FURAX BARBAROSSA, fort de quelques projets avec le collectif Polychrome 7 et de quelques maxis, nous propose enfin sa première mouture solo et long format. Le rappeur toulousain à la voix si atypique nous fait part de sa rage, sa haine accumulée au quotidien qu’il a jugé bon de faire ressortir à travers des textes. C’est donc avec Etat des Lieux qu’il se lance dans son premier album.

Après une introduction qui nous mène directement dans l’ambiance que le rappeur veut faire ressentir, c’est-à-dire un endroit sombre où la voix rocailleuse résonne plus fort que le reste, le rappeur convainc sur « Droit d’expression ». Ici, le micro se partagé entre plusieurs rappeurs, notamment REDA son compagnon de micro de l’époque, KOMAR, SENDO qui continue aujourd’hui à faire partie de son équipage, et MNC. La mélodie mélancolique s’apprête parfaitement aux rappeurs qui se lâchent grâce à la musique, le seul endroit où ils arrivent à dire les choses. FURAX reprend ce thème en imageant concrètement sur « Ca m’fait pas marrer », morceau plein de justesse dans lequel le rappeur nous rappelle que tout n’est pas rose sur terre, et surtout que les mauvaises choses n’arrivent pas qu’aux autres. A noter, c’est le rappeur lui-même qui a concocté la production. Il sait aussi nous parler de sa ville avec justesse sur « Toulouse Eldorado » qui possède un refrain durant lequel FURAX nous déverse toute sa rage via une instrumentation fort pimentée. Ce serait une erreur de passer à côté de « Demain c’est là », morceau phare du projet. Au-delà du clin d’œil au groupe IAM, il est une prouesse d’écriture dans laquelle le rappeur nous expose toutes ses qualités, ceci étant accompagné d’une mélodie fort bien ficelée par un TOXINE qui gère la production de manière royale.

Si FURAX nous propose avec cet album des textes acérés et des mélodies poignantes comme sur « Sans foie ni voie », on ne peut que regretter le manque de prise de risque tant les instrumentations se ressemblent toutes d’une certaine manière. « J’lâcherais rien » est conduit par une mélodie nostalgique mais le refrain nous ramène à une certaine routine alors que c’est seulement la moitié de l’album. Le rappeur, fort de sa voix totalement atypique et d’un producteur chevronné, souffre quelque peu de la répétitivité de ses textes qui fait que l’on ne retient que quelques morceaux sur la vingtaine présente sur l’album. Parmi ceux-ci, « 36 mesures pour une misère » se révèle un parfait résultat d’écriture et d’interprétation où notre rappeur étend toutes ses capacités et sait nous convaincre.

Malheureusement, certaines instrumentations comme sur « Envie de Rien ce soir » ou « Clebard sans collier » peuvent déranger l’auditeur par leur répétitivité prédominante qui engendre forcément un manque d’originalité. Mais des morceaux comme « Zapping », « La Flambe » ou encore « On va dans l’mur » nous réconcilient avec un FURAX qui, rappelons-le, n’en est qu’à son premier jet grand format. Alors non, Etat des lieux n’est pas un album parfait, ce ne sera pas non plus le meilleur de sa carrière, mais il a le mérite d’essayer de convaincre malgré ses instrumentations minimalistes et une production pas toujours aussi soignée que par la suite. FURAX nous présente son monde, sombre, et ceci est une mise en abîme des plus réussies. De nombreux morceaux, avec « Demain c’est là » dans le viseur, seront réécoutés par les fans des années plus tard, car ce sont des prouesses d’écriture.