nightfall ? - Nous contacter - Webdesign : Inox Prod