Recherche avancée       Liste groupes



      
POP-ROCK PROGRESSIF  |  STUDIO

Commentaires (5)
L' auteur
Acheter Cet Album
 


 

- Membre : Goldman Jean-jacques
- Style + Membre : Week-end Millionnaire

TAÏ PHONG - Dragons Of The 7th Seas (2021)
Par MARCO STIVELL le 1er Février 2022          Consultée 3096 fois

Ah, retrouver TAÏ PHONG ! Une fois par décennie pour la nouveauté, voilà une expression qui donne du bonheur, et Bleu sait qu'il y en a besoin. Un groupe de bien, des musiciens talentueux dont on sait ce qu'ils vont nous donner mais qui le feront bien, à n'en pas douter. Un groupe de rock progressif qui préfère se concentrer sur les ballades, recette principale de son succès médiatique fort lointain, mais qui sait s'y prendre, amoureusement. Une âme romantique toujours teintée d'innocence, de beaux sentiments forts, quelque peu égarés dans la pire période imaginable avec ses smartphones et ses détachements, son 'moi' avant tout, son hypersexualisation sans filtre et son humour grinçant.

Égarés mais tenant bon, face au typhon dévastateur. Éparpillés pas seulement dans l'évitement généraliste spécial 2020/2021, mais parce que TAÏ PHONG est fait ainsi. Parmi les membres fondateurs et depuis de nombreuses années, seul Khanh Maï a subsisté. Les chanteurs et voix féminines se sont succédé, y compris au cours des dernières années. Le guitariste 'metal' Davy Kim, fils de Khanh Maï et shreddeur spécialiste de la marque Ibanez, a lui aussi choisi de rester en lieu et place comme il le faisait sur le dernier album, Return of the Samurai en 2013. Avec les années, si le groupe n'est plus reconnu en France comme il le devrait, d'autres publics sont tombés sous le charme : en Europe de l'Est, au Japon (un DVD live ayant vu le jour en 2016 grâce à une prestation là-bas), en Océanie, même aux États-Unis !

Dragons of the 7th Seas, marquant le coup en cet été 2021, garde un peu de ce caractère itinérant et des changements de formation, quitte à sembler parfois être fait de bric et de broc. Outre les quarante à quarante-cinq minutes règlementaires pour le nouveau, quatre pistes bonus ont été ajoutées, quatre ballades simplement. L'une d'entre elles, "Close My Eyes", offre la seule prestation avec le chanteur Jose BOLERO, au timbre aussi féminin qu'ont pu l'être tous les chanteurs hommes de TAÏ PHONG. Surprise de taille en revanche, l'inédite "Melody" date des années 70, avec donc Taï Sinh (frère de Khanh Maï), Stéphan Caussarieu, Jean-Alain Gardet et bien sûr Jean-Jacques GOLDMAN ! Une chanson dans la lignée de "Sister Jane" avec la montée finale propice à rappeler de beaux souvenirs.

Si l'on s'attarde sur les bonus, c'est pour dire aussi qu'en dehors de la qualité d'une décennie à l'autre, si le son change et se fait moins cotonneux à l'heure actuelle, la grâce est toujours vive, l'identité du groupe se retrouve dans une forme de continuité, d'homogénéité. Toutefois, le plat de résistance est présent avant, depuis "Expelled from Paradise" (ou même la pochette, avant cela) jusqu'à "Summer Nights", que l'on connaissait déjà, single magnifique de 2017 que l'on est bien heureux de voir figurer sur un L.P (en final, qui plus est), unique prestation d'Angélique Pacquet en enregistrement studio. La nouvelle chanteuse, venue du jazz et meneuse de son propre trio, se nomme Ketty Orzola. Le reste (à un Jean-Philippe Dupont près) de la formation que l'on voit sur le DVD Live in Japan est présent : Davy, Klod, Bastien Macoine et Romuald Cabardos.

Pour revenir dans le passé, un nouvel enregistrement de "Rise Above the Wind" (45-tours interactif de la fin des années 70, époque Last Flight) est proposé, avec Alain Stevez pour chanteur du groupe GOLDMEN, tribute à J-J.G, encore un savoureux rapprochement ! Sa seule prestation est auréolée d'un piano délicieusement funk dont Macoine est spécialiste, ainsi que d'un superbe solo de guitare par Khanh Maï. Une chanson progressive extrêmement bien construite et une autre intégration heureuse. L'autre vocaliste homme, Shay Zohar (qui a également interprété BALAVOINE, CALOGERO etc), peut être entendu sur "Segolene", slow cristallin où dominent la voix de fausset et les choeurs, puis sur la chanson bonus "J'aime la nuit", d'une naïveté touchante, les arrangements vocaux de la choriste Moria Nemo faisant superbement durer le plaisir.

