Nos amis les mouettes brushées ont devant eux un joli destin de rock star... A condition de faire preuve de talent et d'une certaine capacité d'adaptation. Bien sur, les espoirs portés par les premiers singles sont grands. Voila un groupe qui œuvre sur du velours et dans une certaine originalité. Les frangins Score savent composer de vraies mélodies que Mike se charge de chanter d'une voix souvent monocorde mais qui passe remarquablement avec ce genre de New Wave, qui n'est pas la musique la plus chaude et soul qui soit. A mon sens cependant, la vraie spécificité du groupe réside dans l'utilisation d'une distorsion presque flippante pour de la synth pop, musique dont les cadors ont quasiment expurgé la six cordes, l'apport du jeune Paul Reynolds est donc déterminant et crée le son trademark du groupe. Nous voici donc en 84, pour l'instant, tout va bien, le vol se déroule sous les meilleurs auspices qui soit et nous avons trois singles à nous mettre sous l'oreille.

"The more you live the more you love" est le single porte étendard de ce troisième opus, celui qui est chargé de marquer les esprits. Alors l'ambiance est parfaitement dans l'air du temps, et je gage que la plupart des témoins de cette faste époque se souviennent du joli refrain de cette chanson, et quelle belle distorsion ! Hélas, ce joli single ne chartera pas bien haut aux US... Plus perturbant, il ne marchera pas mieux en perfide Albion. Dans une veine très comparable, "Never again" fera beaucoup moins bien malgré une qualité plutôt bonne. Le groupe vit sur son acquis et ses succès passés, mais l'inquiétude commence à poindre sérieusement. Je garde à titre personnel un souvenir mémorable du troisième single "Remember David", qui à l'époque m'avait terriblement séduit, avec un solo de synthétiseur très kitsch en guise de bridge. Le rythme et la puissance émanant de cette compo sont rares dans la new wave, un magnifique petit sprint. Quoi qu'il en soit, le morceau ne fera pas mieux que le précédent et ne chartera même pas... Les singles font donc un quasi naufrage.

On retiendra les jolies lignes de synthés et la guitare fluide de l'éponyme "The story of a young heart", j'aime cette répétition des lignes de chant, comme si chacune représentait le battement d'un cœur. Plusieurs titres sont trop passe- partout, presque des fillers. "Suicide day" n'est pas bien originale et une "Over my head" très répétitive, qui manque un brin de fantaisie, malgré une gratte aérienne qui sauve un peu le titre. "European" me laisse de marbre. "The end" n'est pas désagréable mais manque de fond, c'est trop lisse. En revanche, on croirait presque du U2 sur l'intro de "Heart of steel", beaucoup plus Héroïque que Synth pop, puis la basse prend le pouvoir, même si elle est moyenne, voila une compo à part jusqu'à présent dans leur disco.

Sans faire un flop total, les compositions du troisième album des mouettes ne vont pas durablement marquer les esprits et les espoirs seront déçus. Le départ fin 84 du guitariste Paul Reynolds va aussi changer la donne, on ne remplace pas si aisément une des composantes majeures du son d'un groupe. Et seulement deux ans après avoir tutoyé les sommets et débuté leur carrière, voilà que les gars de Liverpool entrent dans une phase délicate. Quelques titre surnagent, les singles assurent plutôt, mais l'ensemble n'est pas celui que je recommande pour découvrir A FLOCK OF SEAGULLS malgré "Remember David".

2.5/5.