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MUSIQUE DE LA RENAISSANCE  |  STUDIO

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- Style : Mike Lindup
- Membre : The Police , Manu Katché

STING - Songs From The Labyrinth (2006)
Par MR. AMEFORGÉE le 13 Novembre 2006          Consultée 13366 fois

La demeure d’Asterion est un principe universel. Elle est le motif qui orne le ventre d’un luth, elle est la métaphore d’une musique à moitié oubliée, l’allégorie d’une existence comme celle du compositeur John Dowland. Elle est le symbole de la vie, tout simplement.
A mille lieues des contrées pop que Sting foule d’ordinaire, ce dernier s’aventure cette fois-ci dans les méandres de la musique élisabéthaine, armé presque uniquement que de sa voix et s’adjoignant pour seul compagnon de voyage le luthiste virtuose Edin Karamazov (ici sans ses frères). Le but avoué : explorer la vie de John Dowland, à travers certaines de ses compositions, chansons et instrumentaux, entrecoupées de quelques extraits de sa correspondance, qui servent de fil conducteur.

Le résultat tend à l’épure, ballades racées, assez courtes, que cisèlent les arpèges du luth, proche du son de la guitare, mais en plus incisif, scintillant, et où le chant capte toute l’attention, du fait de la pesanteur du silence alentours. Chant qui module d’ailleurs bien davantage que dans une configuration purement pop, ce qui lui est nécessaire pour pouvoir tenir certaines notes, notamment dans les graves. Toutefois Sting ne cherche pas à contrefaire les inflexions orfévrées des chanteurs lyriques : la spontanéité et « l’imperfection » (il chante juste, mais de manière claire) de son tour de chant sont les garantes de l’accessibilité au labyrinthe, de sa dimension intemporelle.
En effet, pour un peu, on pourrait oublier que la musique date de plus de cinq siècles, tant on pourrait l’apparenter (en se forçant un peu) à une forme de folk, dont la posture serait plus aristocratique que populaire. Ce n’est pas une coïncidence si par moments, Sting nous fait penser au Paul MacCartney de Chaos & Creation in the Backyard, so british (nourrirait-il le désir secret de quelque anoblissement ?).

L’album connaît quelques moments de grâce, comme par exemple le titre qui nous accueille à l’orée du dédale, « Can She Excuse my Wrongs », qui délivre un éventail caractéristique de performances : dynamique du chant que l’on sent sur la corde, habillé de l’étoffe que tisse au luth Edin Karamazov, entrecoupé d’un court solo virtuose, puis achevé d’une magnifique reprise en canon à quatre voix qui amplifie la densité de la chanson. C’est aussi « Come Again », qui aurait pu être composé il y a deux jours comme il y a cinq cent ans, qui touche par la subtile tendresse qui émane du chant, servi comme il se doit par un texte élégiaque. C’est aussi cette modulation montante inattendue sur laquelle commence Sting dans « Have You Seen the Bright Lily Grow », qui induit immédiatement un frissonnement de la moëlle épinière.
La couleur des morceaux est changeante, même si elle se teinte souvent des ombres de la déception amoureuse ou bien du désespoir le plus profond, comme en attestent les intenses « Flow My Tears », « Weep You No More, Sad Foutains » et le conclusif et mélancolique « In Darkness Let Me Dwell ». D’autres sont plus enjoués et diffusent un semblant d’allégresse plus palpable, quoique mesurée, à l’instar du divertissant et très moderne « Fine Knacks for Ladies » ou bien « Clear or Cloudy », dont on perçoit la difficulté vocale au souffle qui se fait presque trop court par instants.

Les Chants du Labyrinthe dégagent une atmosphère particulière, que l’on trouvera aisément envoûtante, un mélange de patine du temps et de proximité toute actuelle, que conforte la ligne à la fois claire et précieuse des arrangements. On pourra peut-être s’interroger sur l’intérêt effectif des interludes parlés, mais l’ensemble demeure particulièrement plaisant, peut-être grâce à une durée elle-même modérée (cinquante minutes environ). Le coup de poignet d’Edin Karamazov et la voix de ménestrel de Gordon Matthew Sumner suffisent à convaincre. En définitive, une très bonne surprise de la part de Sting, que ne viendra assombrir nul Thésée : l’auditeur pourra se perdre, tel le Minotaure, cet Astérion étranger à lui-même, dans le dédale de sa nouvelle demeure musicale, sans courir le risque d’être pourfendu par l’épée de l’ennui ou la hache de l’indolence. Il est des musiques qui sont moins touchantes.

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   MR. AMEFORGÉE

 
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- Sting (chant, archiluth)
- Edin Karamazov (luth, archiluth)


1. Walsingham
2. Can She Excuse My Wrongs
3. 'ryght Honorable...'
4. Flow My Tears
5. Have You Seen The Bright Lily Grow
6. '... Then In Time Passing On...'
7. The Battle Galliard
8. The Lowest Trees Have Tops
9. '... And Accordinge As...'
10. Five Knacks For Ladies
11. '... From Thenc I Went To...'
12. Fantasy
13. Come, Heavy Sleep
14. Forlorn Hope Fancy
15. '... Ans From Fence...'
16. Come Again
17. Wilt Thou Unkind Thus Reave Me
18. '... After My Departure...'
19. Weep You No More, Sad Foutains
20. My Lord Willoughby's Welcome Home
21. Clear Or Cloudy
22. '... Men Say That The King Of Spain..'
23. In Darkness Let Me Dwell



             



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