L'atout vocal principal de ce disque, même si elle aussi se place dans une continuité très féminine depuis dix ans, demeure Ketty Orzola. Rien que sur "The Boy in the Storm", à l'ambiance dark et marine splendide et masquant bien ses développements, le timbre de la belle fait merveille, de même que ses passages entre voix pleine et voix lointaine, perdue au grand large. "Expelled From Paradise" navigue de moments planants aux couleurs asiatiques et orchestrales en décollages rock progressif tonitruants, synthé Moog et guitare au diapason par-dessus la rythmique metal savante. Un véritable maelström percé par le rayon de soleil, Ketty Orzola, porteuse d'accalmies et de refrains héroïques.

Il en va de même du morceau de choix, "Dragon", du haut de ses dix minutes de bonheur absolu. Tout dans cette pièce, du moindre arpège au choix des programmations, respire la classe folle, l'inspiration éclatante qui caractérise si bien TAÏ PHONG dans ses recettes pourtant habituelles : sa jig rock inespérée, ses voix en choeur sur l'océan (un passage que l'on aurait bien apprécié davantage s'il avait été plus long !), sa majesté rêveuse qui s'imprègne d'Asie extrême-orientale elle aussi, sa furie intermittente (double pédale de grosse caisse à l'appui pour Cabardos) et jusque dans les refrains rappelant les meilleurs groupes metal symphonique à chanteuse... Avec des efforts de ce type, on comprend que le rayonnement international de TAÏ PHONG n'est pas prêt d'être démenti !

Et néanmoins, de façon presque ironique, il n'y a jamais eu autant de chansons en français que sur ce disque. Une partie en bonus pour "Dans ces nuits", certes, mais "T'oublierai jamais", avec Ketty Orzola cete fois-ci, est tout aussi désarmante, dans son expression de sentiments amoureux et nostalgiques plus vifs, aventureux et vrais que le cynisme qu'ils peuvent susciter par ceux que cela peut gêner. Et ces arrangements, ce rimshot à la batterie, cette guitare souple en slide et en delay, ces choeurs et ces cuivres orchestraux ! La finesse de "Flow", la beauté prog instrumentale de "Sabishii", tout en reflux, complète magnifiquement ce superbe disque. Comme, encore une fois, l'ajout de "Summer Nights", très pop et léché mais véritable hymne de fin d'album et fait de chaleur estivale, transition idéale avec la conclusion de "Dragon" grâce à cette guitare classique.

A lire aussi en ROCK PROGRESSIF par MARCO STIVELL :


HAPPY THE MAN
Happy The Man (1977)
Belle palette de couleurs progressive made in usa




WEEND'ô
You Need To Know Yourself (2012)
Néo-progressif musclé, floydien, électro...


Marquez et partagez





 
   MARCO STIVELL

 
  N/A



- Khanh Maï (guitares, synthétiseur moog, choeurs)
- Davy Kim (guitares, programmations, choeurs)
- Bastien Macdoine (claviers, programmations)
- Romuald Cabardos (batterie, percussions)
- Klod (basse)
- Ketty Orzola (chant, choeurs)
- Alain Stevez (chant, choeurs)
- Stay Zohar, Jose Bolero (chant)
- Angélique Pacquet (chant)
- Moria Nemo (choeurs, arrangements vocaux)
- Angelo Zurzulo (arrangements claviers)
- Ludovic Duquesnoy (violoncelle)
- Michael Zurita (guitare classique)
- Thierry Trutet (bouzouki)
- Taï Sinh (basse, choeurs)
- Jean-alain Gardet (claviers)
- Jean-jacques Goldman (chant, choeurs)


1. Expelled From Paradise
2. Rise Above The Wind
3. T'oublierai Jamais
4. The Boy In The Storm
5. Flow
6. Sabishii
7. Segolene
8. Dragon
9. Summer Nights
10. Melody (titre Bonus)
11. Close My Eyes (titre Bonus)
12. Dans Ces Nuits (titre Bonus)
13. J'aime La Nuit (titre Bonus)



             



1999 - 2024 © Nightfall.fr V5.0_Slider - Comment Soutenir Nightfall ? - Nous contacter - Webdesign : Inox Prod