Recherche avancée       Liste groupes



      
POP-ROCK PROGRESSIF  |  STUDIO

Questions / Réponses (1 / 10)
L' auteur
Acheter Cet Album
 


 

- Membre : Goldman Jean-jacques
- Style + Membre : Week-end Millionnaire

TAÏ PHONG - Taï Phong (1975)
Par MARCO STIVELL le 20 Septembre 2017          Consultée 4155 fois

TAÏ PHONG est le projet de deux frères d'origine vietnamienne, Khanh Maï et Taï Sinh, devenus européens depuis leurs études à l'adolescence, en Angleterre, et vivant comme professionnels de la musique, selon leur propre décision, contraire à celle de leur famille. À Paris, Taï Sinh travaille pour la maison de disques Barclay et Khanh Maï comme ingénieur du son.

Ils avaient déjà fondé le groupe The Monsoons à la fin des années 60, avec un potentiel régulièrement salué au cours de ses quatre ans d'existence, puis tenté diverses expériences non-abouties. Ils décident alors de fonder TAÏ PHONG, au nom tout aussi connoté par le climat et la latitude (tài phong/đại phong, respectivement "génie du vent" et "typhon" en vietnamien), dès l'arrivée des bons musiciens : Jean-Alain Gardet, Stéphan Caussarieu et Jean-Jacques Goldman.

Ce dernier a fait partie de divers groupes, les Red Mountain Gospellers, les Phalansters, et il aide au magasin de sport familial, à Montrouge. TAÏ PHONG est un excellent moyen de se professionnaliser en musique, aussi bien en studio que sur scène, même si le rapport humain n'est ni la priorité ni la qualité première. Caussarieu est un batteur diplômé qui a déjà travaillé pour le Club Med, et Jean-Alain Gardet vient ajouter des influences jazz à cette bande de musiciens solides.

Tout se passe dans la maison des deux frères, les cinq garçons font jaillir une musique inspirée de la pop des années 60, BEATLES et autres mais bien plus riche, portée par le courant progressif alors en vogue. Maï et Sinh sont très influencés par YES, GENESIS, KING CRIMSON et tant d'autres. Goldman, lui est plus blues, de base, et sa voix particulière le rapproche de celle du chanteur de PAVLOV'S DOG, David Surkamp.

Le premier album éponyme est celui d'une poésie nébuleuse très caractéristique d'alors, tour à tour sucrée et pimentée comme il le faut. Les harmonies vocales de Goldman et Maï sur fond de "ballade spatiale" à la PINK FLOYD ("For Years and Years (Cathy)"), avec un texte romantique, des arpèges folk ou jazzy en son "pur" à la guitare, des passages instrumentaux où l'orgue Hammond plane, la basse Rickenbaker remonte et la batterie joue au fond des temps comme celle de Nick Mason, tout cela vient nous chatouiller les oreilles.

C'est la même formule pour "Sister Jane", écrite par Khanh Maï seulement pour plaire à la maison de disques (Warner). Goldman chante à la limite du faux et de manière très forcée, on se demande si cet homme a des limites, tellement il peut monter haut dans les aigües. Seulement voilà, son timbre a quelque chose en plus et il s'adapte parfaitement aux passages les plus doux. Parmi les ingénieurs du son – dont le boulot est ici fabuleux -, il y a un certain Andy Scott qui ne le quittera plus ensuite.

L'expression "grand vent" correspond parfaitement à ce groupe, à ces moments majestueux et célestes, écrits par Taï Sinh, comme le final de "Fields of Gold" où les claviers de Gardet pleuvent, piano et cordes ARP ou Elka Rhapsody, tandis que Caussarieu et Sinh assurent un tapis rythmique parfait, et Goldman fait pleurer sa guitare électrique. L'excellent "Out of the Night" poursuit encore un peu l'esprit langoureux et mélancolique, tout au long de ses onze minutes. C'est très beau, quoique légèrement uniforme.

Il y a peu de moments réellement rock progressifs, avec des cassures rythmiques et des mélodies en montagnes russes, mais ils constituent des efforts plus qu'honorables pour une formation toute fraîche encore. Sinh seconde Gardet au synthétiseur Moog sur le début vitaminé de "Crest" avant une seconde partie plus calme. "Goin' Away" surtout, est un morceau de bravoure où Goldman, compositeur du titre contre toutes attentes, donne tout ce qu'il a et peut. Ah, ces vocaux en intro ! On croirait entendre Jon Anderson de YES !

Bref, Taï Phong, l'album comme le groupe, est tout sauf risible, malgré le chant en anglais et les quelques clichés auxquels on se raccroche, dans notre beau pays si enclin à la variété plutôt qu'aux musiques complexes, mais qui offre un beau succès au groupe en cet été 1975. À la télé, une bourde de Danièle Gilbert qui présente un groupe japonais et une connerie non-moins mémorable (façon de parler) de Julien Lepers qui dit "Taï Phong" avec un accent asiatique en se bridant les yeux, chose qui n'a fait rire que lui sans doute - "Ha, sacré Julien !" comme dirait Clark Gable -.

Surtout, un succès incroyable pour "Sister Jane" qui devient le tube de la saison, slow favori dans les boîtes de nuit, et qui l'a bien mérité, même si elle reste l'arbre qui cache la forêt, ou le sous-bois. Une belle promenade musicale en tout cas, même si ce sont d'abord des ballades et même si la discographie de TAÏ PHONG sera courte.

A lire aussi en ROCK PROGRESSIF par MARCO STIVELL :


RENAISSANCE
Novella (1977)
Dernier chef-d'oeuvre en mode folk prog sympho




IONA
Open Sky (2000)
Chef-d'oeuvre, c'est tout.


Marquez et partagez





 
   MARCO STIVELL

 
  N/A



- Khanh Maï (guitares, chant)
- Taï Sinh (basse, choeurs, guitare acoustique, synthétiseur)
- Jean-jacques Goldman (chant, guitares, violon)
- Stéphan Caussarieu (batterie, percussions)
- Jean-alain Gardet (piano, orgue, claviers, synthétiseur moog)


1. Going Away
2. Sister Jane
3. Crest
4. For Years And Years (cathy)
5. Fields Of Gold
6. Out Of The Night



             



1999 - 2024 © Nightfall.fr V5.0_Slider - Comment Soutenir Nightfall ? - Nous contacter - Webdesign : Inox Prod